Infrastructure de mutualisation, c’est le petit nom dénué de toute originalité qu’ont donné les services de renseignements français à une immense base de données qui collecte sans répits l’ensemble de nos échanges électroniques.
On s’en doutait un peu, et un PRISM à la française était évident, mais cette fois, les journalistes du Monde ont officialisé le truc ce matin dans un article. Infrastructure de mutualisation, c’est moche donc j’appellerai ça FRENCH1984.
Donc le dispositif FRENCH1984 est localisé boulevard Mortier à Paris, dans les sous-sols de la DGSE. On nous dit bien que c’est sur 3 niveaux et qu’il y a un supercalculateur capable de traiter énormément de données collectées depuis plusieurs postes avancés en Métropole et dans les régions d’outre-mer...
Donc en gros, quand vous appelez Tata Suzanne, qui appelle sa copine Monique, qui envoie un email à son gendre François qui lui-même balance un SMS à John qui vit à New York, nos amis fonctionnaires de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI), de la Direction Nationale du Renseignement et des Enquêtes Douanières (DNRED), de la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD), de la Direction du renseignement militaire (DRM), de la cellule Tracfin de Bercy, et du Service du renseignement de la Préfecture de Paris en sont virtuellement informés.
Je dis virtuellement, car une base, ça se consulte. Rassurez-vous, jusqu’à preuve du contraire, ce sont uniquement les métadonnées qui sont conservées (Mais qui va croire ça ?). Donc on sait qui appelle qui, à quelle heure et depuis où... et tout ceci dans la plus grande illégalité (ou absence de cadre légal) puisque nos députés ont bien pris soin de ne jamais légiférer sur ce sujet précis.
Je soupçonne quand même les services américains d’avoir rencardé les journalistes du Monde, histoire de montrer que ce genre d’écoute nationale et à grande échelle se pratique ailleurs qu’aux États-Unis, en Libye, en Tunisie et en Chine. Bien joué.
On le savait. On s’en doutait. Mais toujours sans preuves réelles. Ou en tout cas, en s’imaginant que derrière, ce genre d’espionnage national était ciblé sur certaines personnes et demandé par un juge. Mais en réalité, c’est la fête du slip à fonctionnaire-land ! Pas de cadre légal, tout est dissimulé. Osons le dire, FRENCH1984 est encore plus hors des clous de la légalité que PRISM.
Bref, c’est un triste constat, une réalité et malheureusement, à part organiser une immense soirée mousse-dban dans les 3 niveaux sous-terrain de la DGSE, pour le moment, on se retrouve tous au pied du mur.
Ce qui m’étonne, c’est qu’ils parlent de communications électroniques (SMS, emails, Facebook, appels téléphoniques...etc), mais je ne vois pas pourquoi un tel système n’enregistrerait pas aussi :
Les déplacements de votre véhicule tracé grâce à sa plaque d’immatriculation et aux milliers de radars et caméras présents sur nos routes
Nos demandes de papiers officiels et autres démarches administratives
Nos réservations de billet de train, d’avion...etc
Nos transactions bancaires (CB, virements...etc)
Qui envoie du courrier postal à qui.
En tout cas, je serai à la tête de ce bidule, j’aurai intégré tout ça là dedans déjà.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info