Avec au programme, projection du reportage sur lâaccident de RĂ©gis Ă la CAN, rencontres, dĂ©bat, stand de lâassociation avec notamment des livres dâĂric Louis.
RDV donc jeudi 19 mai dĂšs 19h Ă la Friche Lamartine
(21 Rue Saint-Victorien, 69003 Lyon)
TROP CGT, TROP EN COLĂRE, TROP NĂGATIFS ! DES OUVRIERS CORDISTES QUI TENTENT DE SE DĂFENDRE CâEST TOUJOURS TROP
Enfin, ça dĂ©pend oĂč on se place...
Marc Gratalon, à propos de la CGT cordistes, ex-référent national du DPMC,
Profession cordiste, enquĂȘte radiophonique, dĂ©cembre 2018
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« ... les actions de communication et interventions mĂ©diatiques de votre Association visant nĂ©gativement la profession ainsi que certaines de nos entreprises adhĂ©rentes ne cessent de se multiplier. Au regard de ces Ă©lĂ©ments, le Conseil dâAdministration se refuse dorĂ©navant Ă toute communication ou action conjointe avec lâAssociation des Cordistes en colĂšre, Cordistes solidaires. »
Jacques Bordignon, président de France Travaux sur Cordes,
dans un courrier du 15 mars 2022
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Cordiste : Un métier passionnant et hors normes ?
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Xavier Rodriguez, PDG de Jarnias, Paris Match, 27 juin 2020
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Un mĂ©tier carte postale que lâon retrouve encore dans bien des mĂ©dias.
Et surtout une illusion qui attire un nombre toujours plus important de nouveaux cordistes chaque année.
Les 19 et 20 mai, France Travaux sur Cordes (FTC â principal syndicat patronal du secteur) organise son championnat de France cordistes, Ă la SucriĂšre, Ă Lyon.
Entre compĂ©tition sportive et promotion dâentreprises, peu de chances, encore une fois, que soit donnĂ© Ă voir lâenvers du dĂ©cor de ce mĂ©tier. Il sera question des performances de leurs « collaborateurs », dâinnovation technique, de marchĂ©s lucratifs et de taux de croissance.
Ce championnat qui en est Ă sa dixiĂšme Ă©dition est annoncĂ© comme « une rencontre unique oĂč se rĂ©unit lâensemble des acteurs des travaux sur cordes : cordistes, chefs dâentreprise, encadrement, organismes de formation, fabricants et distributeurs ».
Mais y parlera-t-on de la rĂ©alitĂ© du mĂ©tier de cordiste, des conditions de travail et des nombreux accidents ? Clairement ce syndicat patronal nây compte pas !
Pour sâen assurer, il a mĂȘme dĂ©cidĂ© de refuser un stand Ă lâassociation Cordistes en colĂšre, cordistes solidaires, la principale structure dĂ©fendant les intĂ©rĂȘts des travailleuses et travailleurs cordistes.
Dans un courrier du 15 mars 2022, Jacques Bordignon, le président du syndicat patronal évoquait « ... les actions de communication et interventions médiatiques de votre Association visant négativement la profession ... »
Monsieur Bordignon, il semble évident que les réalités et les drames que nous dénonçons, vous préféreriez les garder cachés, parce que peu reluisants pour votre image de marque.
Mais ces situations inacceptables nous nâen sommes pas les auteurs.
Les auteurs, ce sont bien les employeurs, responsables devant la loi, de la santé et de la sécurité de leurs salariés au travail.
Les auteurs, ce sont certains employeurs qui noient dans leur indiffĂ©rence les cordistes accidentĂ©s. Ainsi que les proches de cordistes dĂ©cĂ©dĂ©s au travail qui tentent dâobtenir des explications. En rĂ©ponse, ils ont le droit aux portes fermĂ©es, au silence, Ă lâaccueil par des vigiles.
Est-ce lĂ votre conception du dialogue social ?
Et quand sous la pression, aprĂšs des annĂ©es de dĂ©ni, France Travaux sur Cordes daigne Ă©voquer les accidents mortels, les chiffres annoncĂ©s sont trĂšs en deçà de la rĂ©alitĂ©. Comme sâil appartenait au syndicat patronal de choisir parmi les morts au travail, lesquels mĂ©ritaient dâapparaĂźtre dans son recensement !
Cette exclusion est vĂ©cue comme une extrĂȘme violence par les familles de ces cordistes qui ont perdu la vie sur les chantiers. Une nouvelle violence, aprĂšs les manquements des employeurs ayant conduit Ă lâaccident, le mĂ©pris de ces mĂȘmes employeurs, les lenteurs de la justice. Une violence de plus, une violence de trop.
« ...ainsi que certaines de nos entreprises adhĂ©rentes... », pardon pour ce crime de lĂšse-majestĂ©, mais nous ne sommes pour rien dans le fait que certains de vos adhĂ©rents ont un comportement assez peu vertueux Ă la suite dâaccidents ayant eu lieu sur leurs chantiers.
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Et si on parlait de la réalité plutÎt que de la belle vitrine ?
Ah, ces prolos, jamais contents, toujours dans le négatif !
Mesdames et Messieurs nos employeurs, excusez nous donc dâexister et de faire tĂąche avec nos problĂšmes insignifiants en regard de vos indicateurs de croissance, vos rachats et fusions dâentreprises et votre belle image mĂ©diatique.
Excusez-nous de nâĂȘtre pas le syndicat godillot que vous appelez de vos vĆux. De nâĂȘtre pas une CFDT sans conviction, sans tripes et sans Ăąme, prompte Ă signer en bas Ă droite sur votre injonction.
Mais la rĂ©alitĂ©, câest que pour gĂ©nĂ©rer vos taux de croissance, on sue, on se brise le corps, et bien trop souvent on meurt sur vos chantiers.
Alors oui, on se permet de vous rappeler que le mĂ©tier de cordistes câest aussi :
- plus de 26 de nos collĂšgues morts au travail depuis 2006 (chiffres qui placent cette profession au rang des plus mortelles du BTP) ;
- des innombrables corps mutilĂ©s et brisĂ©s prĂ©cocement par le travail, autant de cordistes contraints dâarrĂȘter le mĂ©tier au bout de quelques annĂ©es seulement ;
- des rĂ©munĂ©rations composĂ©es pour moitiĂ© de primes et dâindemnitĂ©s, sans cotisations sociales, sans protections en cas de pĂ©pin ;
- une prĂ©caritĂ© massive avec 70 % dâintĂ©rimaires (tous en contrat Ă la semaine), auxquels sâajoutent nombre de CDD, CDI de chantiers et mĂȘme dâauto-entrepreneurs travaillant souvent pour le compte des mĂȘmes employeurs dans des formes de salariat dĂ©guisĂ© ;
- un droit de retrait rendu inapplicable car conditionné la plupart du temps par le renouvellement ou non sa mission le lundi suivant ;
- ĂȘtre envoyĂ©s chaque semaine aux quatre coins de la France, la plupart du temps Ă nos frais ;
- des droits massivement bafouĂ©s avec la plupart du temps une absence dâindemnitĂ© de transport, dâheures de routes payĂ©es ou de paiement des IGD en calendaire pourtant rendus obligatoires par les conventions collectives ;
- des entreprises (mĂȘme certaines membres de FTC) qui continuent de ne pas fournir la totalitĂ© des EPI et donc qui forcent les cordistes Ă travailler avec des EPI perso souvent sans la moindre vĂ©rification pĂ©riodique ;
- une absence quasi-systĂ©matique de supervision, de rĂ©elle formation aux tĂąches spĂ©cifiques, et mĂȘme dâune simple information sur les risques auxquels on nous expose (dispositions pourtant imposĂ©es aux travaux sur cordes par le Code du travail depuis le dĂ©cret du 1er septembre 2004 !).
Nâen dĂ©plaise au syndicat des patrons FTC, lâassociation Cordistes en colĂšre, cordistes solidaires continuera de parler de cette rĂ©alitĂ© ! Pour faire changer cet Ă©tat de fait. Pour amĂ©liorer nos conditions de travail. Pour se soutenir entre ouvriĂšres et ouvriers. Pour faire en sorte quâĂ minima des enseignements soient tirĂ©s des accidents ayant brisĂ© ou fait perdre la vie Ă beaucoup trop dâentre nous.
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Une table ronde vendredi 20 mai Ă 10h
Pour tout cela, lâassociation participera Ă la table ronde (employeurs, agences dâintĂ©rim, salariĂ©s) qui se tiendra vendredi 20 mai Ă 10h sur les lieux du championnat.
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