Qui dit usines sidérurgiques dit mines de fer. A quelques heures de là se trouve la plus grande mine d’extraction de fer du monde. Ses réserves sont estimées à 7 milliards de tonnes. Le projet minier de la Gran Carajás a été inicié par la dictature militaire en 1982. Un train de 4 kilomètres et de 330 wagons est assuré de faire la liaison entre Carajás et San Luis. Il dessert au passage les usines sur place et laisse au port commercial 100 tonnes de fer qui sont destinées à l’exportation : pour l’Europe, l’Asie, les Etats-Unis. L’Açailândia dispose de cinq usines et une zone industrielle de 1000 personnes, Piquá de Baixo, en dispose de deux. Un point relie les usines sidérurgiques et le train énorme et défectueux chargé d’acheminer la matière première : Vale. Toute cette chaîne industrielle lui appartient. La déforestation de l’Amazonie n’est pas le seul prix à payer pour qu’une entreprise mafieuse de ce genre continue à faire des profits. Le dommage s’étend sur les 1000 kilomètres de voie ferrée et touche en premier lieu la centaine de communauté qui y longe. Plongés dans un vacarme 24h/24, la nuisance est sonore et sanitaire.
Une poussière noire portée par le vent salie de façon routinière les maisons et de façon discrète les poumons. Il n’y a aucune décharge. Les déchets s’entassent. La poussière d’acier se laisse prendre par la brise pour polluer chaque feuille, chaque rivière, chaque poumon. L’eau rejetée des bâtiments s’écoule jusqu’à loin et laisse sur les terrains de la population des traces d’amonium. Elles s’agglutinent sous les plantes et brûlent qui s’amuse à mettre le pied dessus. Les allergies, les démangeaisons, les pneumonies, les problèmes de peaux, des yeux, maux de tête, problèmes respiratoires, etc., sont le quotiden des habitants qui ne peuvent habiter le lieu comme avant, en profitant de la rivière, en semant son jardin...désormais la population subit les ravages de l’industrialisation si bien qu’un plan de déménagement – de 7 kilomètres – est en cours pour ceux de Piquá de Baixo. Dans ces villes, dans ces villages, la vie est intoxiquée. La question du relogement comme pour ceux de Piquá de Baixo est incontournable. Vale ne paiera pas un centime (les logements seront construits avec de l’argent public) pour qu’il soit possible. En revanche, l’entreprise ne se prive pas, quand elle le peut, de financer les parties politiques (Pour les élections présidentielles de 2010, Vale a donné 30 millions de reales aux deux principaux partis politiques. Le parti qui en a reçu le plus c’est le Parti des Travailleurs avec 10 millions de reales [5 milliones de dolares]. Clarissa Reis Oliveira, « Quem é quem nas discussoes do novo código da meneraçao », Rio de Janeiro, Ibase, 2013).
Une étude réalisée par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme explique que 65% des habitants de Piquá souffre de fièvres constantes et que 70 % ont toujours des douleurs à la gorge. Enfin, les arbres continuent de disparaître car la multinationale utilise le charbon et aujourd’hui, de plus en plus, déforeste et plante de l’eucalyptus qui est également soumis à ses intérêts énergétiques. L’eucalyptus est utilisé comme combustible pour les fours des usines sidérurgiques.
Ce qui est platement appelé une « externalité négative » par les économistes est en faite une expression douce et euphémisé pour révéler ce qui est au cœur de l’extractivisme et de l’industrialisation sauvage : la destruction environnementale et l’empoisonnement universel.
Maxime Motard
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