Jeudi 28 juin matin trois familles ont été expulsées de l’ex-caserne Chabal, devenue centre d’hébergement d’urgence (CHU) depuis l’automne 2017.
Ce foyer, géré par l’Armée du Salut, a hébergé 380 personnes pendant le plan froid. Peu après la fin du plan froid, le 24 avril, 56 familles dont les enfants sont scolarisé-e-s dans l’agglomération lyonnaise, ont été remises à la rue.
Trois familles ont refusé de partir et se sont maintenues sur les lieux. Il s’agit de trois familles avec des enfants mineur-e-s et scolarisé-e-s. Après avoir été déboutées de leur demande d’asile, elles se trouvent sans droit de séjour en France. Alors que le foyer commençait à accueillir d’autres personnes répondant à d’autres critères, elles ont trouvé refuge dans le dortoir de la structure.
Si cette situation était tolérée par les travailleur-euse-s sociales, ce n’est pas le cas de la Préfecture, financeur des CHU, qui menaçait depuis plusieurs semaines d’intervenir pour exclure à titre définitif ces familles. Et jeudi 28 juin ils ont fait les choses en grand : à 7 heures moins le quart, avant l’arrivée des premier-e-s salarié-e-s qui travaillent en journée et en l’absence des responsables de la structure, des agents de la Préfecture sont arrivés accompagnés par la PAF et par des agents de la DDCS (Direction Départementale de la Cohésion Sociale, responsable de l’hébergement sur l’agglomération lyonnaise).
Tout ce beau monde a tout d’abord signifié aux trois familles leur sortie définitive de la structure. Ils leur ont ensuite expliqué que pour obtenir un hébergement temporaire elles pouvaient se rendre à l’OFII, accepter une aide au retour et attendre leur avion à l’abri.
Les années précédentes, des collectifs parmi lesquels Jamais Sans Toit avaient dénoncé le même type de “chantage” fait envers des familles albanaises, poussées à accepter de retourner dans leur pays en échange de quelques semaines d’hébergement.
Une famille a accepté de rencontrer l’OFII le lendemain. Les deux autres se sont retrouvées à la rue, seules, sans repères et avec des enfants en bas âge.
Une autre expulsion a eu lieu mardi matin, vers 7 heures du matin. Les services de la préfecture appuyés par la police ont procédé à l’évacuation du foyer de la Sarra (5e arrondissement) où des mineurs résidaient depuis près d’un mois. Trois familles et une personne seule qui s’étaient maintenues dans ce foyer après la fermeture à la fin du mois de mai ont été également expulsées. Deux auraient reçu une obligation de quitter le territoire (OQTF) et reçu la même proposition : accepter l’aide au retour en échange d’une place temporaire dans un centre d’hébergement dédié.
Ces deux expulsions, qui ont lieu dans le silence médiatique (il fait chaud dehors) sont un bel exemple des menaces portées aujourd’hui au système d’hébergement d’urgence qui permet aux personnes, sans ou avec droit au séjour, de trouver un abri. Droit qui est bien inscrit dans la loi et trop souvent bafoué sous les yeux de tout le monde.
On ne peut s’empêcher de faire le lien avec la Circulaire Collomb, sortie le 12 décembre et qui prévoie que des agents de la Préfecture et de l’OFII puissent entrer dans les centres d’hébergement pour recenser les migrant-e-s selon leur situation administrative, avec l’objectif de “désengorger les centres saturés”. Le Conseil d’Etat a bien souligné le caractère non contraignant de cette disposition, il en reste qu’il appartient maintenant aux personnes hébergées et aux travailleur-euse-s sociales de veiller au respect des droits et du domicile de ces premières.
Dans le cas des expulsions de la semaine dernière, les autorités locales vont carrément plus loin. Ne se contentant plus d’une intervention manu militari de la police, c’est carrément la Police aux Frontière et la Préfecture qui s’invitent dans les centres d’hébergement. Le mélange erroné entre droit au séjour et droit à l’hébergement est à l’œuvre. La symbolique est forte, le message clair : ces personnes n’ont pas le droit d’être en France et l’Etat peut donc venir les chercher jusqu’à dans leur domicile, car l’Etat a un pouvoir absolu sur leurs corps. Au moins, c’est ce qu’ils veulent nous faire croire. Avec l’objectif de terroriser des personnes déjà précaires et fragilisées, pour que des personnes en situation irrégulière n’osent même plus demander un hébergement d’urgence, pour que l’hébergement ne soit plus un droit mais un privilège.
Opposons-nous à cette politique répressive et inhumaine, pour que le droit à l’hébergement devienne un droit effectif !
Des papiers pour tou-te-s, des logements pour tou-te-s !!
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