Cette action, baptisée « Lâchez-nous la grappe », avait pour but de donner un autre écho à la campagne de convocations menée conjointement par l’ANPE et le Conseil Général. Fin juillet, l’ANPE a adressé à 4 600 personnes au RMI une « invitation » afin de faire connaitre les vendanges et les inciter à accepter une offre ou plus.
Voir notre article du 13 août.
Vers 8 h 30, l’ANPE de Vaise ouvre « une porte », chaque personne convoquée doit présenter le courrier reçu ; d’autres fournées sont prévues toute la journée. Un peu plus tard dans la matinée, nous entrerons malgré le refus de la direction, il est hors de question que cela se passe de façon confidentielle !
Les présents : le directeur d’agence, son patron (le directeur départementale de l’ANPE), plusieurs agents de l’ANPE ainsi que des personnes du Conseil Général en charge de l’insertion dont sa responsable. Malgré notre entrée plutôt houleuse, nous suivons une présentation murale de l’opération durant dix minutes : le Beaujolais c’est où ? les bonnes raisons de faire les vendanges, combien ça rapporte, les différents postes offerts (...).
Plusieurs personnes interviendront à l’issue de cette surréaliste présentation : des questions sont posées comme les conséquences d’un refus de faire les vendanges ou de ne pas se rendre à la dite convocation... Il n’y aura pas de réponses sérieuses ou rassurantes. Puis, les convoqués devront remplir une fiche de candidature pour les intéressés, les autres seront invités à motiver leur refus...
L’occupation se poursuivra une demi-heure malgré les appels du directeur à quitter les lieux.
L’après-midi. Vers 14 h 30, de nouveau les chômeurs entreront en action en se rendant à l’ANPE de Villeurbanne (Charpennes). La résistance sera un peu plus musclée mais malgré cela, nous pénétrerons à l’intérieur. Même discours que le matin. En fin d’après midi, nous quittons les lieux avec au moins la certitude que ce que nous dénoncions à une réalité, c’est même peut être pire !
Le RMIste a des droits et des devoirs : répondre aux convocations, accepter un petit boulot au lieu de rester « oisif » et inutile et éventuellement peut être sanctionné s’il n’obéit pas promptement. Ca c’est le point de vue du directeur départemental de l’ANPE... Nous voilà rassuré, il y aura bel et bien des suspensions de RMI et des radiations pour celles et ceux qui refuseront les petits boulots !
Cette remise au travail revêt un caractère obligatoire et essentiellement cette remise au travail se fait de façon coercitive, à savoir : il faut accepter les boulots de merde payés des miettes sous peine d’être puni, un chouette laboratoire pour expérimenter le salariat précaire, les salariés en poste n’ont qu’à bien se tenir !
L’on a pu se rendre compte durant cette journée d’un niveau élevé d’infantilisation des institutions en direction des RMIstes (des chômeurs en général) : l’autonomie et la capacité d’être, de faire sont attaquées fontalement par les institutions (que ce soit l’ANPE, le Conseil Général).
Les RMIstes convoqués réagissent souvent assez mal à ces situations (convocations par exemple) : beaucoup considèrent qu’ils sont assez grands pour aller chercher une offre de vendangeurs à l’ANPE s’ils le souhaitent, être convoqué est souvent mal vécu, cela implique une violence sociale supplémentaire au vécu de misère au RMI. Beaucoup nous ont fait part de leur refus, leur rejet des petits boulots, de l’impossibilité d’avoir un projet professionnel, de pouvoir le faire aboutir (l’accès à la formation par exemple).
Ce type d’opération est organisée avec le soutien des institutions de l’État dans un cadre bien particulier : « faire les vendanges c’est remettre le pied à l’étrier, se redonner une chance de travailler, de s’en sortir... » (mots entendus ce jeudi matin à l’ANPE de Vaise). Les RMIstes ne sont dupes, c’est du bla-bla-bla, de la précarité supplémentaire !
Dans la présentation, on pouvait voir une diapo indiquant que « faire les vendanges c’est travailler en position courbée », gageons que les RMIstes se batailleront pour refuser de courber l’échine face à ces méthodes de remise au travail forcé !
Un participant.
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