Mercredi 27 janvier 2010, dans le cadre d’un reportage pour le journal Foutou’art sur les établissements pénitenciers pour mineurs (EPM), nous avions décidé d’aller à l’EPM de Meyzieu (Rhône) afin d’illustrer notre article. Quelques photographies et vidéos ont été prises de l’extérieure de la prison. De simples images anodines telles que l’on peut les voir depuis les habitations situé à 500 mètres de l’établissement, ou depuis le périphérique qui passe à côté. Nous ne pensions pas représenter un quelconque danger.

De ce que l’on a vu, et pris en photo, il n’y a rien à cacher. De loin nous avons vu un bâtiment rectangulaire, similaire à une usine, avec un drapeau français, flottant dans le vent. Cette structure dépourvue de fenêtres, plantée en plein milieu d’un champ, semble faire partie du paysage, et ne laisse aucune visibilité quant à ce qui se passe à l’intérieur. En effet, il faut s’approcher de l’entrée principale pour apercevoir l’inscription en grosses lettres : « ÉTABLISSEMENT PÉNITENCIER POUR MINEUR DU RHÔNE », et comprendre qu’il s’agit d’une prison.

Durant la vingtaine de minutes passé devant l’établissement à prendre des images, aucun des quatre surveillants postés devant l’EPM n’est venu nous dire quelque chose, ou nous expulser.
Après avoir fini notre reportage, nous avons pris le chemin du retour. Mais quelques mètres plus loin, une voiture de police nationale arrive derrière nous. Cela ne fait aucun doute : elle est pour nous. La voiture arrive à notre niveau, et nous bloque le passage en se garant en travers du trottoir. A ce moment précis un accident de voitures assez brutal se déroule à moins de deux mètres de nous, sous le nez des agents de police. Celui-ci ne suscitant pratiquement aucune réaction de leur part, trop occupés à intimider les dangereux observateurs que nous sommes.

Nous avons eu le droit à la fouille (palpations intimes), saisie du matériel, menottes pour le dangereux photographe (qui voulait récupérer son appareil) et départ illico pour le commico.
Résultat des courses, pas grand chose à nous reprocher car nous n’avons commis aucune infraction.
Malgré un traitement plus ou moins correct, certains questionnements nous viennent à l’esprit ; pourquoi un tel intérêt pour de malheureuses photos « d’un bâtiment de la République » ? Que veut dire la mise en garde, de la part de l’officier police judiciaire, par rapport à l’utilisation de ces photographies ? Que craignent-ils ? Avons nous encore le droit de s’informer et d’informer ? Peut-on parler de censure politique ?

L’article sur les EPM (accompagné de photographies) sera publié coûte que coûte !

Le Foutou’art

NB : Le Foutou’art est un journal indépendant lyonnais. Sarcastique, engagé et quelques fois sérieux (quand même), ce journal propose de traiter les informations et l’actualité d’une façon libre et critique. Le Foutou’art ouvre ses pages à tous les auteurs, dessinateurs, photographes... qui veulent s’exprimer et crier leur ras-le-bol ou leur déception face à la société qui nous entoure. Toutes les idées sont les bienvenues. (Voir l’édito du numéro 1)

Contact : foutou.art(arobase)laposte.net