Au-dessus des lois, l’Etat envoie des balles dans la tête des bouquetins !
Monsieur le Préfet de la Haute-Savoie,
Emblème des montagnes, le Bouquetin des Alpes a failli disparaître après l’invention de l’arme à feu. Suite à la protection des derniers spécimens terrestres, l’espèce a échappé à l’extinction, et a pu être réintroduite dans quelques massifs. Bien que la loi interdise la chasse et l’abattage de ces animaux, vous avez ordonné, en octobre dernier, le massacre de centaines de bouquetins du massif du Bargy, car parmi eux, certains sont atteints de brucellose. Au nom du principe de précaution et pour des motifs économiques, l’Etat a donc décrété l’urgence, et a décidé de procéder à des abattages massifs sans faire de distinction entre les individus malades et les individus sains. A ce jour, l’Etat a tué au moins 234 bouquetins ; et les tirs pourront reprendre dès que les conditions d’enneigement le permettront. Ces abattages sont contestables. En effet, d’une part, l’infection est circonscrite au Bargy, car les bouquetins ne se déplacent pas vers les autres massifs ; d’autre part, le risque de propagation de la maladie aux autres espèces est extrêmement faible ; ce que confirment plus de 12000 tests effectués sur des bovins, moutons, chèvres, chamois, cerfs et chevreuils. L’urgence n’étant donc pas avérée, l’ANSES et le CNPN ont insisté – en vain – sur l’importance d’un temps scientifique avant la mise en œuvre de mesures de gestion drastiques. (1)(2)
Je ne peux qu’exprimer ma colère à l’égard des abattages effectués jusqu’à ce jour. Occultant toute possibilité de contestation, l’Etat n’a averti le public qu’au tout dernier moment. Vous n’avez pas respecté le calendrier que vous aviez fixé, sur France 3, le 26 septembre. Du jour au lendemain, 197 bouquetins ont été abattus, dont un grand nombre d’animaux non atteints de brucellose. Cette précipitation est contraire à l’échelonnement que vous avez évoqué dans une lettre adressée au Ministre de l’Ecologie. (3) Aucun délai n’a séparé la signature de votre arrêté de son exécution : il était donc impossible de soumettre le sort de ces 197 bouquetins à un juge. Pour que la Justice puisse être saisie, un intervalle de temps n’est-il pas nécessaire entre la prononciation d’un ordre et son exécution ? Sachant, de surcroît, que la situation d’urgence a été scientifiquement réfutée, les conditions d’exercice de votre autorité m’interrogent. D’ailleurs, à l’instar de la FRAPNA, de la LPO et du CSRPN, comment ne pas déplorer l’opacité autour des abattages massifs ? (4) Pour le vice-président de la commission faune du CNPN, « ordre a été donné de la préfecture de ne pas effectuer de prélèvements à but scientifique sur les cadavres, obérant ainsi lourdement les études en cours ». (5) Je reste convaincu que l’absence totale de contrôle sérologique sur les animaux abattus est délibérée, et vise à masquer la réalité de chiffres pouvant remettre en cause la contestable pertinence des choix passés et à venir de l’Etat.
Matthieu STELVIO, Défenseur et initiateur de la pétition Stop à l’abattage des bouquetins du Bargy.
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