C’est une grande victoire pour la gratuité des transports en commun ! En effet, deux associations majeures dans le domaine des transports en commun, à savoir la FNAUT « représentant les voyageurs » et l’UTP « représentant les entreprises de transport« , viennent de se réunir pour dénoncer dans un communiqué commun la gratuité. Si ces deux associations éprouvent le besoin de conjuguer leurs efforts pour attaquer la gratuité, c’est très probablement qu’il y a le feu au lac !
La gratuité des transports en commun en milieu urbain est un phénomène qui, tout en restant encore marginal, tend à se développer sur la période récente. Aujourd’hui, on compte en France une vingtaine de villes ou d’agglomérations qui ont instauré la gratuité totale des transports en commun. Bien mieux, certaines villes où la gratuité existe depuis plus de 20 ans n’ont pas l’intention de changer de modèle. Par ailleurs, lors des dernières élections municipales de 2014 de nombreux candidats, de droite comme de gauche, ont proposé d’instaurer la gratuité des transports en commun.
La gratuité a donc le vent en poupe, elle apparaît comme une solution qui répond à la fois aux enjeux environnementaux, en favorisant les alternatives à l’automobile, et aux enjeux sociaux, en favorisant le droit au transport et le pouvoir d’achat des ménages.
Or, les 9 et 10 janvier derniers, la FNAUT et l’UTP ont voté une « position commune » dont le titre en lui-même est évocateur : « Pour un développement durable du service de transport public, non à la gratuité totale« . Cette position commune se présente comme un argumentaire détaillé contre la gratuité, il permet donc de mieux cerner ce qui soude et réunit les opposants à la gratuité des transports en commun.
Venant de la FNAUT et de l’UTP, deux associations sérieuses et respectées, on s’attend donc à un argumentaire en béton qui va réduire à néant les « illusions de la gratuité ». On va être déçu.
Déjà, le titre du communiqué en dit long, cela pourrait être un jeu de mots, mais il s’agit plus probablement d’une énième utilisation éculée du terme « développement durable ». Car ici, il ne faut pas comprendre que le transport public serait éventuellement un outil du développement durable, mais plutôt que le seul moyen de « développer » le transport public sur le long terme est de le rendre payant pour les usagers.
Cette seule affirmation est déjà un non-sens car dans les faits, les recettes commerciales, c’est-à-dire la vente de titres de transport, représentent une très faible part du financement des transports en commun, allant d’en moyenne 15% pour les petites agglomérations à 23% pour les plus grandes agglomérations de France (1).
Dit autrement, le financement des transports en commun en France est déjà assuré entre 77% et 85% par les contribuables et les entreprises. Bien pire, dans certaines villes, les recettes de billetterie sont inférieures aux frais de perception (2). Ce qui veut dire, tenez-vous bien, que les ventes de tickets et d’abonnements ne couvrent même pas les coûts matériels et humains pour vendre les tickets, composter et contrôler les usagers. En d’autres termes, dans certains cas, on fait payer les usagers pour pouvoir tout simplement vérifier qu’ils payent…
Mais, venons-en au cœur de l’argumentation de la FNAUT et de l’UTP. En fait, ils ont produit un document en 10 points, classés de 1 à 10. Nous allons donc étudier chaque point individuellement.
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