Ces élections régionales ont fait bon nombre d’heureux-euses. Les citoyens ont enfin pris leurs responsabilités et ont sanctionné la politique antisociale du gouvernement dans les urnes (!). Chouette. En plus, l’abstention a baissé. Re-chouette. En écoutant les journalistes du Monde Diplo à l’émission de Daniel Mermet (France inter) au lendemain du 2e tour, les électeurs-trices auraient, soit disant, découvert que le vote constituait un véritable moyen d’action sur la vie politique et que voter pouvait vraiment « changer les choses ». Diraient-ils toujours cela maintenant que le « nouveau » gouvernement a été nommé ? Qu’est-ce que le vote a changé ? Ah oui, au lieu d’avoir Sarkozy à l’Intérieur il est au budget. Si je peux me permettre ça fera toujours une politique pro-sécuritaire qui, en plus, fricotte avec les grosses entreprises.
Ah, j’oubliais, ces élections ont, quand même, été un vrai bouleversement, un séisme même : le PS et ses acolytes a gagné 20 des 22 régions ! Je vois déjà d’ici le budget de la culture triplé, quadruplé, des bibliothèques qui poussent comme des champignons et des commissariats réquisitionnés pour abriter des sans-papiers et des demandeurs et demandeuses d’asile... Bon, on va se calmer. Le coup des super-héros (en l’occurrence les socialistes) qui sont une vraie alternative à la politique antisociale de la droite on nous l’a déjà fait... comme la vie lyonnaise y est plus agréable depuis que Collomb est maire de cette contrée. A Lyon, le socialisme a été, sinon l’instigateur, au moins la continuité d’une politique pour le moins anti-pauvres, anti-prostituées, pro-répressive et j’en passe. Un bref rappel d’un historique non exhaustif :
chapitre 1 : ferme ta gueule. Tout commença à la rentrée 2001 quand la municipalité adopta une loi pour la propreté et surtout contre l’affichage libre sur les murs de la Croix-Rousse et du 7e. Conséquences : manif, répression, arrestations, procès.
chapitre 2 : pas de pauvres dans la rue. Le budget de l’extension de la vidéosurveillance a été multiplié par trois. Les principaux quartiers visés sont les quartiers populaires comme le 7e ou la Croix Rousse.
chapitre 3 : des quartiers sécurisés pour les riches. La réhabilitation de nombreux quartiers comme la Croix-Rousse, Gerland ou Perrache (Projet du Confluent) permet d’en expulser les pauvres en augmentant les loyers. L’arrêté anti-prostitution qui date de l’année passée en est le révélateur. Les prostitué-e-s ont été expulsé-e-s de la presqu’île parce que ça faisait sale en ville. Ainsi, les prostitué-e-s connaissent une multiplication des agressions car elles-ils exercent en périphérie dans des endroits glauques.
chapitre 4 : soit pauvre et démerde-toi. La municipalité a coupé les subventions de plusieurs assocs qui font de l’aide aux publics précaires : Cabiria (aide aux prostitué-e-s), Escale Cavenne (aide aux plus pauvres),...
Parce que le socialisme récupère les belles idées sécuritaires de la droite, qu’elle même a piquer au FN, et tout cela par pure démagogie : abstenons-nous.
Refusons ce système qui s’enlise et nous enlise dans la politique du « moins pire ». Abstenons-nous, oui, mais surtout construisons une réponse collective dans la rue ; parce que le bulletin de vote qui permet de se réapproprier le champ politique a toujours été le pavé.
kartochka
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