Il n’aura échappé à personne que le « grenelle de l’environnement » organisé par le trio "Sarko-Borloo-Hulot" ne changera pas plus de choses que le discours de Chirac il y a quelques années en Afrique du sud : « notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Plus marketing qu’écologique, ce grenelle de l’environnement est promotionné par toute la bizne$$ pre$$e et les bas médias.
En réaction, réponse du berger à la bergère, le journal « La décroissance » soutenu par diverses organisations (Attac, la Confédération paysanne, le Criirad...) a organisé une journée de conférences pour « repolitiser l’écologie » le samedi 6 octobre à Lyon.
Trop de monde dès l’ouverture à 9 heures du matin : limitée à 500 places, la salle Victor Hugo est pleine et 150 personnes restent à la porte. Quelques déçus haussent la voix mais les conférences sont doublées et auront lieu aussi dehors dans la cour.
Le matin, ce sont des interventions généralistes qui se succèdent à la tribune. Bruno Clémentin ouvre la journée en rappelant l’imposture de l’utilisation du terme Grenelle. Paul Ariès dénonce les dérives sarkozystes de notre pays. Sophie Divry (la décroissance) raille les « éco-tartuffes » sponsorisés par les multinationales de la pollution comme Nicolas Hulot....
Suivent des représentants de partis politiques (les Verts, LCR), Geneviève Azam pour Attac, l’économiste Bernard Guibert, puis Henri Maler d’Acrimed montre comment les médias se rendent complice de la duperie du grenelle.
Une intervention remarquée est celle de René Balme, maire de Grigny, au sud de Lyon, qui tient un discours d’écolo radical, prônant la décroissance qui pourrait nous faire penser que sa ville doit être un îlot de démocratie directe où tout le monde mange bio et où il n y a pas de supermarché. Renseignements pris auprès de l’intéressé, aucune mesure concrète de décroissance n’a été appliquée à Grigny car même si le maire n’est pas encarté, il est soutenu par la gauche poubelle (PS, PC & co...).
La palme pour les interventions du matin revient à Stéphane Lhomme du réseau Sortir du nucléaire qui a réussi à dérider une assemblée bien sérieuse en ironisant sur le troc « infirmière contre nucléaire » avec Khadafi et sur les difficultés que la France a à vendre son générateur EPR (le gouvernement a proposé « “un acheté, un offert" » à la Chine selon Lhomme).
Entre les conférences, c’est le sympathique Steve Warring qui détend l’atmosphère avec ses chansons « acousticologiques. »
La pause-bouffe est assurée par une assiette campagnarde vendue par des membres de la Confédération paysanne. Ca avait l’air bon mais un peu cher : 7 euros. Du coup, le reporter précaire que je suis va acheter un sandwich industriel (peut-être avec des OGM...) dans un supermarché du coin, où je croiserai Sophie Divry ! Sophie Divry de « La décroissance » dans un supermarché, ça c’est du scoop !
L’après midi, les conférences reprennent, cette fois sur des axes plus précis. Les autoroutes d’abord, avec Julien Milanesi, militant contre l’A65 dans la région de Pau, qui sera le seul à évoquer les transports. On parlera aussi plus précisément des OGM, de l’idéologie de la consommation, de la désobéissance civile, etc... (je n’ai pas pu tout suivre, n’hésitez pas à compléter sur le forum ci-dessous).
On retiendra l’émouvant témoignage de Gérard Boinon, paysan de la Dombes qui raconte comment en 1986 le nuage de Tchernobyl est bien rentré sur le territoire français, puisqu’après avoir donné à manger à ses vaches du foin récolté en plein passage du nuage, elles ont donné naissance à des veaux avec deux têtes ou sans cuir.
Pour pallier au manque d’interactivité des conférences, les organisateurs avaient mis en place une boite aux questions tout au long de la journée, et une personne a été chargée de les résumer le soir. Malheureusement le peu de temps qui lui était imparti pour un trop gros nombre de questions donnait l’impression de voir un chroniqueur télé résumant les SMS reçus durant l’émission.
Ce coté "anti-participatif" » était voulu et assumé par les organisateurs dans le mesure où une journée est trop courte pour débattre et qu’il aurait fallu plusieurs jours. Paul Ariès a donc appelé les participants à ouvrir le débat dès la sortie de cette journée.
C’est aussi Ariès, toujours avec son attitude et son élocution très politicienne qui peut parfois faire un peu peur, qui a conclu les conférences dehors avec 20 propositions (voir plus bas le détail).
Devant l’affluence et les diverses obédiences représentées (beaucoup d’échanges entre les participants), on peut estimer que ce contre-grenelle a été un succès. Cependant quelques points peuvent troubler ce joli tableau.
D’abord le coté autoritaire des organisateurs : même s’ils ont fait un effort pour ne pas tout le temps se mettre en avant, les gens du journal « La décroissance » ont interdit à certains de prendre la parole. Une personne voulant parler des mobilisations contre les sommets biovision-biosquare et évoquer les biotechnologies n’a pu avoir le micro. Un décroissant radical, grand défenseur de l’environnement en Guyane a reçu un mot d’un des organisateurs avant cette rencontre lui sommant de ne pas être là sous peine d’avoir recours à la police. Certains faucheurs d’OGM qui voulaient ramener des épis de maïs transgénique fraichement fauché n’ont pas été autorisés à le faire. Il est donc dommage de voir les organisateurs du contre-grenelle reproduire ce qu’ils reprochent au gouvernement : « La décroissance » n’a pas été invitée au grenelle parce qu’elle est trop "radicale" mais dans son contre-sommet, « La décroissance » refuse la présence de militants plus radicaux. On retrouve le coté autoritaire dans certains points des propositions de Paul Ariès.
Pour terminer sur une note positive, il était quand même important d’opposer au « coup de com’ » des ingénieurs en marketing de Sarkozy une rencontre comme celle qui a eu lieu, où l’on a vraiment parlé d’écologie et où les participants, même si la grande majorité étaient déjà acquises à toutes ses thèses, sont repartis avec plein d’énergie.
Les 20 contre propositions de Paul Ariès :
NB : La prise de note a été rapide, et ces contre-propositions apparaîtront plus clairement sur le site du contre-grenelle,où seront par ailleurs mis à disposition tous les discours en audio et vidéo. ...
- Un moratoire durable sur les ogm, le nucléaire, les incinérateurs, les constructions d’autoroute, les nanotechnologies et les agro-carburants.
- Une nouvelle école pour apprendre le dur métier d’humain, où serait développée une culture de la gratuité.
- L’application des ordonnances de 1944 sur la presse du Conseil National de Résistance.
- Contre la pub : interdire la pub pour les enfants, limiter le nombre et la taille des panneaux publicitaires.
- Un revenu universel inconditionnel versé de la naissance à la mort, couplé avec un revenu maximal autorisé.
- Reconversion d’une partie du réseau routier en voies de fer, en pistes cyclables et en jardins. Imposer le bridage des moteurs pour les voitures, interdire les loisirs motorisés.
- Rendre l’eau d’usage gratuit. Interdire les abus (comme les piscines...) Appliquer cela aussi au gaz et au pétrole.
- Généraliser une nouvelle norme BIO (pas d’OGM, produit locaux et de saison, manière de les produire).
- Relocaliser l’économie par une monnaie locale (?) pour empêcher les franchises internationales.
- Interdire les voyages scolaires lointains, relancer le tourisme de proximité.
- Démanteler les zones commerciales périphériques pour faire renaître le commerce de proximité.
- Ralentir : slowfood dans les écoles, arrêter l’agrandissement des villes, interdire l’éclairage nocturne, privilégier le TER sur le TGV.
- Renforcer l’interdiction du travail le dimanche et interdire l’ouverture nocturne des grandes surfaces.
- 32 heures de travail hebdo en 4 jours « au pays ».
- Supprimer toute aide au pollueurs agricoles et industriels, soutenir les reconversions écologiques.
- Développer l’autonomie dans tous les domaines (revenu minimum, énergie...)
- Reconnaître la dette environnementale de l’occident sur le tiers monde mais...
- ...rappeler que la pauvreté n’excuse pas la pollution.
- Repolitiser l’écologie : rendre la parole au peuple par référendum ou autre...
- Représentation proportionnelle à toutes les élections, mandat impératif et non cumul des mandats.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info