Les dernières élections européennes et législatives en France ont confirmé la montée en puissance de l’extrême-droite, et ce de façon singulièrement prononcée dans notre département de l’Ain.
En France, l’extrême-droite institutionnalisée, dont le Rassemblement national (RN, ex-FN) est à l’heure actuelle la principale force électoraliste, accompagne en sous-main des groupuscules violents qui, en retour, lui fournissent un service d’ordre musclé en cas de besoin (comme cela a été le cas lors du meeting de Zemmour à Villepinte en décembre 2021). Parmi ces groupuscules, certains se revendiquent même ouvertement du néo-nazisme : à Bourg-en-Bresse, on a pu ainsi apercevoir des autocollants d’un groupe, « Bourg nationaliste », affichant les insignes de la SS ; et d’autres autocollants arborant la croix celtique (symbole raciste de l’extrême-droite la plus violente).
Si le RN dénie pour sa part le qualificatif de « fasciste », ce n’est à l’évidence qu’une mise en scène de façade visant à étendre son audience électorale : sur le fond, ses membres propagent toujours une idéologie réactionnaire, xénophobe et raciste qui se fonde sur le culte de l’État fort et prône le nationalisme et la militarisation de la société. Autrement dit : le RN porte un projet politique fasciste, ciblant et menaçant à plus ou moins court terme toutes celles et tous ceux perçus comme mettant en péril la « grandeur » de leur « nation » fantasmée.
Sans s’attarder sur les causes de ce phénomène, il importe de rappeler que la montée du fascisme en France et ailleurs se nourrit des crises du capitalisme. Quand l’accumulation du capital connaît une phase critique, elle ne peut se perpétuer qu’en s’attaquant au coût de la force de travail. C’est ce à quoi nous assistons depuis trois décennies : pour poursuivre l’accumulation des profits, le capital doit faire baisser le prix du travail soit de façon directe (précarisations, délocalisations…) soit de façon indirecte en s’attaquant au salaire socialisé (retraites, sécurité sociale, assurance chômage, etc.). Les mouvements sociaux, malgré leur intensité, n’ont pas réussi à empêcher des reculs qui ont été vécus par beaucoup comme inéluctables.
Ce contexte de mise en concurrence des travailleur.euses et d’échecs répétés des mouvements sociaux a favorisé en retour la « lepennisation des esprits ». Celle-ci a de facto gagné aujourd’hui une large frange de l’échiquier politique et des médias, avec l’appui de quelques milliardaires comme Bolloré. Le langage et les lectures mensongères et délirantes de l’extrême-droite sont matraqués de toutes parts, ce qui revient du même coup à en légitimer les fausses « solutions » : le contrôle sécuritaire toujours plus accru de chaque aspect de nos vies, le patriotisme belliqueux, le rejet de l’étranger bouc-émissaire, la remise en cause de la science et de la séparation des pouvoirs… Et sans même que l’extrême-droite ne soit arrivé au pouvoir, c’est avec une rapidité désarmante que l’on glisse dans la France des Sarkozy, Hollande et Macron, vers l’autoritarisme. Dans le même temps, les mobilisations populaires qui se sont certes multipliées ces dernières années ont parfois elles-mêmes vues se diffuser en leur sein des lectures confusionnistes du monde, donnant la possibilité à l’extrême-droite de s’y infiltrer voire d’y pavaner.
Face à cette situation, des individu.es, issu.es ou non d’organisations politiques (NPA, UCL…) ou syndicales (CGT, SUD…), ont décidé depuis 2019 de s’organiser dans l’Ain en constituant un collectif de lutte contre le fascisme : l’Action Antifasciste de l’Ain (AAA). Relancé à l’été 2024, ce collectif se réjouit de la création en parallèle, ces dernières semaines, à la fois d’un Collectif contre l’extrême-droite à Oyonnax et alentours, mais aussi du Groupe Antifasciste des Pays de l’Ain (GAPA), sans oublier le travail précieux réalisé par nos camarades du réseau Visa (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes).
Le fascisme ne disparaîtra pas tant que nous n’aurons pas éliminé les causes qui l’ont fait naître : il nous appartient de construire une société débarrassée de toute forme de domination et d’exploitation. Cette perspective à long terme ne doit pas pour autant masquer l’urgence de la situation présente.
C’est pourquoi l’Action antifasciste de l’Ain se propose :
de combattre l’idéologie fasciste en démasquant ses discours pseudo-sociaux ;
d’identifier les groupes fascistes ou fascisants de la région et d’exercer une vigilance active ;
de contribuer à l’auto-défense des mouvements, mobilisations ou évènements qui peuvent faire la cible d’attaques fascistes ;
Bref, d’agir sur tous les terrains possibles, afin d’enrayer la montée en puissance de l’extrême-droite dans l’Ain et d’inverser le rapport de force, et ce en lien et de façon coordonnée avec tout autre groupe (collectifs autonomes, organisations politiques ou syndicales…) partageant ce même objectif.
Nous appelons donc les personnes qui se reconnaissent dans un anti-fascisme anti-capitaliste et anti-sexiste à nous rejoindre, nous ou l’un des groupes actifs contre l’extrême-droite dans notre département.
Contact : actionantifascistedelain@riseup.net
Pour nous suivre sur nos réseaux sociaux (facebook, X, insta) : https://linktr.ee/actionantifascisteain
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info