Intervention brutale samedi dernier contre les manifestants de Nazran en Ingouchie

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Le COMITÉ TCHÉTCHÈNIE DE LYON avec la Coordination des Comités Tchétchénie de France et de Belgique condamne vigoureusement l’intervention brutale des forces de l’ordre ce samedi 24 novembre contre les manifestants de Nazran (Ingouchie – Fédération de Russie.)

Samedi 24 novembre 2007, vers midi, une manifestation pacifique a été violemment réprimée à Nazran, République d’Ingouchie, en Fédération de Russie. Les manifestants comptaient protester publiquement contre les enlèvements et les violences continuelles liés aux forces de l’ordre ces derniers mois. Selon des informations dignes de foi, le cortège a d’abord été bloqué une première fois par la police et les spetsnaz (unités d’élite), mais ceux-ci ont été contraints de reculer sous les projectiles divers lancés par la foule. Lors d’un deuxième assaut, les forces de l’ordre ont ouvert le feu, blessant plusieurs manifestants, et auraient arrêté une centaine de personnes, emmenées dans des blindés.

Quelques heures plus tôt, vendredi 23 novembre, entre 11h du soir et minuit, Oleg Orlov, président de l’association de défense des droits de l’homme Memorial et trois journalistes de la chaîne "Ren-TV", Artem Vyssotski, Stanislav Goriatchev et Karen Sakhinov étaient enlevés à leur hôtel par des hommes armés et masqués, puis battus, avant d’être abandonnés dans un champ dans le district de la Sounja. Parvenus jusqu’à un poste de police, puis emmenés à Nazran, le groupe a été retenu par les autorités alors que l’état de deux personnes nécessitait des soins médicaux.

Ces événements interviennent dans un contexte de violence extrême qui ne fait qu’empirer depuis l’été. Un cycle de violence s’est mis en place après une vague d’arrestations et d’enlèvements opérés par les services de sécurité officiels. Depuis, les forces de l’ordre sont régulièrement l’objet d’attaques armées – 15 au cours du seul mois d’août -, des personnes d’origine russe ont été assassinées. Ces actes ont entraîné, en retour, une vague d’arrestations, d’enlèvements, et même d’exécutions sommaires, perpétrés par les autorités.

De grandes manifestations ont déjà eu lieu depuis. Mais la colère était encore montée d’un cran depuis la mort d’un enfant de 6 ans au cours d’une opération spéciale menée dans le district de la Sounja (Ingouchie), le 9 novembre. Dix jours après, une manifestation à Nazran avait déjà été réprimée par la police et 4 manifestants avaient été hospitalisés.

Depuis le début de la crise, le Président de la République d’Ingouchie, Mourat Ziazikov, affirme faire l’objet d’une campagne médiatique visant à le discréditer mais n’envisage pas de solution autre que répressive. Résultat : l’Ingouchie enregistre aujourd’hui un niveau de violence supérieur à celui qui règne dans la République voisine de Tchétchénie, pourtant dirigée par un régime répressif et toujours en proie à une rébellion séparatiste.

Parallèlement, c’est tout le Caucase du Nord qui subit une violence endémique. Attentat, mercredi 21 novembre au soir, contre Farid Babaev, représentant du parti Yabloko au Daguestan, décédé aujourd’hui ; explosion d’un bus en Ossétie du Nord jeudi 22 novembre, apparemment liée à un attentat suicide : autant de manifestations tragiques que la politique de restauration de l’ordre et de la « verticale du pouvoir » mise en place après la prise d’otages de Beslan (1-3 septembre 2004) n’a pas fait progresser la sécurité et l’état de droit aux marches méridionales de la Russie. Au contraire, l’usage arbitraire de la force par les représentants cooptés du pouvoir central renforce les rancœurs des populations contre le centre et ses affidés, et enveniment, par de dangereuses instrumentalisations, de vieilles tensions ethniques. La répression ou la stigmatisation des acteurs de la société civile qui tentent de faire la lumière sur les événements et sur les responsabilités ne font qu’aggraver l’impunité, l’opacité et la violence.

A une semaine des élections parlementaires en Fédération de Russie, il n’est pas possible qu’un tel climat de tension ne soit pas pris en compte. Mais il ne faudrait pas que cette situation soit interprétée comme une nouvelle manifestation du terrorisme international par des autorités moscovites habituées à user de ce concept pour justifier et aggraver les errements de leur politique sécuritaire.

En conséquence, la Coordination des Comités Tchétchénie de France et de Belgique incite les autorités françaises et européennes à communiquer leurs préoccupations concernant les problèmes sécuritaires au Caucase du Nord ; à ne pas céder à une interprétation simpliste qui relierait ces événements à la piste commode du terrorisme international ; à signifier aux autorités fédérales russes la nécessité de respecter, en toutes circonstances, leurs engagements internationaux en matière de défense des droits de l’homme ; à protéger, et non entraver, menacer ou réprimer, l’expression de la société civile, de la presse et des défenseurs des droits de l’homme.

Coordination des Comités Tchétchénie de France et de Belgique

P.-S.

COMITÉ TCHÉTCHÈNIE DE LYON : Chaque mardi de nouvelles informations de 18h à 19h sur le perron de l’hôtel de ville, place des Terreaux, Lyon 1er.

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