Premier article que je fais ici, donc je ne savais pas trop comment me lancer. Allons-y...
Étant adepte des jeux de rôle Grandeur Nature, j’ai notamment eu l’occasion de me retrouver à utiliser des techniques de « combat de ligne » avec un bouclier et une épée en mousses aux cotés d’autres personnes armées de même.
Après la manif de la Cop21 et sa répression, j’ai remarqué que face aux CRS qui matraquent au sol et tentent d’arracher des personnes au groupe, je me suis demandé si certaines de leurs propres techniques ne pourraient pas servir nos actions.
Le Bouclier de protection
J’ai imaginé un bouclier-pancarte, bâti sur les bases des boucliers de GN, à savoir quasiment entièrement en mousse, prévus pour être le moins dangereux possible pour les autres (en cas de malencontreux coup donné avec)
- _ Le bouclier serait constitué d’une âme en plexiglas (les autres matériaux sont trop fragiles ou trop « solides »), un rectangle arrondi de 40x70-90cm, à travers lequel pourront être passées des sangles pour le maintien.
- _ Sur chaque face, encollées à la néoprène, seraient collées des plaques de mousse type evazote, plastazote ou même EVA (cette dernière est chère et sans doute trop rigide), de 60-70cmx90-120cm pour au moins 20mm d’épaisseur (préférez 30mm), à travers la face intérieure desquelles il faudra faire passer aussi les sangles pour pouvoir tenir le bouclier.
- _ un revêtement peinture suffit à créer une surface d’expression pour permettre d’écrire slogans et revendications, et donc de passer « inaperçu » au sein de la manif jusqu’au moment de l’usage.
Son Usage
Pour ce qui est de l’usage, il faut savoir que je n’ai pas imaginé ce système pouvoir servir à lui seul en usage unique. Il est prévu pour permettre à plusieurs personnes équipées de s’interposer SANS VIOLENCE entre des CRS violents et des manifestants pacifiques.
- _ converger vers l’endroit en groupe, de préférence avec tous (porteurs de boucliers) au moins un binôme voire un trinôme (non-équipés de boucliers) pour éviter de se faire à son tour attraper, et qui pourront, au moment de l’interposition, aider à évacuer les manifestants visés à l’origine.
- _ interposer les boucliers entre les CRS et les manifestants, et pousser sans violence si nécessaire, de manière a former un mur à notre tour.
- _ une fois les manifestants relevés et en retrait, former un ligne nette et reculer tranquillement, un pas après l’autre, jusqu’à avoir assez reculé.
Ce système met les porteurs et leur bi/trinôme en danger d’être attrapés, mais pour protéger les autres, ce qui constituerait une simple intervention pour protéger autrui, un acte d’altruisme qu’aucun tribunal ne saurait (normalement) considérer comme un crime.
Mais pour cela, il faut que cela se passe avec une relative non-violence, la tête froide et les gestes aussi précis que possible.
Ces boucliers seraient safe (ne peuvent pas blesser), et donc leur usage seul ou en groupe (SANS AUTRE USTENSILE DE TYPE MATRAQUE, MÊME EN MOUSSE) ne saurait être constitutif d’une attaque délibérée des forces de l’ordre, ni de l’usage avéré d’une arme contre eux.
Les Limites et les dangers
En revanche, à l’instar des sacs, ceintures, foulards, vêtements trop amples, etc. ils constituent une accroche pour les CRS pour tirer les porteurs à eux, et les interpeller. N’ayant jamais été utilisés, on ne sais pas comment ce genre de défense, pensée pour être non-violente, sera considérée par les force de l’ordre et les tribunaux.
De plus, leur usage ne pourra pas se faire « instinctivement », mais nécessitera un léger entrainement. Il faut, comme je l’ai dit plus haut, garder son sang-froid lors des actions et la clé de l’usage de tels boucliers se trouve dans une totale collaboration de leurs porteurs et de leur seconds-de-lignes. J’ai souvent vu des lignes de bouclier en GN lâcher par manque de coordination.
Il faut voir aussi l’aspect sécurité, pour que le bouclier anti-CRS ne devienne pas dangereux pour ceux qu’on tente de sauver. il faut être vigilant à ne pas donner de coups de boucliers aux manifestants tout en évitant les coups de matraque, les tractions des seconds-de-ligne d’en face, etc.
L’usage de ce genre de dispositif devra peut-être s’adjoindre de masques respiratoires, ou au moins de masque de protection pour les yeux (en cas de réponse à la bombe au poivre ou de lacrymo), mais pour cela, je préfère ne pas m’avancer, n’ayant pas moi-même été confronté à ces dispositifs précis.
Enfin, garder à l’esprit qu’il s’agit d’une réflexion sur des moyens non-violents de lutter ensemble contre le pouvoir illégitime en place et leurs chiens de garde, qui nous insultent, nous frappent, nous brisent et ne voient en nous que des délinquants.
Je ne suis pas certain qu’un jour, nous ne devrons pas nous battre réellement, à armes égales, contre eux, et même si j’espère qu’on en arrivera jamais là, chaque manifestation réprimée violemment, chaque policier qui entre dans une AG pour sortir tout le monde et interpeller les meneurs des mouvements, chaque citation dans les médias de nos mouvements comme « contestation juvénile », « fauteurs de troubles », « assaillants des forces de l’ordre » ... chacune de ces actions pousse de plus en plus vers la nécessité d’une vraie révolte qui risque chaque fois de devenir plus violente en réponse à leur violence aveugle.
En attendant ce jour fatidique, ce genre d’idées pourrait être le point de départ de la formation d’une réponse adéquate et mesurée à leurs moyens violents. Une réponse constituée de groupes de soigneurs, de groupes de protecteurs, de groupes de communication, permettant, spontanément peut-être, de se protéger les uns les autres et de prouver qu’on reste unis vers un même objectif : le Monde ou Rien.
Kaht
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