Après le non

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Bonne nouvelle me semble t-il : le non a gagné de manière nette et massive. Cependant après 2 jours à bloquer les différents débats télés et les principaux journaux, j’ai l’impression que les élites mediatico-politiques n’ont pas, ou ne veulent pas comprendre ce vote populaire.

En effet qu’est ce qu’on entend malgré la victoire du non ?

Tout d’abord il semblerait que les Francais se soient trompés d’élection. On aurait simplement voulu sanctionner un gouvernement mal aimé et incapable. Nous n’aurions jamais pensé au niveau européen. Ce n’est pas l’impulsion ultralibérale de cette Europe qui menace les services publics, nos emplois (par le dumping social), ni le manque cruel de démocratie de cette Europe technocratique, ni la remise en cause d’une construction européenne qui s’est faite sans ses peuples (hormis peut-être le référendum de Maastricht, super !!!) qui auraient pu nous motiver à voter contre ce projet. NON !!! D’après eux, c’est parce que nous sommes chauvins, égocentriques, et xénophobes. Si si, xénophobes !!! [1] Les partisans du non auraient agité des peurs populistes pour gagner. Ce NON serait la victoire de l’extrême droite et des souverainistes...(sic).

Nous autres, les 55% de Francais qui avons voté non, n’avons donc rien compris. Nous n’avons pas compris que la mondialisation ultra-libérale est indépassable. Nous n’avons pas compris qu’il faut se protéger contre la dangereuse Chine et les méchants impérialistes américains, et que seul un cadre de capitalisme sauvage nous sauverait... Il paraît qu’il n’y a aucun lien entre le chômage en France et la politique économique européenne et mondiale. La preuve ? Allez voir en Grande Bretagne y’a presque pas de chômage ! Non mais quelle blague ! Il faut voir de quel genre d’emplois il s"agit. Parce que si c’est pour bosser en super précarité, sans garanties sociales, sans salaire minimum comme en Grande Bretagne ... ben moi je suis pas très chaud. Le pouvoir politico-médiatique essait de nous déposséder de notre victoire. Car il s’agit bien d’une victoire des gauches (60% de l’électorat du PS , 60% de l’électorat des verts, 98% de l’électorat du PC, 98% de l’électorat de l’extrême gauche ont voté contre le TCE), et non pas des souverainistes (qui représentent 15% de l’ensemble du vote pour le non). On a donc sur 55% de non, 40% de non de gauche et "seulement" 15% de non souverainistes (FN et MPF). Ce n’est pas la peur des Polonais qui a motivé le vote non, ni même le seul rejet du gouvernement et de Chirac. Ce qui a motivé ce vote, c’est le refus d’une politique libérale au niveau européen. C’est l’envie de pouvoir vivre dignement, c’est le refus du chômage, de la casse sociale... Je pense qu’il faut absolument capitaliser ce vote pour pas se laisser manipuler. Car manifestement Chirac qui aurait dû démissionner et dissoudre l’assemblée fait la sourde oreille, comme d’habitude.... Un petit tour de chaise musicale et on remet les mêmes au gouvernement. Ca veut dire qu’ils ont rien compris !!! Et que probablement dans les mois à venir ca va clacher trés sérieusement.

C’est pourquoi il me paraît très important de multiplier la propagande afin de continuer à ancrer ce ras-le-bol dans la gauche radicale. Il n’est vraiment pas impossible que nous assistions à une crise de régime et je pense pour ma part qu’il est grand temps d’exiger une 6éme République. Si nous voulons contrer la démagogie populiste de l’extrême droite et la démagogie méprisante des partis de gouvernements (UMP, PS,...) il faut absolument que nous redoublions d’efforts pour populariser un certain nombre de principes qui ont tendance à se développer pendant les mouvements sociaux durs (démocratie directe, autogestion, anti-autoritarisme, action directe, occupations...) et des principes plus généraux comme la refonte de notre système, la réforme de l’ONU, de l’UE, des institutions internationales (OMC,FMI,BM,...), l’abolition du G8...
Pourquoi ne pas lancer une consultation populaire pour proposer des pistes afin de vraiment changer le système, par la base cette fois ??? Dans tous les cas je pense que de grandes opportunités s’ouvrent devant nous , qu’il ne sera pas facile de gagner, (peut-être même perdrons nous encore ?), mais que, pour ma part en tous cas, un énorme espoir s’est ouvert ce dimanche 29 mai 2005.

La lutte continue !!!

Pilouz

Notes

[1« La xénophobie a constitué un puissant ressort du vote », analyse François Miquet-Marty qui souligne combien les images combinées de « l’adhésion de la Turquie et du plombier polonais », toutes deux popularisées dans un premier temps par Philippe de Villiers, « ont fonctionné à plein ». « Le rejet de l’étranger constitue l’humus d’un pays qui a accordé, il y a trois ans, 5 millions de voix à Jean-Marie Le Pen ». source : Libération du 31 mai 2005

  • Le 29 juin 2005 à 17:59, par _

    Dans ce cas là, toi aussi tu ne peux être certain que toute l’extréme droite à voter non.
    Il y a une bonne partie de nationaliste de leur pays qui se transforme en nationaliste européen.

    Et quand on regarde les groupes extreme droite les plus actifs en ce moment en France, je pense notamment au bloc idenditaire, c’est ce qui arrive.

    Je pense aussi aux relations qu’entretiennent tous les parties d’extreme droite européen, c’est bizarre pour des nationalistes pur et dur de leur pays.

  • Le 25 juin 2005 à 00:01

    Superbe graphique... issu tout droit d’un sondage !!
    Car ces stats, ne sont ni plus ni moins qu’un sondage (et à un sondage, on lui fait dire ce que l’on veut), car dans le secret de l’isoloir les gens font bien ce qu’ils veulent ! (heureusement !).
    Tu ne vas pas me faire croire que qq1 d’aussi malin que toi, peux faire confiance aux instituts de sondages ? Surtout un de ceux qui n’ont pas vu venir le coup des dernières présidentielles, ni Jospin au deuxième tour en 95 (et bien d’autres !!!) !!!
    Par contre, les résultats des présidentielles en terme d’affinités extrêmes nationales sont indéniables et probablement semblables aujourd’hui. Et sur cette base, je ne te refais pas la démonstration car en recomposant autrement, on s’accorde bien sur 1/3 (je peux aussi te faire des cours sur les ensembles).
    Et en dehors de ce sondage, tu ne démontes pas mon raisonnement précédent.
    Mais je ne perdrais pas de temps à ironiser sur ta crédulité dans l’objectivité des instituts de sondages (un sondage n’est pas fait pour le plaisir, il est commandé par qq1 !! naïveté, force de la jeunesse ?) et dans leurs productions, surtout quand on écrit sur un site anarchique.
    Comme quoi, les alliés providentiels sont décidément trés utiles.

  • Le 23 juin 2005 à 00:55, par Commence par toi avec la table de multiplication

    Source Ipsos

    19,5% cela ne fait pas un tiers (1/3) mais tout juste un cinquiéme (1/5).

    Sinon je donne des cours de maths ... :-)

    Même si on rajoute les royalistes cela fait 19,5 + 4,5 = 24% donc toujours pas le tiers (1/3) mais quelque chose qui se rapproche du quart (1/4).

    Mais c’est vrai qu’en considérant l’UMP et l’UDF comme extrème droite (sur quoi je m’oppose pas formellement en vu des lois passés depuis avril 2002 et « début ironie » la victoire sur le fascisme « fin ironie » :-) )
    Donc oui avec l’UMP et l’UDF comme extrème droite, on dépasse le tiers (1/3). Et on peut affirmer que plus d’un tiers des gens qui ont voté « non » sont de l’extrème droite.

    Bon ceci dit et après d’être moqué de toi (désolé), il y a bcp de nationnalistes dans la gauche, voir par exemple quelques phrases pendant la campagne de Buffet (PCF).

  • Le 23 juin 2005 à 00:16, par Faut apprendre à compter.

    > Citation : « (60% de l’électorat du PS , 60% de l’électorat des verts, 98% de l’électorat du PC, 98% de l’électorat de l’extrême gauche ont voté contre le TCE), et non pas des souverainistes (qui représentent 15% de l’ensemble du vote pour le non). »

    Tu calcules comment pour les 15% des nationnalistes dans le non ?
    Au derniere présidentielle avec un même taux de participation, ils étaient 18% (sur l’ensemble des votants), et il est notable qu’ils n’ont pas voté « oui ».
    On peut répartir notre population de deux manieres :
    - 82% de « non extreme » et 18% d’« extreme » (derniere présidentielle).
    - 45% oui, 55% non (référendum).

    En partant du principe que l’extreme droite a voté « non » (sans aucun doute), on obtient la part des nationnalistes dans le « non » de 18%/55% = 1/3 (à 0.02 pret) des votants « non ».

    Sans l’extreme droite le non était recallé. C’est une victoire à 2/3 du sociale et à 1/3 des nationnalistes... Encore un peu et on déterre le NSDAP.

  • Le 2 juin 2005 à 13:57, par Alfred

    Salut,

    Il me semble que ce n’est pas la peine d’attendre, d’imaginer construire de nouveaux mouvements ou de vouloir une nouvelle unité anti-capitaliste (l’unité se fait souvent spontanément dans les luttes, tandis que les périodes de régression des luttes sont des moments de division : laissons venir...).

    Concrètement il y a dès aujourd’hui, immédiatement, des choses à faire. Des mouvements existent. Mais il faut aller à leur rencontre, ce qui est rarement le souci de la galaxie d’extrême-gauche ou alternative dont tu parles : ce sont des mouvements sociaux où les acteurs ne sont ni jeunes citadinEs étudiantEs ni fonctionnaires. La relative diversité des opinions politiques contestataires me semble en effet moins à déplorer que la fréquente homogénéité sociale et spatiale des militantEs d’extrême-gauche, alternatifs ou anarchistes.

    Une part importante des mouvements sociaux aujourd’hui, c’est les grèves victorieuses à Feyzin ou au Casino Le Pharaon, celle de la SNCF aujourd’hui... Et la couverture de ces mouvements par les médias est largement aussi scandaleuse que celle du « non » : au mieux, rien du tout. Ces luttes se font également de manière isolée, souvent très peu soutenues par des directions syndicales dont la stratégie n’est plus celle de la confrontation.

    Rebellyon pourrait jouer un rôle important dans le soutien à toutes ces luttes dans les boîtes, offrir une (petite) caisse de résonnance. Mais il faudrait pour cela que des personnes se préoccupent d’aller à la rencontre de ces luttes, que nous travaillions activement à une jonction. Ca reste à organiser...

    Avant de penser à une « traduction politique », qui finalement ne concerne pas notre quotidien (en terme de mobilisation et de relations sociales), il faudrait travailler à une « traduction syndicale », celle qui permet au jour le jour et dans de nombreux domaines de faire pression, celle qui redonne de la solidarité, celle qui révèle la diversité vivante face aux chiffres vides et morts des sondages et des partis.

    Bien à toi,
    Alfred

  • Le 2 juin 2005 à 12:04, par pilouz

    « Arrêtons d’imaginer que les »recompositions politiques« puissent amener quelque changement. Surtout quand elles impliquent des mouvements aussi disparates que le Mouvement des Citoyens ( !!!), Attac, la LCR ou encore le PS. »
    Je n’ai pas parlé de recomposition avec ces dit mouvements citoyens. Moi je parle de construire notre alternative par la lutte. Je ne me fais aucune illusion sur la LCR, le PCF, le PT, le PS...ni sur leur possible composition d’un « grand partie de gauche ». Je pense juste que les francais qui ont porté ce non malgrés le déchainement médiatique pro oui vont certainement finir par se vener trés fort ( tout du moin c’est mon sentiment en discutant avec des gens autour de moi de milieux différents) et comme le vote contestataire dans les urnes ne marche pas (cela dit je n’y ai jamais cru) on peut penser que la contestation pourrait un jour ou l’autre dessendre dans la rue ?!? A ce moment c’est à nous de développer ce pourquoi je lutte ( d’ou ma refference à l’autogestion, l’action directe, l’anti-autoritarisme,... et non pas à la création d’un « parti de gauche »)

    « concrètement, gauche et droite, ça ne veut strictement rien dire depuis belle lurette ! » La dessus je suis pas d’accord. Pour moi la gauche ca veut encore dire quelque chose même si c’est récupéré à tout va par tout le monde.Mais je me semble quand même l’héritier de Marx, Proudhon, Jaures... et non de St Lou, Celine, De Gaulle... mais bon c’est peut être parce que je fais de l’histiore que je dis ça.

    « Le seul espoir : que les luttes reprennent, réellement, radicalement, et que le rapport de forces extrêmement défavorable aux salariéEs et précaires depuis des décennies s’inverse. L’avenir est dans la lutte, pas dans les urnes. »
    La dessus je suis entierrement d’accord c’est dans la lutte que le changement pourra avoir lieu, mais ce n’est pas incantatoire et il faut donc proposer des outils , des techniques de luttes, tout du moin les populariser. Si il existait un mouvement social d’ampleur ces prochains mois ou années il faudrait avoir assuré notre propagande ( Rebellyon fait du bon boulo pour ça , mais ca sufira pas) si on veut pas se faire récupérer pas des socialo, des syndicats frileux ,... bref si on voulait éviter des accords de Grenelle 2 et ben on devrait commencer tout de suite à agir et se rassembler. Enfin il y a bien un moment ou il faut que les mouvements sociaux aient une traduction politique... Loin de vouloir froisser l’identité politique de chacun il serait peut être temps d’assurer une certaine unité des anti-capitaliste qu’ils soient « anar », « troskar »,« écolo-libertaire », « alter »... parce que on est pas trés nombreux et qu’un monde plus juste se construit par étape et effectivement le rapport de force n’est pas vraiment en notre faveur. Il peut exister des alliances de circonstances comme les POUM pendant la guerre d’Espagne par exemple.
    Bon ben voila
    A+ respect for all people
    Pilouz

  • Le 1er juin 2005 à 13:57, par Alfred

    Quelques remarques rapidement sur ce résultat qui m’a également chamboulé :

    1. Ce référendum n’est pas un rapport de force réel et durable. Une claque, oui. Un grognement, certainement. Mais pourquoi les dirigeants changeraient-ils ou elles leur manière de gouverner aujourd’hui ? Pour quelle raison obscure les hystériques du libéralisme changeraient-ils d’opinion aujourd’hui ? Par loyauté pour les glorieux/ses vainqueurs du « non » ? Ah ah ah.

    2. Ne jouons pas au sociologue de bac à sable : bien malin celui ou celle qui peut dire la signification d’un seul mot : « non ». Laissons cela aux journaleux dont c’est le métier, et qui préfêreront disserter pendant des heures plutôt que d’aller sur le terrain. Et je ne suis pas d’accord : 55 % des français n’ont pas dit ça ou ça. 55 % des personnes qui sont inscrites sur les listes électorales, qui ne se sont pas abstenues et n’ont pas voté blanc ont mis un bulletin « non » dans une enveloppe. C’est tout. Pour une critique des sondages (qui annonçaient quand même tout et son contraire le lendemain du référendum), y’a plein de choses sur http://acrimed.org.

    3. Arrêtons d’imaginer que les « recompositions politiques » puissent amener quelque changement. Surtout quand elles impliquent des mouvements aussi disparates que le Mouvement des Citoyens (!!!), Attac, la LCR ou encore le PS. Si tu arrives dans cet ensemble à y distinguer une quelconque « gauche radicale », appelle-moi. Si tu arrives à déceler des notions d’autogestion chez Chevènement, pareil. Ou une conception anti-autoritaire chez LO. Ou autre chose qu’un délire sectaire au PT, et tous les groupuscules marxisto-léninistes qui ont réapparus à cette occasion.

    Ne perdons pas notre temps avec ces embrouilles politiciennes qui ne mèneront nulle part.

    Et arrêtons de croire aux répartitions politiques officielles : concrètement, gauche et droite, ça ne veut strictement rien dire depuis belle lurette !

    4. Le seul espoir : que les luttes reprennent, réellement, radicalement, et que le rapport de forces extrêmement défavorable aux salariéEs et précaires depuis des décennies s’inverse. L’avenir est dans la lutte, pas dans les urnes. Ne nous soucions pas des délires politiciens, nous avons en ce moment bien d’autres choses à faire. Mais c’est plus dur...

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