Il y a un mois, nous, militant.es et révolutionnaires venu.es des 5 continents,
étions réuni.es pour la 5e édition des Peuples Veulent à Marseille, ville du sud de la France. Pourtant cette rencontre aurait dû avoir lieu au Liban. Pendant un an et demi, nous avions travaillé, entre membres du réseau sur place et ailleurs dans le monde, pour accueillir Les Peuples Veulent,
pour la première fois dans un pays du Sud.
La guerre que mène la colonisation israélienne au Liban, en plus du génocide en Palestine, a malheureusement mis en échec cette tentative. Une partie de nos camarades au Liban, qui avaient donné de leur temps, de leur espoir et de leur énergie pour accueillir ces rencontres, a fait le choix difficile de ne pas venir et de rester aux côtés de leur proches pour organiser la solidarité populaire. Nous avons tous.tes compris et respecté ce choix, et avons décidé unanimement à l’issue des rencontres de tout faire pour les soutenir et envoyer un message clair : nous sommes avec vous, votre résistance nous honore.
Rester sur sa terre, prendre soin de ses proches, pratiquer l’agriculture et préserver des semences paysannes, enquêter et diffuser des contre-récits, se rencontrer et partager des témoignages, apprendre de l’expérience de vie et de lutte de ses ainé.es, faire du lien ou prendre les armes ; voici
les multiples visages de la résistance actuelle au Liban. Toutes ces formes et moyens sont nécessaires pour lutter contre l’invasion israélienne et parvenir à une véritable libération. Toute cette résistance populaire à l’œuvre au Liban aujourd’hui, une fois de plus, nous le rappelle : c’est le peuple qui soutient le peuple. Alors à notre tour, depuis toutes nos géographies, depuis nos villes et nos campagnes, de donner corps à cette phrase qui aujourd’hui, comme demain, doit nous servir d’horizon : Seuls les Peuples sauvent les Peuples.
Les rencontres des Peuples Veulent n’ont pas pu se tenir au Liban mais nous allons faire résonner cette résistance là où nous nous trouvons : au Mexique, en France, en Allemagne, au Chili, au Québec, à Taiwan et ailleurs. En coordonnant une série d’actions, des manifestations et des levées de fonds, nous entendons faire exister un internationalisme concret, matériel et politique avec celles et ceux d’entre nous qui se trouvent en première ligne des invasions en cours. Cette campagne est la première pierre du pont qu’entend construire Les Peuples Veulent entre des lieux auto-organisés aux quatre coins de la planète. Un réseau de lieux que nous appellerons Mujawara, un voisinage transfrontalier qui permettra de mutualiser nos ressources comme nos besoins et de pratiquer l’entraide par le bas et par-delà les frontières.
Aujourd’hui au Liban, malgré un accord de cessez le feu non respecté, les frappes, bombardements et incursions terrestres sont toujours quotidiennes et touchent tout le pays. On compte plus d’1,2 million de déplacé.es. Face à cela, l’État néolibéral évacue par la force des places de Beyrouth, occupées par les personnes qui n’ont pas trouvé d’autres refuges. Cet État défaillant retient l’argent qu’il a volé au peuple au lieu d’organiser le secours et la défense. En plus de ça, il met en place des politiques discriminatoires entre libanais.es, syrien.es et travailleuses domestiques dans la distribution des aides. Alors, nous, nous rappelons le rôle de toutes les élites libanaises dans le désastre en cours : nous n’oublions pas l’explosion du port de Beyrouth, nous n’oublions pas la Thawra (révolution) de 2019 qui avait mis des millions de personnes dans la rue pour exiger « qu’ils s’en aillent tous ». L’incroyable réponse populaire contre l’agression d’Israël aujourd’hui, s’inscrit dans cette histoire en même temps que dans une lutte globale contre un système de mort qui tente à tout prix d’étouffer les peuples, leurs aspirations et qui ne cesse de se déployer aujourd’hui dans ces guerres coloniales et impériales.
Le combat de nos camarades au Liban, en Palestine, comme en Syrie est le nôtre partout sur la planète : nous combattons ce système à leur côtés pour affirmer, une fois de plus, que personne ne sera libre avant que tous les peuples ne le soient.
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