Habillés en bagnards, avec des boulets aux pieds, nous irons symboliquement remettre aux douanes des produits potentiellement considérés comme des contrefaçons : du pain au levain fermier, un fromage fermier, un vin vinifié avec des levures indigènes, un purin d’ortie et des semences paysannes.
Cinq bagnards porteront chacun un produit (un gros pain, une grosse bouteille...).
Apportez des chaînes et venez vous enchaîner avec eux !
A 4 jours de l’arrivée de la Loi d’Avenir Agricole au Sénat, l’enjeu est de sensibiliser l’opinion avec une bonne reprise presse, pour appuyer les amendements que nous avons déposés avec le Collectif « Semons la biodiversité ».
http://www.semonslabiodiversite.com/
Sommes nous réellement des fraudeurs ?
Nous, paysans, travaillons avec de la matière vivante : des animaux, mais aussi des semences, des plantes, des levures, des levains... Ces organismes se reproduisent de façon naturelle, et notre métier est en partie de les « domestiquer » pour assurer la production agricole. Or, depuis quelques dizaines d’années, les lobbies de l’agrobusiness (semences, chimie, pharmacie...) veulent breveter ce vivant pour contraindre les paysans à s’approvisionner régulièrement.
La Loi sur les contrefaçons, adoptée au Journal Officiel en février 2014, qualifie de contrefaçons les produits que nous fabriquons à partir de matière vivante : les pains au levain fermier, les vins vinifiés à partir de levures indigènes, les fromages fabriqués avec un ferment de ferme... Tous ces produits sont susceptibles de contenir des micro-organismes brevetés, et donc d’être saisis et détruits par les douanes. En occupant quelques heures le siège du Groupement National Interprofessionnel des Semences (GNIS) en janvier, la Confédération paysanne a obtenu la sortie des semences de ferme du champ d’application de la Loi contrefaçon.
Mais nous devons aller plus loin : exiger de sortir l’ensemble du paquet agricole de cette Loi et refuser toute forme de redevance sur les semences !
Autre aberration : les PNPP. Le purin d’ortie, les tisanes de plantes et toute autre Préparation Naturelle Peu Préoccupante (PNNP), réelles alternatives aux pesticides, sont aujourd’hui considérées comme des produits phytosanitaires. Leur utilisation tout autant que leur commercialisation est donc soumise à une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) dont le prix exorbitant dissuade les paysans de les produire et de les utiliser. Il en est de même des plantes médicinales avec lesquelles nous soignons nos animaux. En plein plans Ecophyto et Ecoantibio et alors que l’agroécologie est dans tous les discours du Ministre, ces bâtons dans les roues des préparations naturelles s’apparentent, soit à une blague, soit à de la provocation !
Qu’avons nous à gagner ?
Le Sénat va examiner le projet de Loi d’Avenir Agricole à partir du 7 avril. Les législateurs ont la possibilité de déposer des amendements nous protégeant de ce hold-up organisé par l’agrobusiness sur nos outils de travail. A nous de sensibiliser l’opinion et d’enfoncer le clou, dans la foulée de la victoire obtenue au GNIS !
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