Dans la nuit de vendredi à samedi, c’est une femme de 50 ans, détenue au quartier pour femmes de 60 places, qui s’est tuée. Elle s’est apparemment asphyxiée à l’aide d’un sac plastique. Elle faisait soit-disant l’objet d’une surveillance, ce qui signifie que les matons et l’administration pénitentiaire avaient repéré le risque qu’elle se suicide. Et… rien.
D’après le rapport 2011 de l’OIP sur les conditions de détention en France, les détenus se suicident six fois plus qu’en population générale, à caractéristiques démographiques égales (âge, sexe). L’association Ban Public, qui recense les suicides et morts suspectes parle d’une proportion de 1 à 10. Il n’y a pas de statistiques spécifiques pour les établissements pénitentiaires en partenariat public-privé comme Corbas [1].
Pire, dans une étude très complète parue dans Le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire du 13 décembre 2011, « L’augmentation du suicide en prison en France depuis 1945 », des chercheurs expliquent que « de 1945 à 2010, le niveau de suicide en prison a beaucoup augmenté, passant de 4 à 19 pour 10 000 personnes ». En comparaison, le taux de suicide national pour 2008 en France était de 16,2 pour 10 000 habitants, soit 12 fois moins.
La prison de Lyon-Corbas, dans lesquels près de 7% des suicides en détention ont eu lieu l’année dernière (7 suicides sur 109), alors qu’elle ne représente qu’1% de la population carcérale, présente donc un taux de suicide de 40 à 80 fois plus élevé que dans le reste de la population française. Une prison à détruire en priorité donc.
Pour finir cette macabre compatibilité, ce suicide à Corbas est déjà le 20e de l’année en prison d’après Ban Public.
Dans son rapport 2011, l’OIP réclame le transfert de la mission de prévention des suicides en prison au ministère de la Santé, l’administration pénitentiaire semblant totalement incompétente comme le révèle ce nouveau suicide.
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