La centrale nucléaire de Cruas a été bloquée mardi 2 novembre 2010, de 6h30 à 9h30 par une action citoyenne qui a rassemblé plus d’une centaine de personnes (vidéo). Cet acte de protestation prend place dans le mouvement d’opposition à la réforme des retraites (vidéo).
S’il y a déjà eu des blocages de la centrale nucléaire de Cruas en octobre, la particularité de l’action du 2 novembre tient à ce que la population locale a montré sa solidarité avec les travailleurs du nucléaire en lutte. Il y avait les organisations syndicales, des partis politiques, mais aussi (et c’est peut-être là que ça commence à sentir le roussi pour le pouvoir central) des réseaux d’amitié. En d’autres termes, des gens n’appartenant à aucune organisation ont débarqué parce que leurs amis étaient là et leur avaient demandé de venir. Ainsi, si l’action avait pu être détectée à l’avance par la police politique (la DCRI), il lui aurait été malgré tout impossible d’en déterminer l’importance à l’avance. Et si l’amitié constituait une arme majeure contre la stratégie de Guerre Révolutionnaire appliquée actuellement par les Etats occidentaux pour faire la guerre aux peuples ?
Durant le blocage, la police n’a d’ailleurs montré que le bout de son nez. Aucune force de l’ordre n’était présente à l’arrivée des manifestants. Quelques gendarmes habituellement présents dans la centrale sont sortis après un moment mais leurs congénères ne se sont montrés que bien plus tard, interdisant discrètement l’entrée des voitures sur les parkings pour éviter l’encombrement de la D86.
Sur place, ambiance sympa. Petit café offert par l’équipe syndicale de Cruas, un peu plus tard, les croissants, les pains au chocolat ; on fait connaissance, on papote, on évoque aussi ce monde en chute libre.
Le tout à l’ombre du monstre d’énergie.
Il y a quelque chose de fascinant à regarder ce gigantesque assemblage technologique en se disant qu’en cas de problème, il pourrait rendre l’Europe inhabitable. L’Europe inhabitable... Et l’on se demande alors ce qui s’est passé dans notre histoire pour en arriver là.
Petit détail troublant. A la question comico-provocatrice « alors quand est-ce qu’elles vont exploser ces centrales nucléaires ? », les travailleurs ne rigolent pas mais répondent très sérieusement qu’il y a de gros problèmes. L’un d’eux affirme même qu’il ne serait plus possible de remettre en état les centrales françaises tant leur délabrement serait avancé. Vous allez voir qu’un de ces quatre, c’est le nucléaire qui va tous nous mettre à la bougie...
La Bête de Cruas se constitue de 4 tranches produisant chacune 900 mégawatts. 4 X 900 mégawatts génèrent approximativement 4 X 1 000 000 € par jour. Une tranche (1 X 900mégawatts) était en arrêt pour révision annuelle le jour de l’action. Si le blocage n’a pas permis de ralentir la production, il a retardé de plusieurs heures la révision et a ainsi couté plusieurs milliers d’euros à EDF, société anonyme, donc à ses actionnaires. Objectif atteint.
Une preuve de ce succès est que certains travailleurs militants de la centrale nucléaire font l’objet d’une surveillance accrue et se plaignent même d’être suivis. Le monde des États et des entreprises est vraiment merveilleux.
Il n’est pas éternel.
Au final, tout le monde s’est quitté dans la bonne humeur, content d’avoir partagé un moment de solidarité, un moment collectif où tout n’était pas écrit à l’avance comme lorsqu’on se rend le matin au boulot ou à Pôle Emploi. Au delà du combat contre les néo-fascistes au pouvoir, tout un chacun a passé un agréable moment. Et si la résistance, les épreuves, l’aventure étaient les ingrédients de rapports humains de qualité ?
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