L’expulsion et l’éloignement des familles rroms empêchent la scolarisation

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L’association C.L.A.S.S.E.S accompagne les familles vivant dans des cabanes, des tentes, des squats, sous des ponts, dans des jardins publics, qui souhaitent que leurs enfants aillent à l’école comme ils en ont le droit et l’obligation. Les formalités administratives ne sont pas simples lorsqu’on ne parle pas français, qu’on ne sait pas lire et surtout lorsqu’on ne peut pas présenter une quittance de loyer ou une facture EDF. Une fois les enfants inscrits nous nous efforçons de soutenir leur assiduité.

L’action de C.L.A.S.S.E.S a démarré il y a maintenant 7 ans et les bénévoles de l’association connaissent bien des familles vivant sur le territoire du Grand Lyon, déménageant au gré des expulsions, évacuations, incendies, hébergements temporaires.
Au 30 avril dernier, 261 enfants suivis par C.L.A.S.S.E.S étaient inscrits à l’école ce qui ne signifie pas qu’ils y étaient tous présents car leurs conditions de vie perturbent souvent la fréquentation scolaire. Une centaine d’autres enfants, connus de C.L.A.S.S.E.S, n’étaient pas encore inscrits, ou étaient en cours d’inscription.

Qu’en est-il à cette rentrée scolaire ?

La majorité des enfants scolarisés l’an dernier ou en attente de scolarisation auraient dû faire leur rentrée normalement, en même temps que les autres enfants, soit environ 350 enfants. Malheureusement ce n’est pas le cas.

Entre temps, les familles hébergées dans le cadre du Plan Froid ont été mises à la rue. Les familles d’un grand squat de Saint-Priest ont dû partir ; beaucoup sont allées rejoindre le terrain de la rue Salengro à Vaulx-en-Velin. Lorsque qu’une partie de celui-ci a brûlé, puis que la totalité du terrain a été évacuée, les familles se sont une nouvelle fois dispersées : certaines sont allées grossir le terrain de Saint-Fons, d’autres errent encore dans l’agglomération, dormant dehors, une nuit ici, une nuit là. Celles hébergées par la Préfecture l’ont été parfois dans des hôtels isolés, à proximité des autoroutes, loin des écoles et des associations pouvant leur venir en aide. Les familles d’un squat de Vaise dont nous avions réussi à scolariser à peu près tous les enfants, grâce à la coopération avec la mairie du 9e ont elles aussi été mises dehors sans solution. Plusieurs d’entre elles se trouvent en squat à Villeurbanne.

Ces mises à la rue, ces évacuations, ces déplacements de population ont des conséquences négatives évidentes sur la scolarisation : des enfants scolarisés à Villeurbanne-nord vivent maintenant à St Fons ; des enfants scolarisés à Givors se retrouvent sous tente à Vénissieux, après un mois d’errance. Des enfants scolarisés à Vaise ont été retrouvés à Villeurbanne, et il faut chercher de nouvelles écoles pour les accueillir. Ceux-là ne seront sans doute pas déscolarisés, mais ils vont perdre un mois d’école, ils auront perdu leurs copains, leurs repères. D’autres, trop loin d’un établissement scolaire ne pourront pas retourner à l’école.

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Deux semaines après la rentrée il est difficile d’avancer des chiffres précis, mais nous estimons que, pas plus de 70 à 80 des enfants suivis par C.L.A.S.S.E.S l’an dernier ont fait leur rentrée normalement. Quel gâchis !

A contrario, on peut citer le terrain de La Feyssine, stable depuis maintenant 2 ans et demi, malgré des alertes périodiques qui alimentent l’inquiétude. La rentrée scolaire a pu y être préparée correctement : 3 filles sont au collège, 15 enfants vont à l’école élémentaire, 8 enfants sont inscrits à l’école maternelle. Ne sont pas scolarisés : les petits de 3 et 4 ans et les jeunes de plus de 14 ans, non scolarisés en primaire et qui n’ont pas trouvé de place en collège.

Dans le même temps tous les politiques répètent que la scolarisation des enfants est un impératif, et que la « gestion » des bidonvilles doit en tenir compte et la faciliter.
La seule avancée que nous constatons cette année se trouve du côté de l’Education nationale : 3 classes ont été ouvertes en collège pour des enfants ne maîtrisant pas le français et ne sachant pas lire, c’est un progrès. Par ailleurs sur le terrain de Saint-Fons qui a considérablement grossi, l’Education nationale se préoccupe de repérer les enfants qui ne sont pas scolarisés pour, nous l’espérons, leur trouver des solutions rapidement.

Le droit à l’éducation est un droit fondamental pour chacun ; il ne suffit pas de le déclarer, il faut prendre les mesures nécessaires pour le mettre en œuvre effectivement. C’est ce que demande l’association C.L.A.S.S.E.S au Préfet, représentant de l’Etat sur notre territoire.

A Lyon le 16 septembre 2013
C.L.A.S.S.E.S

Collectif Lyonnais pour l’Accès à la Scolarisation et le Soutien aux Enfants des Squats
classes069-at-gmail.com

P.-S.

Photos : Jean-Philippe Ksiazek

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