Le matin touche à sa fin lorsque les premières altercations entre forces de l’ordre et manifestants ont lieu. Fumigènes, gaz lacrymogène répondent au barrage installé par les « anti-CPE » sur le pont de la Guillotière. Anthony, chômeur de 25 ans et asthmatique au niveau trois se tient à l’avant du cortège, « si je respire des gaz lacrymogènes, je peux y rester », livre-t-il. Il ajoutera plus tard « Je pense à mes enfants et à ma condition actuelle, je ne veux pas qu’ils vivent ma situation. Je veux me battre pour eux sans pour autant y laisser ma peau ».
La manifestation improvisée continue son bonhomme de chemin, tantôt fuyant la répression et frôlant l’émeute générale, tantôt marchant tranquillement. Marjorie, 19 ans en CAP photographie confie « Le CPE concerne tout le monde, même si ça m’est égal, je manifeste par solidarité ». Arrivé place Guichard, Francis, musicien, libertaire et intérimaire forcé de 48 ans déclare « J’ai un travail que je hais, je ne peux pas vivre de ma passion...le système est gangrené et le CPE qu’une excuse ».
Alors le CPE, souffle qui aurait avivé la flamme qui dormait depuis mai 68 ? Même si aujourd’hui la revendication reste différente, il semblerait que le fond soit le même : un terrible besoin pour la jeunesse de dire haut et fort
« j’existe ».
Compléments d'info à l'article