Dénoncer la démence, restaurer la décence, repenser la dépense

1356 visites
1 complément

Depuis plusieurs semaine se réunissent à Lyon2 des étuidant-e-s dans un groupe de réflexion né de l’occupation de l’amphi C. Cela a conduit à une réflexion intempestive sur la dépense dans notre société et ce que l’on voudrait à la place. Ainsi émerge des textes comme celui qui suit :

Qu’est ce que la société aujourd’hui sinon un grand désert ? Une vaste étendue brûlée par un soleil éblouissant : l’Economie et ses inéluctables lois si naturelles auxquelles nous croyons tous ; les individus, autant de grains de sable qui se côtoient mais que plus rien ne lie. Tout le monde est animé d’une soif que rien ne semble pouvoir étancher. Chacun se lance en quête de richesse, à la recherche de la moindre petite goutte d’eau, alors que l’Etat trône, là haut, s’affirmant et nous affirmant, obligés, impuissants, à l’inéluctable soumission à l’Economie : les « réformes » sont nécessaires, telles la saignée pour soigner le malade, les courbes et les chiffres (PIB, « vieillissement » démographique, etc) le montrent : « soyons réalistes demandons le possible » ... Fin de l’Histoire oblige, il faut dire « amen » à ces nouvelles divinités : culte du chiffre vide de sens, tyrannique, détruisant l’humain. C’est en leur nom que l’Etat asséche toujours plus cette étendue désertifiée au nom du nouveau culte et dispense au gré du vent quelques nuages bienfaisants qui ne masquent en rien une sécheresse que tout le monde peut ressentir.

Au milieu de ce désert coule un grand fleuve, c’est le fleuve des finances que tout le monde alimente et dont les flots déchaînés charrient à en perdre la raison des milliards et des milliards de dollars. Et dans ce beau paysage, un seul mot d’ordre, une seule loi : du profit, de la rentabilité, alimenter le fleuve pour ne pas qu’il s’assèche. Puisqu’il faut qu’il coule ce n’est pas sans but, toute cette eau doit bien servir à quelque chose. Et voilà qu’en se rapprochant, on peut voir çà et là d’immenses barrages suivis de grands canaux d’irrigation qui s’enfoncent dans le désert pour déboucher sur de merveilleuses oasis luxuriantes où se prélassent sous des palmiers quelques traders bien chanceux, les rois de l’empire financier. Ces canaux sont profonds, eux pompent sans compter, d’ailleurs pourquoi s’en priver puisque personne ne semble s’en soucier ? Tout le monde est bien trop occupé à essayer d’apporter sa petite goutte au grand fleuve.

Mais pourquoi changer alors ? Que pouvons-nous y faire puisque la Nature est ainsi faite ?

Si personne ne ressent aujourd’hui le besoin de remettre en question cet ordre si parfait, il nous apparaît à nous plus qu’urgent de dénoncer la dictature économique que tout le monde semble avoir acceptée. Alors que le sable ne peut rien changer à l’aridité du désert, nous, nous le pouvons ! Il y a encore de la vie dans ce désert et nous ne sommes pas les seuls à nous battre pour essayer de la conserver. On nous traite de dépensiers, de gaspilleurs, dans un désert où l’eau se fait rare, mais nous refusons de rentrer dans ce jeu mesquin car nous savons où il mène : toujours plus d’économie pour moins de vie. Nous savons où passe l’argent et il n’y a nul ordre naturel et divin pour le précipiter dans les poches de ceux qui le ponctionnent.

Là où la logique est à l’accumulation de plus en plus croissante de richesse, il nous semble à nous plus que nécessaire de revendiquer la dépense, d’ouvrir les vannes et de casser les barrages. Nous voulons réhydrater la terre, recréer du lien et redonner de la couleur à ce monde qui s’assèche et où il ne restera bientôt plus que les restes calcinés de tous ceux qui ne rapportent pas suffisamment d’eau au moulin, la santé, l’art et l’éducation.

Nous pensons qu’au lieu d’être accumulées par un petit nombre, les richesses doivent être dépensées pour le public, au service du public. Par là même, nous rendons la signification à cette expression si fréquemment utilisée, souvent comme une injure, souvent comme synonyme de « gâchis ». Est-ce gâcher de l’argent que de soigner efficacement les gens ou de les éduquer convenablement, est-ce gâcher de l’argent que de le dépenser dans une recherche brillante probablement seule garante de l’avenir durable de nos sociétés ?

Nous pensons que non.

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

  • Le 3 avril 2009 à 05:27

    Penser c’est bien, mais il suffit d’un vote en « AG souveraine » pour arreter tout ca pour la grande majorité. Non n’est qu’un joli mot.

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info