À Rouen à la fin des années 70, Mongo Beti, célèbre écrivain camerounais, avait créé les éditions Peuples Noirs Peuples Africains où il fit vivre tout un travail d’information, d’intelligence et d’échanges, en pionnier de la résistance à la Françafrique (cette partie immergée, hors-la-loi, de l’iceberg des relations franco-africaines).
Sans le savoir, François-Xavier Verschave (décédé le 29 juin 2005) s’attelait à la même tâche dans les années 90. La rencontre entre ces combattants de l’écriture, bien des années après le succès de Main Basse sur le Cameroun (ouvrage de Mongo Beti [1]), fut l’occasion de réunir leurs compétences et de créer une émulation au sein de l’association Survie qui milite pour des relations assainies entre la France et l’Afrique.
Avec la mort de Mongo Beti en 2001 (faute de soins suffisants au Cameroun), de nombreuses personnes engagées dans ce combat se sont senties comme orphelines. « Il m’est alors apparu comme un devoir de reproduire un tel élan. »
« Très providentiellement, un autre homme d’une même envergure, René Vautier s’est imposé à moi, suite à la lecture de son oeuvre autobiographique Caméra citoyenne. J’ai donc souhaité faire se rencontrer le fondateur du cinéma algérien, auteur du remarquable Afrique 50 (premier film anticolonial français) et François-Xavier Verschave, pourfendeur de la Françafrique et auteur de Noir Silence (ouvrage courageux qui lui a valu un procès contre 3 dictateurs françafricains en 2001, dont il est ressortit victorieux, avec son éditeur Laurent Beccaria). »
Cette rencontre entre René Vautier et François-Xavier Verschave (en compagnie de Soeuf Elbadawi, journaliste et auteur comorien) en octobre 2003 à Rouen est ainsi tout un symbole. France à fric, œuvre citoyenne réalisée à cette occasion, sans grands moyens mais à force de courage et détermination (6 ans de travail) immortalise cet événement unique et précieux.
Matthieu Jules
Compléments d'info à l'article