Chat échaudé

678 visites

Un texte de Combor sur le printemps arabe et les connivences entre états « démocratiques » et dictatures.

Il y a trois choses que le critique de second ordre doit toujours se garder de faire : comparer une situation donnée à un autre épisode, célèbre ; exposer un avis personnel ; et parler de nouveauté. Muni de ces trois consignes, qui ne souffrent aucune exclusion, le critique de second ordre pourra mener sa carrière sans s’exposer aux sarcasmes, c’est-à-dire en préservant sa médiocrité. En ce moment, le critique de second ordre s’en donne à cœur joie. Il risque fort, à brève échéance, de crever de honte. Qui, le premier, a lâché le slogan de « révolution arabe » ? Pas un Arabe, selon toute éventualité. Une poignée de « commentateurs » occidentaux, insatisfaits de la modestie des termes « printemps arabe », se sont fait fort de monter d’un cran la valeur médiatique des conflits qui se « répandaient », sur une courte période, au sud de la Méditerranée. En Europe, l’emploi du mot « révolution » évoque toujours la fin du XVIIIe siècle, jusqu’au sacre de Napoléon. Le symbole le plus récurrent des épisodes d’alors est la décapitation de Louis XVI et la fin de la monarchie. On l’associe aussi, à tort, au déclin de la religion, aux prémisses de la séparation de l’église et de l’Etat. Il est vrai que les révolutionnaires français ne se réclamaient pas d’un Dieu rédempteur. Beaucoup pourtant, Robespierre compris, s’adonnaient à la prière.

Comment rapprocher les événements du Proche Orient et la prise de la Bastille ? Par quelles astuces journalistiques mettre dans le même panier historique Louis XVI et Ben Ali ? Le peuple français aimait son roi, il n’a pas prémédité sa chute, encore moins sa condamnation.

Il faut d’autre part prendre en considération que les dictateurs actuels, dans les pays concernés, ont contribué largement à étendre les principes laïcs, partout où ils l’ont pu, soulageant ainsi les inquiétudes des marchés occidentaux, qui comptaient sur le libre-échange pour s’accaparer la matière première et la main d’œuvre à bas coût. Parler de révolution permet (passez-moi le mot) de se dédouaner des grandes embrassades qui, hier encore, caractérisaient nos relation avec les grands méchants loups. Certains dossiers montreront que, sous la pression des grands capitaux, nos gouvernements ont joué, dans ce conte, le rôle d’une grand-mère aux dents longues.

« On salue ». Chez nous, on aime saluer les « rebonds qui marquent l’histoire et assoient durablement la démocratie », les « transitions » et tout le falbala. Quelle terrible hypocrisie. Nous saluerons tout ce qu’on veut, du moment que les rois de la finance imposeront sans entrave leur tyrannie sur les peuples. Qu’est-ce qu’un « état moderne », pour un critique conventionné ? Un truc qui favorise la fluctuation des marchés, au détriment des populations. Un truc qui restreint les services et les droits au profit du plus malin. Bref, une dictature économique.

Combor.

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info