Samedi 10 juin 15 h, place de la République à Lyon, au milieu du flôt de consommateurs, un petit stand antispéciste informe sur la torture animale, à coté se trouve un vélo avec une énorme remorque chargé de pub ! C’est le rendez vous du déversement publicitaire, action symbolique qui vise à dénoncer le gaspillage de papier et d’argent que provoquent les pubs qui arrivent quotidiennement dans nos boites aux lettres et qui, accumulées représentent 40 kg de papier par an par boite aux lettres. Malheureusement les militants anti pub ne sont pas au rendez vous, seulement une dizaine sont prêts à déverser lorsque surgit un défilé plutôt étrange qui les décidera à repousser l’action...

En effet, un long défilé avec des cortèges représentants des vieux quartiers de Lyon, la Turquie, le Liban, la Pologne, l’Italie, l’Arménie, St Marin, l’Île de la Réunion parcourt la rue de la République entre Hôtel de Ville et Bellecour. Chaque cortège porte fièrement son drapeau national, ses vieux étendards en tissus, ses vieilles écussons, blasons... et est accompagné d’une fanfare tantôt plus ou moins militaire, tantôt de musique traditionnelle. Les participants sont vêtus de costumes moyen-ageux lourds, bref un défilé assez hétéroclite, un peu étrange, on avait l’impression de voir une sorte d’internationale des folklores nationalistes de tous les pays sans que ce défilé ait une quelconque revendication nationale claire. Ce sont deux fillettes, qui ouvraient la marche et qui tenaient chacune un drapeau : l’une le drapeau de l’Union Européenne et l’autre le drapeau arc en ciel avec écrit PACE... Drôle d’assemblage, l’Europe, la paix et les folklores du monde entier alors qu’au même moment l’Union renvoie à coup de charter ceux et celles qui soit disant ne contribueraient pas à sa croissance.

Justement à quelques pas de là, place des Terreaux, il y avait un autre défilé sans fanfare ni costume mais avec slogans et revendications : « c’est pas les immigrés qu’il faut éliminer, c’est le chômage et la précarité ». 800 personnes en lutte contre la nouvelle loi sarko sur l’immigration, qui prévoit le fabuleux concept d’immigration choisie et qui durcit les conditions de résidences et de naturalisation des étrangers (cf Projet de loi SARKO). Défilé modeste, très barbant, à l’image du cortège de LO dans lequel les militants n’éprouvent plus le besoin de gueuler eux-mêmes les slogans puisqu’ils sont pré-enregitrés et diffusés en boucle par un « mégaphone numérique ». La voix LO-tomatique qui n’a que deux slogans endort les manifestants. Un autre mégaphone, humain celui là, essaie de les réveiller : « les flics dans les quartiers, expulsions des sans papiers, y’en a marre, à bas tous les gouvernements ». Plus juste et plus dynamique certes, mais pas très fédérateur et donc pas repris non plus. Derrière les bannières trop visibles de LO et de la LCR, les acteurs au quotidien de la lutte pour les immigrés et les sans papiers que sont le réseau éducation sans frontière ou le collectif de soutien à Madan Dabo (malien actuellement en prison et qui sera expulsé à sa sortie pour délit de solidarité) étaient bien représentés. A signaler la présence de certains élus communistes et même des élus socialistes de Lyon, sûrement présents pour s’excuser d’avoir fait annuler la dernière manif prévue place des terreaux le mois dernier. (cf concert interdit par la mairie de Lyon)

Le cortège est parti des Terreaux, après être passé place Bellecour, à la Guillotière, devant la préfecture, il s’est rendu devant le siège de la police de l’air, siège gardé par quelques CRS en tenue anti-émeute. Les quelques témoignages apportés avant la dispersion étaient sûrement les moments les plus intéressants de l’après midi : un malien qui raconte les difficultés des démarches administrative, un français d’origine algérienne né ici, victime de la double peine, compare les lois CESEDA aux lois de Vichy... La forte chaleur a aussi certainement eu son rôle dans la mollesse du défilé. Néanmoins une cinquantaine de personnes s’est réuni à la fin pour discuter de la suite du mouvement. (cf Compte-rendu de l’AG)

De retour aux Terreaux, devant l’hôtel de ville, une table de presse de divers collectifs de soutien au peuple tibétain est déserte, par contre une dizaine de personnes se dispute un vélo taxi de la Presqu’île...

Le scrountch