Le SYTRAL [1] est peu connu des usagers lyonnais, les TCL beaucoup plus. Il faut dire qu’en réalité il s’agit d’un habile déguisement : le SYTRAL décide, la SLTC (les TCL) obéit sous couvert d’une délégation de service public. La SLTC perçoit en contrepartie une garantie de recettes, une sorte de rente issue de l’exploitation du réseau. La SLTC a une concession qui est renouvelable, ou pas, après un appel d’offre, c’est une filiale d’un groupement financier [2]. Lors du récent renouvellement de cette concession, Gérard Collomb, maire de Lyon et président de la Communauté Urbaine, a, paraît-il, joué les gros bras pour que la concession reste entre les mains de la SLTC (la presse locale en a fait largement écho) ; d’autres candidats s’étaient présentés au portillon de cette manne financière.
Les élus qui siègent au SYTRAL ne sont pas élus directement par les usagers ou les habitants de la région lyonnaise ; il s’agit plutôt d’une répartition de mandats entre élus, une sorte de négoce. On peut aisément imaginer comme cela se passe ! Puis il faut élire le président... Christian Philip (UMP) a laissé sa place à Bernard Rivalta (PS) il y a quelques années. Ces élus se répartissent entre Conseil Général et Communauté Urbaine, principaux financeurs en tant que gestionnaires de nos taxes, cotisations et impôts.
On notera que les principales avancées en matière de tarification sociale ont été réalisées sous la présidence d’un élu de l’UMP, ce qui fut une réelle innovation pour une ville qui arrive dans le peloton de tête des transports en commun les plus chers de l’hexagone. Bernard Rivalta a pour sa part plutôt joué la carte sécuritaire depuis qu’il est élu, va comprendre...
Au SYTRAL, la transparence n’est pas de rigueur, il en est ainsi pour cette institution qui gère près de 500 millions d’€uros de budget d’argent public ; il en est de même pour d’autres vénérables institutions au service des citoyen (sic). Les choix politiques les plus importants concernent le développement des infrastructures : ces dernières années ils se sont concentrés essentiellement sur la création de deux lignes de tramways (opérationnel), le prolongement d’une ligne de métro ; à venir : deux lignes de tram-train extra-urbain. Les investissements se sont aussi orientés sur les aspects sécuritaires : développement de la vidéosurveillance, d’une police des transports... et des portillons d’accès aux métros. Dans une récente réunion publique (voir l’article paru sur Rebellyon.info), les associations d’usagers, et les usagers, ont fortement critiqué cette dernière mesure sensée lutter contre la fraude.
C’est le cheval de bataille du président Rivalta, qui ne cesse de s’étendre dans la presse locale sur cette question. Les lyonnaise-es ont pu apprécier à différentes reprises les campagnes d’affichage sur la fraude.
Déjà en 2001 avec la mise en place de la carte TECELY (compostage obligatoire à chaque trajet), Bernard Rivalta avait déclaré que comme ça les usagers pourraient voir ceux qui payent et ceux qui fraudent (notons que la formule de parasite social avait été retenue à cette occasion) ! Pas aussi sur que cela ait réellement marqué les esprits. Un usager prend les transports en commun parce qu’il en a besoin pour se déplacer, pas pour surveiller son voisin, il ne faut pas abuser tout de même. Le gouvernement de Vichy, c’est fini même s’il reste encore quelques circulaires de l’époque qui s’appliquent en matière de police des transports (la diffusion de tracts est interdite dans les transports par exemple).
Bernard Rivalta passe beaucoup de temps à stigmatiser les fraudeurs et dans le même temps refuse toute négociation afin d’élargir la tarification sociale pour celles et ceux qui ont peu de ressources : il participe donc à la fraude et activement. Il participe également à la construction de l’apartheid social, à la ghettoïsation de la cité. Il n’est pas radin sur les formules non plus lorsqu’il affirme que ceux qui peuvent pas payer doivent rester chez eux. Il décrète ainsi l’assignation à résidence des plus pauvres d’entre nous : nous sommes pauvres, pourquoi aurions nous besoin de nous déplacer ? Un pauvre, ça reste chez lui, à sa place... de pauvre.
La tarification sociale existante est largement insuffisante même si récemment les étudiants boursiers ont obtenu une réduction conséquente ; cette décision a été prise alors que depuis des années un syndicat étudiant, l’UNEF-ID, pour ne pas le citer, réclamait cette réduction de 50 %. On connaît la proximité politique de ce syndicat avec le PS. Si cette réduction était nécessaire, elle n’est pas suffisante, toute comme les autres. Pas suffisante, car encore trop d’étudiants n’ont les moyens de payer un abonnement pour se déplacer. Notons que les cartes Age d’Or sont payantes à présent : on enlève à certains pour donner à d’autres... (voir l’article paru sur Rebellyon.info)
Concernant les chômeurs, c’est le statu quo depuis plusieurs années. Bernard Rivalta se satisfait de l’existant (il n’en a pas été le maître d’oeuvre pour rappel) ; il est toujours resté sourd aux demandes récurrentes des associations de chômeurs, d’usagers et de syndicats. Avec le développement des emplois précaires, de plus en plus d’usagers ne peuvent payer l’abonnement, ils ne remplissent plus les critères de la tarification sociale, de peu... Une modulation des seuils dans la tarification serait un premier pas. Que nenni !
De l’argent il y en a ! La construction des infrastructures comme le tramway se fait souvent autour de pôles économiques (liaison aux zones de consommation par exemple), les centres commerciaux sont des bénéficiaires privilégiés de ces investissements et de l’exploitation de ces lignes. En payent-ils le prix ? Le versement transport (un moyen conséquent de financement) est un taux de cotisation sociale qui s’applique à la masse salariale des entreprises qui ont leur siège social dans la zone de compétence du SYTRAL. Beaucoup échappent donc au paiement de cette cotisation : les filiales de grandes sociétés par exemple. Sur Lyon, le taux est au maximum de ce qu’autorise la loi.
Des économies sont également possibles : la chasse au gaspillage par exemple. La mise en place des portillons dans le métro coûtera au moins 58 millions d’euros (initialement 42 millions). Rien ne justifie autant de dépenses, rien ne garantit que les recettes augmenteront avec la mise en place de ces verrous d’accès. Ces portillons obligent à remplacer tous les composteurs TECELY installés il y a peu : quel gaspillage ! D’ici juillet 2006, le SYTRAL veut que la montée par l’avant dans les bus soit obligatoire, il faudra réaménager tous les bus (coût ?) : un composteur unique à l’avant, les deux autres ne servent plus à rien dans ce cas de figure. Le coût des campagnes anti-fraude dont la dernière en mars 2005 a suscité beaucoup de récriminations de la part des usagers, c’est encore de l’argent jeté par les fenêtres... Récemment, une nouvelle polémique à propos de la carte TECELY a été portée sur la place publique : cette carte devrait être remplacée par un pass multi-modal... coût ? Les frais de fonctionnement du SYTRAL ont augmenté de 75 % depuis l’arrivée de Bernard Rivalta ; en tête de liste des frais qui explosent : les colloques, les réceptions... Soyons rassurés, le SYTRAL vient d’augmenter la tarification de 2 % dès ce mois d’avril (en dehors des tickets) !
Grosse boulette du côté de l’aménagement du terminus des lignes Léa et Lesly à la Part Dieu : ce terminal, en cours de construction, se trouve du mauvais côté de la gare, côté Villette. Tous les usagers devront traverser la gare pour rejoindre les autres transports en commun... Bonjour les dégâts aux heures de pointe, encore de la simplicité ! Bonjour le surcoût si l’option de faire un tunnel sous la gare est retenue : on entend déjà parler de plusieurs millions d’euros...
En tant que président du SYTRAL, Bernard Rivalta touche un peu d’argent qu’il reverse en grande partie au PS local (à ses dires) ; il cumule cela avec des allocations ASSEDIC, ayant préféré plaquer son boulot pour prendre ses responsabilités au SYTRAL, quelle abnégation ! Pour autant, le SYTRAL n’a pas respecté la loi en versant mensuellement 4 000 euros à son président. Finalement le président n’aura pas à rembourser ce qu’il a perçu indûment, soutenu très fraternellement par un autre président : celui du Conseil général, Michel Mercier, lui-même grand patron du département et en particulier des 32 000 RMIstes qui y habitent. Ce même président qui coupe les vivres aux perdus de vue de l’an dernier lors d’une campagne ignoble menée tambour battant (voir le web d’AC ! Rhône). Le journal hebdo Lyon Capitale titrait dans un un de ses articles en 2005 : « Bernard Rivalta, le chômeur le moins à plaindre de France »...
En 2004, le SYTRAL avait mené plusieurs études sur la financement d’une gratuité partielle du réseau voir la gratuité totale : il annonçait qu’il faudrait 300 millions d’euros par an. Pourtant en 2005, les usagers ont financé directement de leur poche à hauteur de 125 millions d’euros. CQFD.
Nous aurions besoin de plus de justice sociale et pourtant le SYTRAL participe activement à l’élan sécuritaire et au renforcement de l’apartheid social ; c’est leur choix politique, et personne ne demande l’avis des usagers ! Une commission « tarification sociale » a existé pendant près d’un an avec des associations, il n’en est rien ressorti, les syndicats de salarié-es ont été priés de rester dehors.
Que penser également du manque cruel d’investissements pour aménager des sites propres sur certaines lignes de bus qui souffrent chaque jour des embouteillages aux heures de pointe ? De quoi décourager nombre d’habitants d’utiliser les transports en commun... Si les TCL ont obtenu le « Ticket d’Or du meilleur réseau en 2005 », le réseau reste dernier au classement du critère de rapidité.
Que penser des dessertes en soirée dans les zones excentrées de l’agglomération ?
Que penser de la mixité des aménagements bus/vélos/tram ?
Le SYTRAL reste d’un fonctionnement totalement opaque pour les usagers, sans contrôle démocratique, où les décisions sont prises sans consultation des principaux concernés : les usager-es et les salarié-es.
Le SYTRAL se satisfait des enquêtes publiques sans en faire réellement la publicité, d’études en ingénierie et autres consultants commerciaux, le SYTRAL se satisfait de sondages ponctuels...
L’électoralisme est de mise, l’image et pas l’intérêt commun de développer un service public accessible à tous...
Aujourd’hui il n’y a plus un seul euro à utiliser en investissement, tout est parti dans le délire sécuritaire et des choix plus que critiquables concernant les infrastructures.
La simplicité et l’intérêt d’un service public sont qu’il soit géré par les principaux concerné-es et également en libre d’accès.
Et dans la famille j’en remets une dernière couche : le SYTRAL, les TCL ainsi que le Conseil général et l’ANPE vont créer 300 emplois précaires (Contrat d’Avenir, CAE...) cette année afin de mettre en place la montée par l’avant, l’utilisation correcte des portillons ; le patron des RMIstes du département, Michel Mercier, aime ses ouailles et s’en occupe (précairement parlant) , le président Rivalta est satisfait de réaliser ses rêves sécuritaires et la vie est belle, doit l’être, ils nous invitent à se satisfaire de leur réussite.
Un usager.
Forum ci-dessous pour échanger des points de vue...
Compléments d'info à l'article