Appel à la formation d’un cortège unitaire libertaire antifasciste

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En mémoire de Clément Méric, assassiné par les fascistes le 5 juin dernier à Paris, mobilisons nous partout en France ce week-end
contre le fascisme et ses violences.
À Lyon, rejoignez le cortège unitaire libertaire dans la manifestation qui partira à 14H de la Place Bellecour samedi 22 juin.

Face au fascisme : riposte sociale !

Mais n’oublions pas aussi que...

Derrière le fascisme se cache le capital !

En effet, des décennies d’économie libérale débridée, de recherche de profits maximums, de libre concurrence et de financiarisation folle ont généré une crise économique, conduisant ses sbires, patrons, actionnaires, banquiers...à exploiter toujours plus les salarié-e-s et en particulier les précaires avec l’aide de la caste politicienne et des gouvernements de tout bord. Que le gouvernement soit de droite ou socialiste, l’État est au service du capital !

Dans ce contexte de crise sociale, ce que craint la bourgeoisie c’est une révolte populaire de grande ampleur. Pour la prévenir, elle va favoriser des mouvements nationalistes qui se développent sur fond de misère sociale et dévient la colère populaire sur des boucs émissaires, qui mettent en avant la guerre du « tous contre tous » et du « chacun pour soi » comme alternative à l’affrontement de classe.

Pour cela, ils endorment les foules et les détournent des luttes sociales en leur inventant des ennemis intérieurs à l’instar des immigré-e-s, des internationalistes « qui les soutiennent et se moquent des frontières », des syndicalistes « complices de la mondialisation du travail » et dans le contexte actuel les associations LGBT (Lesbiennes-Gays-Bis-Trans) qui menaceraient l’ordre moral de la société.

Ces mouvement développent les thèses classiques du fascisme, opposant la classe ouvrière française aux minorités nationales et sexuelles, pour se donner une image anticapitaliste, alors qu’ils prennent systématiquement le parti des patrons lors des mouvements sociaux, au nom de la « défense des intérêts de la nation ». En cela ils font le jeu des patrons, trop content de cette logique de division, quand ils ne leur servent pas de gros bras pour briser les luttes.

Ces mouvements nationalistes s’appuient sur le vieux fond de nationalisme présent dans quasiment tous les courants politique, qu’ils tirent jusqu’à ses conclusions les plus brutales, en mettant en avant un capitalisme protectionnisme opposé artificiellement au « capitalisme financier » qu’ils associent aux juifs dans leur vision raciste du monde, un État fort, la création d’un « ordre nouveau » sur le modèle de la « révolution nationale vichyste », fondé sur l’oppression des minorités.

La stratégie des fascistes consiste en une agitation permanente contre tout ce qui va dans le sens de l’égalité économique et sociale, articulée à une stratégie de contrôle des territoires. Et sur Lyon c’est dans les quartiers de St Jean, de la Guillotière et de la Croix rousse que les nervis fascistes (GUD, Jeunesses nationalistes et jeunesses identitaires) ciblent leurs attaques sur les minorités noires, juives, turques, roms et arabes, homosexuel-le-s, militants ou militantes de gauche ou libertaires, acteurs-trices des mouvements sociaux, mais aussi des bars et autres lieux de vie. Il s’agit de faire taire les militant-e-s du mouvement social et ouvrier en exerçant des pressions physiques sur leurs membres, et de susciter la peur en appelant à se constituer en milice pour faire régner l’ordre et réprimer toute contestation, insoumission et révolte populaire dans les quartiers.

Quelles alternatives au fascisme et au capitalisme ?

Face à cette situation, il nous semble fondamental de développer l’autodéfense antifasciste populaire, sur une base collective et organisée. Les organisations populaires et syndicales ont tout intérêt à prendre part à l’organisation de cette autodéfense, s’en sans remettre à l’Etat qui fait preuve d’une complaisance de fait envers les groupes fascistes, quelles que soient les proclamations d’intention qu’il puisse faire de manière opportuniste.

Mais à côté de cette nécessaire autodéfense, il est aussi important de continuer à œuvrer pour renforcer les luttes actuelles, les populariser, les soutenir et d’en initier d’autres, dans une perspective anticapitaliste, permettant le développement des capacités de gestion directe des travailleuses et travailleurs. L’éradication du fascisme passe par la lutte contre le capitalisme, le patriarcat et toutes les formes d’oppression.

Dans ce cadre, ce ne sont pas les condamnations morales dont la gauche se fait une spécialité qui feront reculer le fascisme, mais les luttes populaires, notamment contre les politiques antisociales (de droite ou de gauche) qui favorisent son développement.

Les organisations anarchistes CGA, AL, Organisation Communiste Libertaire-Lyon, FA et le collectif La Gryffe luttent dès à présent pour :

- le retrait de l’ANI ;
- l’ augmentation généralisée des salaires ;
- la réduction de l’éventail hiérarchique des salaires ;
- la réquisition et l’autogestion des entreprises, notamment celles en lutte ;
- la réduction massive du temps de travail ;
- la reconquête par les salariés de la protection sociale ;
- la régularisation de tous et toutes les sans-papiers.

De telles avancées sociales ne pourront pas s’obtenir par le biais de la politique électoraliste et institutionnelle, mais en développant les luttes et l’organisation dans nos entreprises et nos quartiers, pour construire une alternative au capitalisme et à l’État, fondée sur la réorganisation et la gestion directe de l’économie et de la société par les travailleuses et travailleurs, avec ou sans emploi.
Nous n’aurons que ce que nous saurons prendre !

« PAS DE FACHOS DANS NOS QUARTIER ET PAS DE QUARTIER POUR LES FACHOS » REJOIGNEZ LE CORTÈGE LIBERTAIRE UNITAIRE ANTIFASCISTE SAMEDI 22 JUIN A 14H PLACE BELLECOUR

campagnelibertairecontrelefascisme@riseup.net

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  • Le 23 juin 2013 à 10:34

    Mercredi 5 juin. Peu de jours ont passé et pourtant ils nous semblent une éternité : depuis la mort de Clément, nous sommes pris-es dans une effervescence qu’il est dur de maîtriser. Rien, sans doute, peut-être pas même les années et l’expérience que nous n’avons pas, ne peut préparer quiconque à enterrer un ami et camarade. Si le temps de recueillement et de deuil dont nous avons besoin ne nous est pas accordé, c’est que le meurtre de Clément est un meurtre politique. En tant que tel, il appelle une réponse politique. Ce monde ne s’arrête pas par égard pour nos larmes ; par respect pour Clément, pour ses luttes, nous ne pouvons pas baisser les bras, aujourd’hui moins que jamais. Il nous faut relever la tête, transformer notre douleur en colère, et notre rage, en force. Ce sont tout à la fois cette irrépressible douleur, cette irrépressible colère, rage, et force, qui habitent ces lignes par lesquelles nous voulons restituer à la mort de Clément le sens qu’il aurait voulu qu’on lui donne : un sens politique.

    Dimanche 2 juin, trois jours avant l’assassinat de Clément, la Ligue de défense juive (LDJ), milice ultra-nationaliste pro-Israël, considérée comme une organisation terroriste et interdite sur les sols étasunien et israélien mais tolérée en France, a revendiqué l’attaque d’un jeune homme prénommé Mounir et de l’avoir plongé dans le coma. Mardi 4 juin, un couple de femmes est violemment agressé après un rassemblement de « veilleurs » anti-mariage : l’une d’elles, transportée en urgence à l’hôpital, reçoit 90 jours d’ITT. Jeudi 6 juin, Rabia, jeune femme portant le foulard, est violemment agressée par « deux individus au crâne rasé », portant des bombers et appartenant très vraisemblablement à l’extrême-droite. Alors qu’elle cherche à porter plainte, la police lui conseille de rentrer chez elle et de ne pas « ébruiter l’affaire ». Le même jour, alors que nous occupons les rues de Paris et d’ailleurs en hommage à Clément et à son combat antifasciste et que M. Valls gesticule dans tous les sens en parlant de dissoudre les JNR, une des plus grosse rafles de sans-papier-e-s des dernières années a lieu à Paris. Le 7 juin, nous apprenons la relaxe requise par le parquet pour le policier responsable de la mort de Muhsim et Lakamy à Villiers-le-Bel en 2007.

    La liste est encore longue.

    Clément n’a pas été assassiné seulement par une bande de fascistes. Il n’a pas été assassiné seulement par l’extrême-droite reconnue comme telle. Clément est plus largement la victime de la montée à grande vitesse des idées les plus nauséabondes et de leur banalisation, en France et ailleurs en Europe. Clément a aussi été tué par le racisme – et en particulier l’islamophobie –, la xénophobie, l’homophobie d’Etat. Nous avons vu l’homophobie défiler dans nos rues sans complexe pendant des mois. Cela fait des années que l’islamophobie occupe l’espace politique et médiatique, accompagnée de son lot de menaces, de vexations, d’agressions – de plus en plus violentes. La « bête immonde » ne naît pas seule. La confiance dont fait preuve l’extrême-droite est permise par et se nourrit des discours et des pratiques racistes, xénophobes, homophobes, provenant des institutions de pouvoir.

    Clément était un homme, hétérosexuel, cisgenre, blanc, étudiant à Sciences Po. Il a été tué parce qu’il était militant antifasciste, libertaire. Il a été tué comme pourraient l’être les lesbiennes, bi-e-s, gays, trans’, qui auraient le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Il a été tué comme pourraient l’être les non-blanc-he-s, les immigré-e-s, indigènes, musulman-e-s, qui sont l’objet du racisme le plus décomplexé. Sa mort émeut l’opinion comme rarement la mort des victimes non-blanc-he-s des crimes policiers, des ratonnades et autres assassinats racistes ont ému l’opinion. Malgré le poids de la douleur, nous ne pouvons pas l’ignorer. Cela n’enlève rien ni à notre peine, et, si c’est encore possible, cela accroît notre rage et notre détermination à lutter. Clément était antifasciste : il se battait pour la défense d’une égalité radicale des droits, et aux côtés de tou-te-s celles et ceux que l’extrême-droite considère comme des ennemi-e-s à abattre – les minorités sexuelles et les trans’, les immigré-e-s, indigènes, musulmans, les militant-e-s politiques. Clément dénonçait sans relâche la banalisation voire l’institutionnalisation des idées et pratiques des droites extrêmes. Tant que, jusque parmi nous, jusque dans la gauche radicale voire révolutionnaire, nous ne purgerons pas notre discours des moindres vestiges de nationalisme, tant que nous ne combattrons pas constamment et durablement le racisme, l’islamophobie, les chasses aux Roms et aux sans-papier-e-s, l’homophobie, le sexisme, nous creuserons, nous aussi, le lit de la « bête immonde » que l’on voit grossir. C’est ce combat-là que nous devons continuer. Contre le fascisme, par tous les moyens nécessaires.

    Solidaires IEP Paris

  • Le 21 juin 2013 à 23:04, par zora la rousse

    @fab : je crois au contraire qu’il ne faut pas minorer ni nier la place et l’importance des émotions dans ce qui vient de se passer.

    Si l’image du visage d’un camarade qui n’est plus, est partout sur les affiches. Mais aussi s’il y a eu certaines réactions (poursuite d’un élu, autres réactions un peu « agressives » disons) lors de la manif / à son décès, c’est probablement parce qu’on est des êtres humains et que ça suscite des émotions. Fortes. Difficiles. Qui ont pu pousser à l’action.
    J’ai reçu un mail qui me parlait de « rage » et « d’impuissance ». Quelles actions peuvent induire ces émotions ? Sur le fait...ou en les laissant maturer.

    C’est simplement un facteur à prendre en compte dans notre militantisme : on n’est pas des simples robots rationnels, on est aussi faits de chair et de sang.
    Ca ne veut pas dire se laisser guider uniquement par ses émotions. Mais ça peut vouloir dire leur reconnaître une importance et...une légitimité.
    Quand on n’a plus d’émotions, on devient le monstre froid qui tue sans états d’âmes.
    Quand on n’a plus d’intellect mais que des émotions, on peut devenir la foule qui tue par états d’âmes...

    Alors je crois qu’il ne faut pas voir un « martyre » dans l’image de Clément Méric affichée partout en ce moment. Mais une commémoration normale et saine de la mémoire d’un camarade mort de façon extrêmement brutale.

    Comme on est ici dans un complément d’infos, je me permets ce lien en complément d’info sur les émotions auxquelles on a chacun.e été confronté.e ces derniers temps, plus encore pour ceux.celles qui ont connu Clément : http://www.lagentiane.org/chroniques/deuil-suite-mort-violente-reconnaitre-inacceptable-235/

    Mais ce qui manque dans ce texte, c’est le fait qui nous atteint de surcroît : je n’ai pas connu Clément, j’ai vu son visage la première fois le jour où il est mort, comme beaucoup d’entre nous ici à Lyon je suppose. Pourtant, j’ai ressenti moi aussi des émotions éprouvantes suite à cet assassinat.
    Pourquoi ?

    Parce que Clément a été tué en tant que « membre d’un groupe » : « l’extrême gauche ». C’aurait pu être moi, c’aurait pu être toi...c’aurait pu être un.e camarade qui m’est cher.e ou qui t’es cher.e...c’aurait pu être nous tou.te.s.
    Dire cela et la nécessité induite, des affiches « ni oubli ni pardon », pour moi, ne conduit pas nécessairement à la martyrisation de Clément, ni à oublier notre intellect au profit de nos seules émotions.

    A tout à l’heure place bellecour pour la manif.

    PS : outre l’augmentation des salaires, il faudrait ajouter les revendications autour de l’ensemble des rapports hiérarchiques, qui sont une spécificité importante du mouvement anar (et pas uniquement autour du capitalisme, si je peux me permettre).

  • Le 21 juin 2013 à 15:51, par .

    @ Etienne : Rebellyon met en avant, en premier lieu, ce qui se fait à Lyon, le site se caractérise d’abord par son ancrage local. Donc c’est l’appel à une action lyonnaise qui est mis en avant. Le plus souvent les infos nationales ou d’autres villes se retrouvent en « à lire sur d’autres sites » (à gauche de la page d’acceuil). Le choix de l’ancrage local permet à rebellyon de ne pas être noyé sous les appels et infos nationales (et pour ça il y a SEDNA Médias Libres, l’onglet « infos globales » en haut du site).

  • Le 21 juin 2013 à 11:35, par Anne

    @ Etienne : Comme rebellyon relaie les infos (entre autre) sur Lyon , il parait , à mon sens logique de relayer l’appel libertaire lyonnais en une pour la manif lyonnaise qui aurait lieu ce samedi à Lyon.
    @ Fab : je pense que les copains et les copines aient envie de faire un martyr, ici on est plutôt dans l’émotion (qui vaut ce qu’elle vaut) mais aussi dans le discours politique. Disons aussi que pour certainEs c’est une façon de faire une sorte de deuil, ms il me semble évident que tous et toutes allons repasser sur des revendications politiques sans plus nommer Clement après cette manif.

  • Le 21 juin 2013 à 10:56, par Etienne

    Bonjour,
    Pourquoi mettre en avant cet publication de groupes politiques alors qu’un appel national et unitaire a été écrit et relégué dans « info locale » ? C’est étonnant, surtout que l’appel national est signé par l’Action Antifasciste Paris Banlieu, qui sont certainement les mieux placés pour parler de cette manifestation.

  • Le 21 juin 2013 à 10:27, par Fablyon

    Bonjour,

    Je serai des vôtres sans aucun souci ce samedi, dans le cortège libertaire.

    Mais je m’interroge sur l’utilisation de la martyrocratie dans nos rangs. Oui Clément est mort dans une salle lutte contre le fascisme. J’emploie à dessein ce mot de lutte, car qu’elle soit physique ou idéologique, elle est dure et violente à mener.

    Mais doit on pour autant en faire un martyr de la cause comme d’autres ont leurs martyrs de la foi ? Car ça devient un peu trop d’utiliser l’image de Clément en permanence, et de tourner en boucle sur sa mort.

    Notre combat est juste, il doit reposer sur l’intellect, l’émancipation et éviter l’écueil de la simple réaction par émotion. N’oublions jamais que la haine est une émotion avant tout...

    Sans méchanceté aucune, une simple réflexion d’un anarchiste.

    Fab

  • Le 20 juin 2013 à 19:35, par enzo

    Enfin l’unité des libertaires sur Lyon ! Voilà qui fait plaisir...

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