A Lyon, à l’heure du confinement, les mesures prises pour limiter la propagation du Covid-19 ont eu un impact dramatique sur pour les populations vivant à la rue ou en hébergement précaire : fermeture des accueils de jour, fermetures des permanences d’accès aux soins et au droits, suspension des équipes mobiles de psychiatrie et d’addictologie, arrêt de certaines maraudes alimentaire ; fin des hébergements à la nuitée. Les professionnels de l’urgence sociale alertent la Préfecture sur cette situation intenable et indigne pour des milliers de personnes précaires oubliées.
Une semaine après le début du confinement, force est de constater que les mesures en faveur des personnes précaires ne sont pas à la hauteur de la crise.
Des hébergements pour tou·te·s
Nous saluons la prolongation de la trêve hivernale de deux mois, mais souhaitons avoir plus de garanties qu’il n’y aura aucune expulsion (ni de logement, ni de squat, ni de bidonville) pendant cette période. Nous pensons aux personnes qui n’ont pas pu avoir une place sur le dispositif plan froid et qui n’auront aucune chance de trouver un hébergement pendant le confinement. A l’heure où le gouvernement intime à toute la population de rester chez soi pour ne pas tomber malade, sur le seul département du Rhône 9 000 personnes sont à la rue et n’ont aucun chez soi où se réfugier. Les nombreuses personnes habitant en squat se retrouvent confinées tout en vivant en conditions de forte insalubrité.
Les mesures annoncées sont plus qu’insuffisantes : 2 000 places en hôtel pour toute la France ne vont pas pallier à des années de non gestion de la question des personnes sans abri ! Mettre les personnes contaminé·es à l’abri est indispensable, mais il est impensable de ne pas protéger du virus celles et ceux qui ne sont pas atteint·es. En ce sens, nous continuons d’exiger la réquisition de logements et de bâtiments vides.
Les dispositifs d’aide fermés : comment survivre ?
A Lyon aujourd’hui il n’est plus possible ou très difficile de se nourrir, se vêtir, se soigner, boire ou même aller aux toilettes si l’on est sans-abris. Ce sont les besoins primaires des personnes qui ne sont pas pourvus. Cette crise met en lumière l’abandon par l’État du médical et du social par les différentes politiques de restriction budgétaire et de restructuration. Si le premier ministre salut les mouvements de solidarité nous considérons que c’est aux pouvoirs publics d’organiser l’accès aux besoins primaires de tou·tes, y compris des plus démuni·es et qu’il est de la responsabilité de l’État de n’abandonner personne face à cette crise.
En terme de santé mentale, la situation est également critique : on observe la fermeture des hôpitaux de jour, la suspension du passage des équipes mobiles de psychiatrie et d’addictologie. Dans les centres d’hébergement, dans la rue, en logement, comment vont faire les personnes en souffrance psychique pour tenir bon face à l’inquiétude qui nous atteint tou·te·s ?
Les professionel·le·s du social sans protection ni informations !
Nous, travailleurs·euses sociales·ux, dénonçons un manque criant d’informations ainsi que de matériel de protection. Nous n’avons pas pu assurer correctement la prévention des personnes à risque, mais aussi, nous risquons à tout moment d’être propagateur·rice de ce virus. Les mesures prises par les pouvoirs publics et notamment les moyens donnés aux professionnel·les de l’urgence sociale ne sont pas à la hauteur. Comment pouvons-nous protéger les personnes que nous accompagnons sans des conseils sanitaires adaptés aux spécificités de nos métiers et sans moyens concrets pour que les personnes puissent suivre les mêmes conseils sanitaires ?
Face à la crise nous allons prendre nos responsabilités et comme les soignant.es assurer la continuité de nos services parce que nous les devons aux personnes avec lesquelles nous travaillons. Combien de morts pour que nos dirigeant·es prennent cette question à bras le corps ? Nous espérons sincèrement que cette crise leur permettra de prendre conscience de leurs responsabilités. Les personnes meurent non pas pour des raisons sanitaires mais bien à cause de politiques sociales inhumaines que nous dénonçons depuis des années.
Nous demandons : la réquisition des logements vides, un plan d’urgence alimentaire et sanitaire, des moyens pour nous protéger nous et les personnes que nous accompagnons, la réouverture des lieux d’accompagnements. Nous exigeons que tout le monde - malades et non malades - soit mis à l’abri et ait un véritable accès aux soins !
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