Ca ressemble à une réponse en urgence à l’impressionnant travail de Bastamag qui a recensé 478 victimes de 1978 à 2018, accompagné d’une série d’infographies. Un chiffre énorme qui vient appuyer un mouvement de plus en plus fort contre les violences policières. Mais ce chiffre, malgré son ampleur, semble encore incomplet.
Pour le Rhône, Bastamag liste 25 décès durant ces quatre décennies. Des premières recherches dans les archives numérisées depuis 1997 du quotidien local Le Progrès [1] permettent d’en identifier 11 supplémentaires. Près de 50% de plus, et uniquement sur les 20 dernières années.
Parmi les personnes décédées dans le Rhône et absentes de la base de données de Bastamag, en attendant une chronologie exhaustive, on peut déjà citer
- Walid Houha, tué à 20 ans par la BAC le 11 avril 2001 à à Meyzieu (30 douilles seront retrouvées autour du véhicule) [2] ;
- Ali O., mort défenestré d’une fenêtre de commissariat, le 17 avril 2002 [3] ;
- Pacolo, mort en scooter après une course-poursuite dans Lyon le 6 septembre 2012 ;
- Driss Mansouri, tombé d’un toit de la Guillotière, en tentant d’échapper à la police le 28 novembre 2005 [4] ;
- Younès Fedlaoui, abattu par la police en juin 2006 après un braquage foireux et la prise d’otage d’un bébé qui sera blessé par les policiers
Et des inconnus :
- un homme de 34 ans, mort lors d’une course-poursuite au niveau de Pierre-Bénite le 26 mars 1997 ; [5]
- un homme de 44 ans, saoûl d’après la police, abattu à Oullins le 14 juin 1999 [6] ;
- un forain de 21 ans originaire du Var et un jeune de Rilleux âgé de 19 ans, tués lors d’une course-poursuite le 17 avril 2001 dans le 9e arrondissement, ainsi qu’un habitant du 7e de 16 ans grièvement blessé [7] ;
- cet homme polonais et SDF mort en cellule de dégrisement à Saint-Priest le 22 août 2007 ;
- un jeune homme de 21 ans qui aurait, d’après la police, refusé un contrôle à Bron, quelques jours plus tard, le 30 août 2007…
Ils s’ajoutent à une série de drames (notés par Bastamag) qui ont marqué l’agglomération. Les morts de Fabrice Fernandez, Thomas Claudio, Mourad Tchier, Tina et Raouf, ou encore, tué lui par la police Suisse, Umüt…
Dans d’autres départements limitrophes, même constat. La base de Bastamag compte 3 décès dans l’Ain (dont Nicolas Billotet, mort à Lyon 9e). On peut y ajouter ces deux jeunes de Bron morts près de Bourg-en-Bresse dans une course-poursuite avec la BAC le 12 juin 1999 après un casse nocturne dans un magasin. Des émeutes se produiront pendant plusieurs jours dans la banlieue lyonnaise [8], et 8 personnes seront écrouées pour celles-ci. Le 5 décembre 2008, lors d’un échange de tirs, Alain Arnoldi est abattu à Priay, toujours dans l’Ain.
C’est parfois un travail assez fastidieux de retrouver des traces de ces décès liées aux interventions policières. La presse locale est une source importante, mais il faut chercher longuement. Souvent il n’est paru qu’un entrefilet.
Des recherches plus approfondies, un peu partout en France, permettraient de compléter l’énorme travail de Bastamag [9]. Leur base de données devrait être corrigée dans les prochains mois, et intégrer les décès qui leur auront été signalés après vérification.
Sur Lyon, des gens s’organisent autour du collectif Contrib pour fouiller cette question. Pour montrer qu’on décède facilement au contact de la police. Pour refuser les explications foireuses de la police, reprises à chaque fois par la presse locale proche du pouvoir, comme dans le cas de Mehdi, mort à Vénissieux en 2016. Pour transmettre la mémoire des personnes victimes de bavures, tenter de raconter leur histoire, de mettre des visages à côté de leur nom au-delà de cette liste tragique. Et pour ne pas laisser la comptabilité des victimes de la police à leurs collègues de l’IGPN.
Contact : contrib arobase rebellyon.info
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info