LES PROTAGONISTES
Créée en 1928 en Espagne à l’initiative de José Maria Escriva de
Balaguer, prêtre catholique canonisé en 2002 par Jean-Paul II, l’Opus
Dei, prélature de l’Eglise catholique, est une organisation puissante,
présente dans le monde entier.
Après la Lune est une modeste maison d’édition fondée en janvier 2006 dont le gérant/directeur est l’écrivain Jean-Jacques Reboux. [1] Catherine Fradier est auteure de polars, de Chabeuil, dans la Drôme.
LES FAITS
18 mars 2007.
Parution en librairie de « Camino 999 », roman de Catherine
Fradier, publié dans la collection de polars « Lunes Blafardes ». C’est
une fiction, menée tambour battant, de Lyon d’abord jusqu’en Irlande, en passant par l’Argentine.
31 mai 2007.
L’Opus Dei, représentée par son avocat Alexandre Varaut,
intente un procès à l’éditeur du livre, Jean-Jacques Reboux, en
qualité d’auteur principal, et son auteure, Catherine Fradier, en
qualité de complice, pour diffamation à l’encontre de l’Opus Dei, et
réclame 30.000 euros de dommages et intérêts, 5.000 euros de frais de justice, ainsi que la publication à ses
frais d’un communiqué, dans un journal choisi par le plaignant, dans la
limite de 15.000 euros.
QU’EST-CE QUI EST REPROCHÉ ?
L’Opus Dei reproche de faire référence dans le titre, « Camino 999 », à El Camino,
oeuvre de José-Maria Escriva, composée de 999 maximes
spirituelles.
L’Opus Dei reproche de porter atteinte à l’honneur et à la considération de
la prélature de l’Opus Dei.
L’Opus Dei reproche de mêler étroitement la fiction et la réalité, le vrai
et le faux, sans avertir le lecteur sur la distance qu’il conviendrait
de prendre quant aux faits énoncés et sans jamais l’inviter à faire la
différence entre fiction et réalité.
Dans son assignation, l’avocat de l’Opus Dei cite un arrêt de la Cour de
Cassation du 27 novembre 2001 considérant comme diffamatoire un roman de
Mathieu Lindon présentant Jean-Marie Le Pen comme le chef d’une bande de tueurs, alors qu’il est clairement énoncé dans Camino 999 (ainsi que le relève d’ailleurs l’assignation) que le personnage principal du roman, instigateur de meurtres, est un personnage de fiction.
LES CONSÉQUENCES
Avec ce type d’assignation, c’est la liberté d’expression et de création
littéraire qui est mise en danger. Cette menace pourrait concerner
demain, si elle faisait jurisprudence, tous les écrivains.
Dans un second lieu, c’est l’existence même d’une maison d’édition qui
est menacée, car si Après la Lune a de bonnes chances de gagner ce procès, elle doit engager des frais d’avocat pour assurer
convenablement sa défense.
Face à une organisation puissante et argentée, une petite maison
d’édition victime d’une censure économique lutte pour sa survie.
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