Manifeste pour la constitution de Comités de Quartier à Lyon et environs et permiers RDV

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Le Comite de lutte de Lyon propose ici un manifeste politique pour que des comités de quartier d’autodéfense populaire et antifasciste fleurissent partout dans la Métropole.
Premiers rdvs :
- Pentes de la Croix-rousse : Jeudi 26 septembre 19h à l’Alternatibar
- Villeurbanne : Lundi 30 septembre 18h au Parc des Droits de l’Homme
- Lyon - Guillotière : Mercredi 2 octobre 18h (lieu à définir - info à suivre)

D’où vient l’idée ?

Pendant près d’un mois, la possibilité d’une victoire de l’extrême-droite aux élections législatives nous a amené à plonger tête baissée dans la bataille pour empêcher à tout prix l’hypothèse fasciste au sommet de l’Etat. Comme souvent, ces mouvements de réaction nous mettent dos au mur, nous cédons à l’urgence et agissons de manière à n’obtenir qu’un sursis face au pire. Le score du Nouveau Front Populaire et les désistements ont ainsi barré la route à la constitution d’une majorité parlementaire d’extrême-droite. Pour autant, les votes pour le Rassemblement National n’ont jamais été aussi hauts (+ de 10 millions d’électeur•ices), lui permettant ainsi de doubler son nombre de sièges à l’Assemblée Nationale et d’être le premier bloc politique en termes de progression électorale. Nous ne nous faisons pas d’illusions. La « victoire » du NFP n’est que de façade. De fait, les dirigeant•e•s des partis le constituant sont d’ores et déjà divisé•e•s, les amenant à proposer comme nouvelle Première Ministre une technocrate issue des rangs de l’ENA et du PS pour rassurer la bourgeoisie. Macron a refusé de leur donner la possibilité de gouverner et quand bien même au pouvoir, le NFP n’aurait pu appliquer son programme - aussi mou soit-il - et aurait dû subir les assauts du Capital. De toute manière, il leur a préféré la nomination d’un autre technocrate permettant d’assurer une alliance entre la droite et l’extrême-droite.

Cette séquence constitue tout de même un sursis. Elle a été par ailleurs l’occasion de mesurer les nombreuses difficultés qui traversent le « milieu militant », que ce soit en terme d’anticipation et de coordination. Ce moment a aussi mis en lumière le manque d’ancrage politique à l’échelle de nos quartiers, et la persistance d’un entre-soi. Face à ces impasses stratégiques et politiques, il est apparu nécessaire de sortir de l’urgence et d’anticiper les prochaines restructurations du Capital. Tout ne se joue pas dans une élection, loin de là. C’est pourquoi, pour conjuguer anticipation et coordination, tout en construisant l’autonomie politique par la base, il est apparu l’idée de constituer des Comités de Quartier sur nos lieux de vie et d’habitation.

Ce mode d’organisation ne vient pas de nulle part. Dans d’autres pays, comme en Espagne, ils constituent des modalités structurantes pour les luttes sociales et politiques. De plus, cette idée a également émergé dans d’autres villes françaises à la suite des élections. Enfin, à Lyon, des expériences présentes ou passées, comme le Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité au quartiers des Etats-Unis ou le collectif La Guillotière n’est pas à vendre, constituent des ressources sur lesquelles nous pouvons nous appuyer. Il existe, en parallèle, des lieux de vie et de luttes qui sont autant d’espaces à investir, pour d’ores et déjà nous organiser au sein de nos quartiers, comme l’Espace Communal de la Guillotière et son Annexe ou l’Ile Égalité à Cusset.

Pourquoi se constituer en Comités de Quartier ? En quoi permettent-ils de dépasser les impasses évoquées ?

Les quartiers constituent des espaces intrinsèquement politiques. Ils sont des lieux de vie, d’habitation, de relations sociales et d’interconnaissances. Ce sont des lieux où l’on travaille, où l’on se rencontre et qu’on investit au quotidien. Ils possèdent leurs problématiques spécifiques, et s’y forgent des solidarités et des résistances pour y faire face. Ce sont également les espaces qui parlent au plus grand nombre, contrairement à la métropole qui jette des milliers de personnes dans l’anomie. Il faut donc repartir de la base et des enjeux liées à chaque espace de vie en construisant une dynamique autonome de lutte par quartier. Loin de s’enfermer dans l’entraide interpersonnelle et l’action humanitaire, les Comités devront toujours avancer sur un chemin de crète. Les luttes collectives doivent chercher à transformer ici et maintenant nos conditions matérielles d’existence. Mais celles-ci ne seront réellement émancipatrices que si elles permettent d’engager un maximum de personnes concernées dans l’action politique et de politiser ainsi les problématiques auxquelles nous sommes confronté•e•s au quotidien. Nous pensons notamment aux questions de logement, à la réappropriation populaire de l’espace public, à l’accès à une alimentation saine et aux biens élémentaires de consommation, à la pratique sportive, à l’éducation, etc. Face aux attaques capitalistes qui nous enfoncent jour après jour dans la précarité et la misère tout en engraissant toujours plus les patrons et les proprios, le Comité de Quartier peut être une alternative complémentaire aux luttes qui se déploient dans d’autres sphères (travail, université, etc.).

Si ces espaces sont intrinsèquement politiques, leurs représentations le sont également. Les discours dominants instrumentalisent les problématiques de certains quartiers au profit d’un agenda réactionnaire. Le réinvestissement politique de nos lieux d’habitation peut constituer un moyen efficace pour déconstruire les fausses représentations qui ont bien souvent des effets concrets sur nos espaces de vie : surveillance généralisée, militarisation croissante, banalisation du racisme, marchandisation de l’espace public et gentrification. Face à la doxa de l’insécurité permanente, il y a un enjeu à apporter, à notre échelle, une réponse progressiste à des problématiques légitimes (comme le besoin de sécurité et de tranquillité) mais qui ne sont politisées bien souvent que par l’extrême-droite. Il y a tout intérêt à montrer qu’au contraire, nos quartiers peuvent être des espaces conviviaux, qui abritent d’ores et déjà des liens d’entraide, de solidarité. La vraie insécurité, c’est celle de la précarité, du racisme quotidien, des violences sexistes et sexuelles, des discriminations de genre, des attaques transphobes. Bref, des rapports de domination dans leur ensemble.

Enfin, ces espaces sont à envisager d’emblée dans une perspective internationaliste et antiimpérialiste, et notamment en solidarité avec toutes celles et ceux qui luttent contre l’oppression coloniale comme, entre autres, en Palestine ou en Kanaky.

Comment articuler luttes quotidiennes et perspectives révolutionnaires pour les Comités de Quartier ?

Les Comités de Quartier offrent de véritables perspectives transformatrices et révolutionnaires. Leurs actions peuvent s’articuler selon trois échelles :

1. La première échelle est celle du temps court et des galères du quotidien. Les CdQ doivent se penser comme des espaces de luttes face aux difficultés matérielles qui structurent le quartier. Pour cela, ils pourront s’appuyer sur les collectifs de lutte existants (ex : DAL69 ; anti-cra...) et tenter de développer une dynamique autonome de lutte propre au quartier. Par la lutte, on politise nos problématiques et on prend conscience des capacités qu’offre l’action collective.

2. La seconde échelle est celle de la course contre la montre face à l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite. On le sait, tout ne changera pas du jour au lendemain avec la prise de pouvoir de l’extrême-droite, mais elle rendra nos existences toujours plus compliquées pour satisfaire les besoins du Capital. Les discours et les actes racistes déjà banalisés par l’Etat augmenteraient de manière exponentielle, diligentées depuis son sommet. La lutte au quotidien doit permettre de constituer à moyen terme les solidarités et les outils nécessaires pour affronter et résister à la fascisation en cours.

3. La troisième échelle est celle du mouvement social. Les mouvements sociaux peuvent constituer des interstices politiques à investir pour rabattre les cartes en profondeur dans le rapport de force engagé avec le Capital et l’Etat. La politisation, les solidarités et les liens tirés de la lutte quotidienne pourront alors être engagés pour se doter d’une coordination efficace à l’échelle de la métropole. Etre apte à se coordonner sur l’ensemble du territoire métropolitain est une nécessité stratégique et un prérequis à toute perspective révolutionnaire à l’échelle nationale puis internationale.

Comment ?

Chaque Comité sera autonome l’un vis-à-vis des autres. Ils n’ont pas à agir de la même façon ni à traiter des mêmes questions car chaque quartier possède ses propres spécificités, problématiques et ressources. Pour se coordonner, le Comité de Lutte Lyon (CLL) agirait comme une plateforme facilitant la communication et le retour d’expériences entre comités de quartier, permettant ainsi leur mise en coordination à l’échelle de la métropole.

Le Comité de Quartier peut être un espace où s’organise l’autodéfense populaire au quotidien. Face aux patrons et aux proprios, face à l’Etat et aux fachos, face aux colons et aux génocidaires, on se défend, on reprend tout et on se sert.

Le Comité de lutte - Lyon

Premiers rdvs :
- Pentes de la Croix-rousse : Jeudi 26 septembre 19h à l’Alternatibar
- Villeurbanne : Lundi 30 septembre 18h au Parc des Droits de l’Homme
- Lyon - Guillotière : Mercredi 2 octobre 18h (lieu à définir - info à suivre)

jeudi 26 septembre 2024

Création du comité de quartier Lyon 1er

19h00 - 22h00
Alternatibar

126 montée de la grande côte 69001 Lyon

lundi 30 septembre 2024

Création du comité de quartier de Villeurbanne

18h00 - 21h00
Parc des Droits de l’Homme

Parc des Droits de l’Homme

mercredi 2 octobre 2024

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