Vendredi 14 décembre à partir de 20h à l’Atelier des canulars :
Soirée du Doc : « Les Couleurs invisibles de Benetton » de Rémy Watrigant, 2012, 25 mn.
En Argentine, la Patagonie fait l’objet de convoitises.
Chaque année des milliers d’hectares sont vendus par le gouvernement à de riches millionnaires.
Suite à la « Conquête du désert », le gouvernement argentin concéda à une société anglaise, « La compagnie du Sud », la construction de voies de chemin de fer visant à faciliter le transit de marchandises. Au départ, cette société s’est vu attribuer 4 mètres de part et d’autre des rails, mais bien vite elle a finit par prendre possession d’immenses territoires.
Par la suite, les italiens achetèrent cette concession devenue magistrale illégalement aux anglais et continuèrent de s’étendre massivement. Le célèbre Benetton est aujourd’hui l’actionnaire majoritaire de cette
société.
Le gouvernement provincial laisse faire les puissants, de qui il tire des avantages, et les communautés Mapuches présentes sur ces territoires se font mener la vie dure après que leurs ancêtres se soient fait assassiner.
Aujourd’hui quelques indiens Mapuches résistent en réclamant leurs droits à la terre comme peuple originaire et tentent de s’organiser pour récupérer les terres de leurs ancêtres.
Un film militant et auto-produit tourné en 2010 et monté entre 2011 et 2012.
Introduction au film avec la présence du réalisateur
Projection du film /débat
Vidéo de complément/débat autour de l’ensemble de la problématique.
Attention le documentaire de la Soirée du Doc commencent vers 20h 30 !!
Un petit historique du conflit territorial entre les Mapuches et Benetton :
Le 10 juin 2004
Le conflit territorial entre les Mapuches (populations originaires du sud l’Argentine et du Chili) et la firme italienne Benetton a été mis en
lumière après que des familles mapuches aient découvert que les terres de leurs ancêtres ne leur appartenaient plus. Le problème s’est aggravé ces derniers mois, après que la Compañía de Tierras del Sud Argentino Sociedad
Anónima, appartenant à Benetton, ait recouru à la justice argentine afin d’expulser les familles Mapuches de leurs terres.
La dernière de ces expulsions a eu lieu le 31 mai 2004, et a touché les familles Atilio Curiñaco et Rosa Rúa Nahuelquir, elles sont accusées d’usurpation de terres après qu’elles aient essayé de retourner sur le territoire de leurs grands-parents. Le juge Jorge Eyo de Esquel, localité située à 1460 kilomètres au sud de Buenos Aires, a donné sa sentence soutenant la position de l’entreprise.
Les sombres affaires de Benetton
Durant les 10 dernières années, Benetton a acquis approximativement 900.000 hectares de terres dans les provinces de Patagonie, Neuquén, Rio Negro, Chubut et Santa Cruz. Dés lors il a commencé à clôturer des territoires et en expulser les habitants dans le but d’établir l’élevage d’ovins et ainsi satisfaire la demande de laine requise par son industrie textile, de production à bas coût, avec main d’œuvre bon marché, mais avec de gros profits.
Benetton a acheté les terrains de la Compañía de Tierras del Sud Argentino S.A, titres dont la légalité a toujours été remise en cause par les
mapuches et les avocats des familles affectées.
Les bases légales sur lesquelles est née la Compañia ont été sérieusement ébranlées par un fort courant d’opinion au sein de la société civile argentine, en particulier dans les provinces de Patagonie où la révocation
de tous les titres de propriété des « sociétés anonymes », dont celle de Benetton, est réclamée. La société civile exige en outre que ces terrains soient restitués à leurs propriétaires légitimes, comme un geste de
justice et de réparation historique de l’État argentin envers le peuple
Mapuche de Puelmapu (Ndt. territoire mapuche situé à l’est de la
Cordillère, c’est à dire en Argentine).
La demande de la société civile au Gouvernement Central et Provincial se base en outre sur le manque de transparence quant à la manière que ces « sociétés anonymes » opèrent. Personne ne sait qui en sont les ’propriétaires’ et actionnaires qui, en outre, contrôlent d’énormes extensions de terrains, tandis que les Mapuches et d’autres secteurs de la société vivent dans l’extrême pauvreté.
Les avocats défendant les Mapuches ont corroboré, à l’aide de documentation légale, les persistantes dénonciations des communautés
mapuches concernant l’usurpation arbitraire et illégale de leurs terres par des grands propriétaires, des sociétés anonymes, et par l’Etat argentin.
Histoire du conflit territorial Mapuche
Après presque 100 années d’une violente guerre coloniale contre le peuple Mapuche, l’Espagne n’a pas réussi à le vaincre militairement, l’obligeant à reconnaître la frontière, celle qui fut établie lors du Traité de Killen en 1641. La nation Mapuche est ainsi devenue la première et seule nation indigène d’Amérique Latine dont l’indépendance était reconnue par la plus grande puissance européenne de l’époque.
Au moment de la déclaration d’indépendance des états du Chili et d’Argentine en 1810, le Wallmapu, le territoire Mapuche, a continué à être indépendant sous le contrôle et la souveraineté de la nation Mapuche. Le territoire de la nation Mapuche a été annexé par la république argentine, après une Guerre colonialiste qui a débuté vers le milieu de la
décennie des 1870, concluant avec la défaite militaire Mapuche en 1885.
Cette agression militaire est connue comme la « Campagne du Désert » dont l’objectif était d’exterminer la population Mapuche afin de s’approprier leur territoire et leurs ressources naturelles.
Avec la défaite militaire du peuple Mapuche et l’occupation du Puelmapu (territoire du côté argentin) l’État triomphant a redistribué le
territoire qui appartenait aux Mapuches. On a fondé des grandes propriétés, certaines dans des cadres légaux (décrets de lois) ou semi-légaux, tandis que d’autres étaient en complète infraction avec les lois de colonisation de l’époque. En 1891, dix familles d’origine anglaise ont formé une société nommée « Compañía Tierras del Sud Argentino Limitada »
(« Compagnie des Terres du Sud Argentin Limitée »), l’entreprise s’est ensuite transformée en Société Anonyme, puis un siècle après a été acquise par Benetton pour la somme de 50 millions de dollars.
Appel à la conscience
Le peuple Mapuche de Puelmapu a dû supporter, depuis l’occupation de son territoire, l’une des pires persécutions de l’histoire latino-américaine : depuis le génocide de sa population, durant la « Campagne du Désert » jusqu’à la campagne d’extermination culturelle systématique de ses survivants. Afin de faire disparaître tout vestige indigène par un brutal processus d’assimilation, beaucoup furent incorporés à l’armée de l’ennemi tandis que d’autres, kidnappés et déportés à Buenos Aires (capital de l’Argentine), étaient distribués comme objets à des familles d’origine
européenne. La distribution s’effectuait dans le quartier El Retiro de Buenos Aires, où « ils étaient adoptés » - selon la version officielle -
pour le travail domestique, en qualité d’esclaves.
Après la campagne militaire, les Mapuches ont été implacablement persécutés par les colons qui engageaient des milices connues comme les
« chasseurs d’Indiens » et dont les honoraires dépendaient du nombre de Mapuches qu’ils assassinaient ; l’organisation sociale et les autorités traditionnelles ont été combattues ; les tombes de leurs héros profanées et exhibées comme trophées de guerre dans les musées ; les noms indigènes proscrits et jusqu’à la mention du mot Mapuche censurée. L’histoire écrite par les vainqueurs, et légitimant l’annexion territoriale et le génocide du peuple Mapuche, abonde d’éléments racistes, certains de leurs auteurs ont des intérêts économiques manifestes dans la région.
Ces personnes racistes qui se disent être des « historiens », collaborent aujourd’hui avec Benetton pour s’approprier l’histoire du peuple Mapuche. En effet dans le Musée de Leleque soutenus par Benetton, les entités régionales de la nation Mapuche du Puelmapu, tels que Williche, Lafkenche, Tehuelche, Rankelche, Pewenche, etc. - sont invisibles, elles n’existent pas aux yeux de ces historiens qui les qualifient de manière dédaigneuse d’« Indiens », « indigènes », autochtones.
Réparation historique
Actuellement le peuple Mapuche, continue à exiger le respect de ses droits en tant que peuple et la restitution de ses territoires, il continue à réclamer son droit à vivre sur le territoire de ses ancêtres. Territoire qui par droit naturel et historique lui appartient, droit auquel il n’a jamais renoncé et qu’il ne renoncera jamais jusqu’à ce que justice lui
soit fait. Ces demandes sont en accord avec ce qui est établi dans le droit international et dans les législations nationales.
Pour aller à l’Atelier des canulars :
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info