Jeudi 22 mars.
A 8h, les flics entrent au 63 rue Montesquieu, accompagnés d’un policier roumain et d’une interprète. Ils contrôlent les personnes présentes, font signer des papiers sans jamais les traduire. Sans expliquer à quoi s’engagent les signataires.
Quand on leur demande ce qu’ils font là, ils s’étonnent, font semblant de ne pas comprendre. Ils ne sont pas là pour expulser, non ! Ils comptent. Ils contrôlent. Ils recensent. Régulièrement d’ailleurs. Ils ne voient pas le problème.
Vendredi 23 mars.
Même heure. Mêmes flics. Même interprète. Cette fois ils expliquent. Ils prennent le temps de traduire. Le papier qu’il apportent aujourd’hui est une OQTF. Une Obligation de Quitter le Territoire Français.
Ils ne parlent pas de recours. « Il faut partir maintenant. » dira le flic roumain.
Il faut partir parce qu’ils sont là depuis plus de trois mois. La préfecture ne s’est pas fatiguée. Toutes les OQTF sont identiques. Le squat est ouvert depuis 7 mois ? Alors les personnes sont arrivées il y a 7 mois. Ceux qui sont arrivés hier ? Pareil. Les gamins scolarisés ? Pareil.
Ils distribuent. Ils font signer. Ils partent.
C’est terminé. Vous avez trente jours pour quitter le territoire français.
Mercredi 28 mars.
Toujours la même heure. Toujours les mêmes flics, la même interprète...
Mais cette fois-ci, pas d’explication. Sauf « On les compte ». Pourquoi encore une fois ? Et sur quelle base légale ? Cette dernière question n’est pas vraiment importante, puisqu’il s’agit de Roms.
Au revoir... et certainement à très bientôt.
On sent les prémices d’une mobilisation. Les parents d’élèves, les associations, les gens du quartier, tous affichent déjà leur refus de cette expulsion à venir. Alors on contourne. On change de stratégie.
Les pouvoirs publics ne veulent pas se mettre leurs électeurs à dos. Une expulsion de squat ça veut dire des appels de voisins, de parents d’élèves inquiets. Où vont-ils aller ?
Alors on distribue des OQTF et dans trois jours, dans une semaine ou dans un mois, quand les CRS défonceront la porte à six heures du matin pour expulser les habitant-es, ils seront accompagnés de cars en partance pour la Roumanie.
Rapide. Efficace. En quelques heures il n’y aura plus rien. Plus personne.
Ça fonctionne comme ça depuis des années. Les propriétaires font expulser, la préfecture distribue des OQTF.
Ils veulent leur faire peur. Leur fait croire qu’ils sont seuls. Qu’il n’y aura jamais rien ici pour eux.
Parce qu’il ne faut surtout pas laisser penser qu’il pourraient, peut-être, un jour, s’installer. Vivre ici. Sans qu’ils se demandent chaque jour si cette voiture de flics, là, au bout de la rue, c’est pour eux. Pour les mettre dehors. De leur maison. Du pays.
Ils ne sont pas seuls.
Les OQTF peuvent être annulées.
D’autres maisons peuvent, seront, toujours ouvertes.
Tant que des personnes se feront mettre dehors, de quelque manière que se soit, nous réagirons.
Et pour montrer que nous réagissons, la première chose à faire est de venir à la
Manifestation
Samedi 31 mars à 11h
Place Du Pont.
Manifestation
Samedi 31 mars à 11h
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