En expulsant, on brise une nouvelle famille

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Mr .... a été arrêté, emprisonné, et mis en centre de rétention, peu de
temps avant la naissance de son fils

Une famille naissante se voit
pulvérisée par la collaboration, la police et la justice françaises,
appliquées à broyer les droits les plus élémentaires. La mère se
retrouve seule avec son enfant. On favorise ainsi le monoparentalisme
plutôt que le métissage.

Mr ..... ...., ressortissant des anciennes colonies, puisque d’origine
malienne, en France depuis 1999 et bien intégré sur Lyon depuis 2 ans,
logeait provisoirement dans une chambre située à Lyon 4e dans le
quartier de Serin, pour être au plus près de son travail.

Le 8 septembre 2004, Mr .... s’est fait arrêté chez lui, à 6 heures du
matin, par des membres de la brigade « anti-immigration » (Birpaf). La
veille, comme tous les jours, il téléphonait à son amie, MNM, ancienne croix-roussienne, qui a déménagé à Villefranche, où là
elle a pu trouver un logement social à même d’accueillir le couple et
leur enfant, dont la naissance était prévue pour le 21 septembre. Au
téléphone, Mr .... assurait à son amie qu’il avait bien cumulé ses
congés pour la rejoindre dans son logement à Villefranche dans la
période avant la naissance de leur enfant. Ils auraient pu avoir alors
une vraie vie commune. Et lui serait régularisé en tant que parent
d’enfant français.

Ils auraient pu se marier, mais comme ce ne sont pas leurs convictions,
ils ne voulaient pas faire semblant. Ils ont des valeurs qu’ils
désiraient conserver.

Or, le 8 septembre à 7 heures du matin, MNM a été
tourmentée par des appels de la Birpaf, indifférente à la confirmation
de sa grossesse presqu’à terme et ses exhortations à relâcher l’homme
choisi, le père de son fils. Le 9 septembre elle se voyait faxer, dans
la panique, au TGI de Lyon le certificat de reconnaissance conjointe de
leur enfant à naître, et un mot pour le procureur. Le fax parvient à
l’audience in extrémis. En dépit de quoi, Mr .... fut condamné, en
comparution immédiate, à 3 mois de prison et à un an d’interdiction du
territoire pour situation irrégulière en France et usage d’un faux
papier. Ce papier lui avait été confisqué quelques temps auparavant par
un fonctionnaire de la petite poste des Cordeliers, d’où il envoyait un
mandat au Mali, à l’intention de son père, pour la construction d’un
puits. D’ailleurs son père aurait pu obtenir la nationalité française,
mais il ne l’a pas fait pour éviter de se retrouver dans la situation
des tirailleurs sénégalais.

Quelques jours après, MNM, gagnée par des contractions
précoces, courait à la prison St Paul porter du linge et un dossier de
demande de permis de visite. Dans la même matinée, elle résiliait la
location de la chambre de Mr .... et s’occupait, avec des amis, du
déménagement de ses affaires. Elle perdait du sang. Et dans la nuit,
elle accoucha seule, une semaine avant terme, le 15 septembre, à
l’hôpital de Villefranche (ville de Raymond Depardon et de
Saint-Exupéry). Saint-Exupéry doit se retourner dans sa tombe céleste,
s’il voit qu’un centre de rétention porte son nom !

A peine sorti de la maternité, notre petit prince devait fournir des
photos d’identités pour le permis de visite, et il avait quinze jours
quand il vit son pére pour la première fois, au parloir pouilleux de St
Paul.

Avec une justice bornée, écrasant le faible, ayant oublié les droits de
l’homme et les droits de l’enfant, nous nous trouvons dans une situation
aberrante, et malheureusement devenue banale. Un homme dont le seul
crime est d’être noir et d’avoir eu la naïveté de mal renouveler ses
papiers, ayant fait un faux papier pour pouvoir travailler dans des
secteurs d’activités précaires, a enduré 2 mois et 9 jours de prison.

Le 18 novembre à 17 heures, il a été transféré directement au centre de
rétention de Saint-Exupéry, d’où il croupit depuis un mois, avec
l’espoir de pouvoir assumer, même avec des restrictions de ses droits,
au moins son rôle de père. La femme qui l’aime en a été de même bien
punie. Un petitou a été trimballé de trains en parloirs...

Une requête a été enregistrée pour suspendre et annuler l’interdiction
du territoire, qui interdirait à Mr ..... d’assister aux premiers pas de
son fils. Mais cette requête peut mettre 6 mois avant d’être audiencée.
En cas d’échec, le retour et la régularisation seront bien compromis.
MNM a écrit sans résultat au préfet et au président de
la République.

A travers cette histoire, mobilisons-nous pour que l’on protège une
famille qui ne menace personne, et pour remettre en question une société
qui a une police toute puissante et une justice qui marche sur la tête !

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