Une fois n’est pas coutume, tous les artistes avaient accepté de jouer le jeu gratuitement. Accepter de donner un spectacle gratuit représente un véritable effort financier. Les répétitions, le spectacle, la communication propre à chaque artiste, autour d’un événement, représentent autant de travail non salarié. L’activité relève alors plus du mécénat que du bénévolat. C’est donc avec surprise que nous
apprenons cette annulation, au mépris de nos engagements respectifs.
Suite à cette annulation, un certain nombre de questions se posent. Nous avons aujourdhui du mal à discerner le vrai du faux dans le flot de rumeurs mélangées à quelques vérités échappées de façon indiscrète.
Devons-nous considérer que la Mairie de Lyon a un rôle primaire ou secondaire dans l’annulation de cette guinguette, ou au contraire qu’il s’agit d’un recul simple des organisateurs ?
Existe-t-il un lien entre les événements survenus la veille de cette annulation (ndm : une bagarre) et la décision d’annuler ?
Quelle était la véritable motivation des organisateurs dans le fait de monter une guinguette exclusivement hip-hop ?
En l’absence d’explications claires, nous tenons à apporter quelques éléments sur la vision que nous avons de nos métiers.
La violence physique n’est pas reconnue comme une discipline du hip-hop. En aucun cas, il ne peut nous être reproché l’attitude d’une minorité d’individus sur-alcoolisés dans nos concerts. Ce type de problème se pose avec tous les styles musicaux dits « festifs ». Nous regrettons parfois que la peur paralyse certains organisateurs ou membres responsables du public, et empêche leur intervention en cas de tension apparente.
Le rap est une musique et un art contestataire et revendicateur. Les propos de certains artistes peuvent ne pas faire l’unanimité. Si certains programmateurs et organisateurs revendiquent aussi cette attitude, il serait tout à leur honneur qu’ils tiennent alors leurs engagements.
Nos arts sont parfois jugés trop « ethniques et banlieusards ». Lyon-Capitale nous reproche de par nos attitudes et nos propos de ne pas être conviviaux. Dans toutes les soirées organisées autour des disciplines du hip-hop, nous n’avons jamais enregistré de plaintes sur un éventuel refus d’entrée à une
personne portant costume et cravate. Convenons donc qu’en matière de convivialité et d’accueil nous n’avons aucune leçon à recevoir.
Cette annulation spécifique au "Carré Hip-Hop", nous marginalise sur notre expression artistique. Comprenez qu’il nous est difficile de croire encore à vos promesses conceptuelles d’une société différente, sans ghetto physique ou mental, sans journaliste débordant d’intérêts intéressés, sans programmateur « obligé » de solliciter nos prestations gratuites !
Convaincus qu’une explication autre que mercantile ou discriminatoire peut être apportée quand à l’annulation de la programmation de cette guinguette, nous restons ouverts, comme toujours, au dialogue. »
Etienne Gachet (manager)
Experimental (artiste)
Les Lynxs (artistes)
Dj Duke (artiste)
Jean-Marc Mougeot (journaliste, programmateur)
Gas (artiste)
Georges Praxis (artiste)
Les Gourmets (artistes)
Casus Belli (artiste)
Scratch Bandits Crew (artistes)
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