Parlons-en...

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J’ai décidé d’écrire ce texte dans l’intention de partager une part de mon vécu et pour essayer de briser un peu cette solitude qui entoure ceux et celles victimes d’hypersexualisation. Peut-être aussi pour essayer d’aider les jeunes a comprendre qu’ils sont en fait bombardés d’images d’une perfection subjective impossible à atteindre... Ce texte est né de mes expériences personnelles ; ainsi c’est donc une vision particulièrement individuelle que j’exprime ici. Je crois qu’en partageant nos expériences et en faisant l’examen du discours public/ médiatique, nous créons un espace pour bâtir un avenir meilleur.

Car il y a trop de silence autour de l’hégémonie des médias

Car il y a trop de silence autour de la propagande patriarcale médiatique

J’ai décidé d’écrire ce texte dans l’intention de partager une part de mon vécu et pour essayer de briser un peu cette solitude qui entoure ceux et celles victimes d’hypersexualisation. Peut-être aussi pour essayer d’aider les jeunes a comprendre qu’ils sont en fait bombardés d’images d’une perfection subjective impossible à atteindre... Ce texte est né de mes expériences personnelles ; ainsi c’est donc une vision particulièrement individuelle que j’exprime ici. Je crois qu’en partageant nos expériences et en faisant l’examen du discours public/ médiatique, nous créons un espace pour bâtir un avenir meilleur.

J’aimerais d’abord raconter un peu de mon passé ; j’ai été très affectée par la sexualisation précoce, atteinte par toutes ces publicités et tous ces messages subliminaux de conformisme. Dès mon enfance, de par le simple fait de constater et de vivre dans cette société décadente. J’ai été écervelée. Comme plusieurs, j’ai écouté la télévision pendant 4 h en moyenne à tous les jours, après le travail et avant le sommeil ; la télévision est la troisième activité principale des occidentales et occidentaux. En somme, dès nos premières années, nous sommes noyéEs dans un monde d’objets et de tentations matérielles qui nous feront d’autant mieux accepter la société actuelle abrutissante de surconsommation et de patriarcat.

C’est douloureux pour moi maintenant de me rappeler cette époque où, tellement jeune, je rêvais de me fondre dans la masse. Déjà au primaire, je voulais avoir plus d’argent, je voulais que mes parents fassent plus d’argent, qu’ils aient un métier plus prestigieux, je voulais la même nationalité que mes amis, la même religion que mes amis, je voulais un prénom différent, je voulais être la plus belle...

J’ai appris à mépriser l’individualité.

Adolescente, j’ai déménagé dans un quartier défavorisé du Sud-Ouest de Montréal. J’ai découvert un monde où la violence et le sexe régnaient, partiellement par la faute des médias. Musique et vidéoclips de musique prônant l’argent, la surconsommation, la misogynie et le patriarcat nous ont beaucoup influencés, mon entourage et moi. La publicité est répétitive et abrutissante, elle nous impose un mode de vie. Et je ne m’en rendait pas compte, j’aimais cette musique dégradante, mes vêtements dégradants et mes opinions toujours en accord avec le discours public / médiatique...

J’ai voulu appartenir a la « haute sphère » d’abrutis qui s’arrogeaient ce quartier. Ce ne fut pas très compliqué puisque, selon la plupart des normes traditionnelles de beauté ; je suis belle. Et qui est belle, est populaire. J’ai appris que je pouvais tout avoir sur le plan matériel, simplement car j’étais belle. Cela m’a troublé et m’a incité a me questionner..

J’en ai perdu mon âme, mais peut-être est-ce un passage obligé de l’adolescence ?

J’étais rendue au summum de la stupidité ; j’étais une wannabee nationaliste-chrétienne-facho-matérialiste, qui de plus est était incapable de dire non au sexe. Et je ne faisais que rentrer dans la norme, comme touTEs mes amiEs.

Je me suis toujours sentie en devoir d’offrir mon corps aux hommes. Je ne voulais pas décevoir personne ; dire non était impossible pour moi. Combien de fois me suis-je surprise à me faire embrasser et toucher par quelqu’un que je ne désirais même pas.... J’ai pris toutes sortes de photos osées dans toutes sortes de positions, j’ai donné mon corps tellement de fois quand je ne voulais pas vraiment, tout ça pour éviter de dire non, pour éviter d’être différente. Je peux facilement affirmer que je n’ai apprécié aucune de mes expériences sexuelles entre 13 et 17, et que je les apprécies toujours très peu à ce jour.

Et je pensais que c’était NORMAL. Je pensais que le problème résidait en moi. Que j’étais frigide. Que ce n’était pas grave de ne pas avoir d’orgasme, de ne pas m’épanouir pleinement. Je pensais que le consentement, c’était pour les nuls. Parler de sexe était tabou. J’ai encore des séquelles aujourd’hui ; j’ai de la misère à exprimer mes désirs sexuels et je me sens coupable lorsqu’un homme veut me faire plaisir.

A 17 ans, j’ai rencontré un vendeur de drogue beaucoup plus vieux, il m’a demandé en mariage après 3 semaines. J’ai dit oui. Je détestais travailler, j’ai toujours détesté cette société de merde, et pour une belle fille comme moi, quoi de mieux pour une belle vie qu’un homme riche.. Je lui ai fait vivre un enfer, ayant atteint l’apothéose de mon imbécilité ; j’étais cruelle, j’étais jalouse, j’étais égoïste. Je ne savais pas encore qu’une relation exigeait des efforts des deux parties. je croyais que tout m’était dû. J’ai exagéré. Nous sommes encore amis à ce jour, et je lui demande encore souvent pardon pour tout.

Nous avons vécu 7 mois de passions et de bonheur, suivis d’une année et demie de merde. J’ai été déprimée longtemps ; je voulais mieux pour moi, je me disais que je ne méritais pas ça ; j’ai joué à la victime pendant 1 an. Puis, c’en était trop, quelque chose en moi a bougé : j’ai sauté, et je suis partie squatter le sofa d’étrangers (je n’avait jamais squatté quoi que ce soit avant ce jour-là !).

J’ai compris que le changement est une des plus grandes sources de peur, et que la victimisation est bien plus facile. Mais que sauter était bien plus beau.

C’est là que tout change, lorsqu’on sort du moule...

J’ai eu la chance d’être hébergée par une anarchiste super géniale qui, en se moquant gentiment mais constamment de moi, m’a fait réaliser le conformisme auquel j’adhérais. Tout, tout, tout de moi ( mes goûts musicaux, mon maquillage, mes vêtements, mes idées ) n’était pas vraiment moi... J’ai compris l’abrutissement que je subissais, mon esprit critique s’est réveillé, j’ai commencé a changer. J’ai appris à analyser, j’ai appris ce que c’était que le féminisme, le patriarcat, la surconsommation, le capitalisme, la démocratie, l’anarchie...

Mon individualité est née..

Mais la, je suis en « crise ». Je comprends maintenant pourquoi j’étais comme ça

Les médias prônent sans se cacher et de manière coupable le conformisme et la surconsommation. La télévision est devenue un agent d’intégration efficace à la société de consommation dans laquelle la publicité a une place centrale. Il y a un manque flagrant d’éducation sexuelle de qualité et d’éducation populaire sur la question du régime de propriété des médias, du statut social des journalistes, animatrices et animateurs, et du rôle joué par les médias dans la mise en place et dans l’imposition d’un mode de vie unique et générique, d’une seule façon de penser. De plus, les organisations réformistes (qui prétendent vouloir changer le monde) se croient tributaires des médias pour exister et ont donc renoncé à faire leur travail d’« éducation populaire »...

En une journée nous voyons en moyenne 2500 publicités. Les publicités sont des formes de pollutions visuelles, auditives et olfactives qui nous sont imposées. Les messages publicitaires (ou non) que nous percevons s’ancrent dans notre inconscient. Vu leur quantité, comment ignorer les réflexes programmés que les publicités incitent quotidiennement dans nos attitudes ?

La publicité véhicule des stéréotypes qui imposent un standard normalisé de beauté. Les corps deviennent des objets au service du culte de la maigreur, de la virilité et de la perfection. L’obligation de cette beauté subjective, unique et irréelle est une norme qui peut conduire les femmes à s’infliger des violences corporelles banalisées (la chirurgie, l’épilation, les régimes, les talons, ...) et qui peut avoir des conséquences tragiques tels que les complexes physiques, la boulimie, l’anorexie et le suicide.

Les médias véhiculent des valeurs claires assignés à chaque genre ; tel est ainsi le cas des qualités prétendument féminines que sont la beauté, la douceur, le don de soi qui s’opposent à des valeurs dites masculines (force, virilité, réfléchi) et qui sont largement mises en avant par la publicité. L’image de la femme moderne mise en avant dans les pub étant la femme sexy qui arrive à concilier tant le travail domestique que le travail à l’extérieur tout en restant « fraîche » et « belle ».

Pour finir, j’aimerais faire une petite parenthèse sur une autre problématique ; qu’en fait, après une journée d’esclavage (travail/école) et plus de trois heures devant le poste de télévision (la moyenne en France par exemple), le temps consacré à la vie sociale, la nature, l’exercice physique et la vie communautaire ne peut être que marginal, sinon inexistant. La critique de la télévision ne peut donc se limiter à son contenu, elle se doit de le dépasser pour s’interroger réellement sur le média en tant que tel.

Bref, les médias sont à toutes fins pratiques devenus une forme moderne de totalitarisme, qu’il faut examiner et réexaminer constamment ; les médias constituent un miroir de notre société. Les briser ou les condamner ne changerait guère le visage de notre civilisation. Changeons, et les médias changeront...

En ce qui me concerne, je m’en remet lentement mais sûrement, me libérant d’un dogme stupide à la fois...

L’individualité est magnifique.

Il est grand temps que nous refusions les pressions de la société et l’hypersexualisation que nous vivons ! À bas le patriarcat ! À bas l’État !

P.-S.

Pour plus d’info, voir aussi les sections « médias », « antipub » et « féminisme, queer, genre et sexualité » sur www.infokiosques.net. Je me suis grandement inspirée de beaucoup de ces textes qui ont su mettre les mots justes, mieux que je n’aurais pu faire, sur les problématiques énoncées précédemment.

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