Contre l’hégémonie et l’élitisme du G8

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Réflexion-essai - Contre l’hégémonie et l’élitisme du G8, l’Humanité parviendra-t-elle un jour à opposer les aspirations légitimes de sa multitude ?!

Le G8 se réunit aujourd’hui pour actualiser des politiques qui se répercuteront comme les précédentes sur l’ensemble de la planète. Et ceci, une fois de plus,au mépris des populations, y compris au sein de nombreux pays occidentaux, qui réclament toujours la dissolution de cette organisation au pouvoir illégal, et une réforme des institutions internationales pour s’attaquer aux problèmes majeurs de notre ère par la voie de la démocratie. Les motivations des chefs des huit états les plus industrialisés, dictées par les ambitions économiques de ce groupe autoritaire, bien que soit-disant informel, sont d’autant plus préoccupantes pour l’avenir qui s’annonce que dans le contexte global rien ne préfigure concrètement une évolution significative - qui devrait être radicale, en faveur d’un développement plus raisonné et d’une politique globale effective d’intégration, basée sur l’équité et le droit commun. Ces irresponsables en puissance se considérant au sommet de la gloire capitaliste monétaire, se sont octroyés de fait un droit supérieur, et ont choisi, une fois de plus, de rester dans l’isolement de la confidentialité et du monopole du pouvoir décisionnaire, totalement sourds et aveugles aux souffrances et à la colère, aux attentes, et aux volontés du reste de l’humanité. Officieusement, c’est bien, notamment par le biais de l’AGCS, la poursuite de la marchandisation du monde qui est à l’ordre du jour du G8 de 2005, alors que la lutte contre la dégradation du climat et celle contre la pauvreté, qui ont été annoncées officiellement comme les deux thèmes de travail principaux du groupe, demanderaient plus que jamais une implication et une concertation de toutes les parties - États, institutions, société civile, entreprises... en vue d’une action mutuelle forte pour soutenir une intégration environnementale, sociale, culturelle et économique de toutes les sociétés dans le monde d’aujourd’hui et de demain, condition indispensable à la paix, à la justice et à une stabilité mondiale durable. Les mesures très médiatisées d’allègement de la dette de 18 des 60 pays les plus pauvres prévues par les dirigeants du G8 et le renforcement des législations sur la pollution seront plus qu’insuffisants pour inverser le sens de l’évolution de notre civilisation.

Le changement climatique et, de fait, l’aggravation des déséquilibres environnementaux, qui ont creusés géographiquement et élargiront toujours plus de véritables gouffres entre les sociétés humaines, associés à une misère perpétuelle pour les plus pauvres et les plus menacés, forment à l’addition une bombe unique à désamorcer d’urgence. L’énergie, qui est actuellement la source majeure de la pollution à l’origine de la modification de l’atmosphère, est aussi le premier facteur déterminant pour le développement des nations. Elle génère partout sur la planète, de la part des plus exigeants, des pressions violentes, des conflits d’intérêts et des guerres, ou plutôt une guerre globale, dans une course inutile des pays riches pour le contrôle des quelques ressources énergétiques fossiles encore disponibles pour un futur très limité.Ces ressources ne devraient-elles pas servir en priorité à la construction des sociétés les plus sous-développées, pendant que celles les plus avancées s’appliqueraient activement à la mise en œuvre de solutions durables pour l’avenir de tous ? Cette guerre de non-sens ne cessera pas tant que les apprentis-sorciers qui l’ont engendré ne s’engageront pas à réduire et abandonner progressivement la consommation de ces énergies fossiles, et à stopper la dissémination du carbone et de l’uranium qui sont sans doute globalement les deux composants les plus dangereux à manipuler que la planète renferme. En effet, tous deux ont le même potentiel de destruction massive ou de bouleversement jusqu’aux plus petites formes de vie sur Terre, l’un à petit feu en étant répandu à long terme, l’autre brusquement en étant répandu instantanément. Le monde occidental doit s’attaquer sans plus attendre à cette question cruciale de l’énergie, en commençant par modifier son mode de vie, et en consacrant tous les moyens nécessaires dont disposent largement les multinationales du pétrole et du nucléaire, fondées à partir des biens publics, pour élaborer et développer des alternatives énergétiques concrètes de toute façon incontournables, et en résorber les coûts et les contraintes d’industrialisation. Alternatives basées sur la diversité de sources d’approvisionnement renouvelables et écologiques, utilisant des technologies accessibles, appropriables par tous les pays dans l’optique de leur auto-suffisance, et transposables à une multiplicité de situations et de besoins dans une économie de l’énergie à petite échelle. Les arguments aux réticences des grandes compagnies et des hommes politiques qui leurs sont liés à cet engagement dans les nouvelles énergies de l’environnement ne sont que des prétextes utilisés comme moyen de contourner une vérité évidente inavouable, mais démontrée par la réalité actuelle. Le capitalisme débridé dit « libéral » de l’économie, et la privatisation du profit, sont incompatibles avec toute possibilité de répartition équitable des richesses naturelles énergétiques de la planète, et encore plus avec toute notion d’écologie globale, donc avec toute perspective de développement « durable » et équitable. Leurs arguments ne sont en fait qu’un moyen pour les ’élites’ d’éviter à n’importe quel prix l’appropriation et le contrôle démocratique de ces ressources par les peuples, ce qui entraînerait inéluctablement la fin des monopoles énergétiques et en partie des pouvoirs issus des bénéfices privés liés à leur exploitation financière. Pourtant, il faudra bien une révolution énergétique, car c’est sans aucun doute le seul remède possible pour tenter d’enrayer la dégradation et la modification de l’environnement, et pour sortir la planète de l’impasse. Pourtant, il faudra bien une révolution énergétique, car c’est sans aucun doute le seul remède possible pour tenter d’enrayer la dégradation et la modification de l’environnement, et pour sortir la planète de l’impasse.

L’énergie, carburant du développement des nations, se caractérise de fait comme un double défi, à la fois environnemental et social. Car il est absolument nécessaire de faire face au chaos explosif qui opprime de façon latente des centaines de millions d’individus victimes, surtout au Sud et à l’Est, d’une pauvreté trop souvent extrême, dans des pays déjà pénalisés par des situations géographiques difficiles et privés de leurs propres moyens de s’insérer efficacement dans la société économique internationale, quand les maîtres du jeu sont les dirigeants de l’OMC et de la Banque Mondiale. Situations qui peuvent s’aggraver en cas de crises environnementales ou sociales majeures, et qui comportent également des risques graves de récessions pour les pays riches les plus dépendants de ces ressources fossiles, si elles intervenaient dans les régions du Sud qui en possèdent dorénavant les principales réserves.

L’extraction serait rendue compliquée et parfois impossible dans les régions les plus instables. C’est pour cela que le pouvoir de la guerre doit permettre de contrôler en permanence les parties du globe les plus stratégiques, car la situation pourrait se compliquer à n’importe quel moment. C’est bien évidemment d’abord pour protéger leurs intérêts énergétiques que les grandes puissances maintiennent des forces armées et entretiennent depuis toujours les dictatures corrompues, les guerres et la misère dans un « tiers monde » néo-colonial créé et formaté de toutes pièces au service des monopoles.C’est pour mettre fin à ces infâmes dominations qu’il faut changer le système et les institutions, progresser en matière de développement alternatif, globaliser l’écologie, la justice et la démocratie, et modifier nos modes de vie en adaptant la production de tout ce que nous consommons, à commencer par l’énergie qui est sans doute la première cause de toutes les dérives et à l’origine d’une bonne partie du malheur de notre monde, alors qu’elle pourrait être la meilleure source de paix possible si elle était totalement reconsidérée par tous comme un bien commun de l’humanité à répartir équitablement, et utilisée consciemment par chacun. Relever ce double défi de l’énergie doit signifier s’attaquer partout non-seulement aux causes et aux conséquences des guerres qu’elle génère, et cesser sans appel de cautionner les technocrates et les bureaucraties corrompus qui ont érigé la planète en un vaste terrain de jeu militaire et monétaire. Mais en premier lieu c’est la notion même de progrès qui doit être profondément remise en question, car le progrès humain doit redevenir la finalité des progrès technologiques et économiques. Ce qui n’est évidemment pas une intention du G8 puisque ses dirigeants sont ceux-là même qui sont à l’origine de cet infâme projet de marchandisation de la planète Leurs belles déclarations ne sont qu’une mascarade de plus destinée à détourner l’attention de l’opinion publique.

Pour faire face à cette dictature et prolonger les indispensables actions de contestation qui ont lieu à chaque sommet du G8, de nombreux individus dans le monde, de toutes origines et de tous horizons, souhaitent que de nouvelles organisations citoyennes voient le jour, pour construire une démocratie réellement participative et représentative de la multitude, et formuler depuis le local jusqu’au global les aspirations légitimes des peuples en politiques et en forces de propositions. Une organisation internationale et décentralisée de la société civile, basée sur la recherche de consensus par la concertation consultative et la coopération étendue, ne devrait-elle pas s’officialiser dès maintenant afin d’imposer aux pouvoirs financiers l’intérêt et la volonté collectifs sur les questions cruciales de mondialisation, entre autres celles de la socialité et de l’environnementalisme, et afin d’universaliser rapidement une normalisation éthique de la consommation de marché ? Il faudrait sans doute aussi replacer le rôle de l’entreprise dans la société, qui est de produire des biens et des services, non pas afin de réaliser un profit maximal pour quelques-uns, mais un progrès humain pour toutes et tous ; redéfinir la manière dont est pratiqué l’échange de ces biens et services ; et enfin inciter à se conformer à des normes, adoptées et défendues par le plus grand nombre, ceux qui entreprennent et les gouvernements élus pour encadrer l’ensemble des échanges au sein des sociétés, qui n’auraient plus qu’à rendre les pouvoirs qui leurs ont été confiés s’ils devaient s’y opposer.

D.G

P.-S.

Quelques ressources bibliographiques :
- Géopolitique du chaos, de Ignacio Ramonet ;
- Empire et Multitude, de Michael Hardt et Antonio Negri ;
- Enjeux diplomatiques et stratégiques, du CEDS.

  • Le 8 juillet 2005 à 22:25

    « multitude », « citoyens » contre « hégémonie » et « empire » ; ou prolétariat universel contre dictature du capital ?...

    retour au localisme, nationalisme de gauche, etat-providence ; ou abolition mondiale du travail contraint, des frontières nationales, de l’économie marchande et de l’Etat ?

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