Traverse-party contre les expulsions aux 400 Couverts à Grenoble

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Les 400 Couverts, c’est une rue du centre-ville de Grenoble, squattée
depuis trois ans et demi, c’est le domicile de 24 personnes et un espace
d’activité pour quelques dizaines de collectifs et associations
grenobloises, des espaces publics où se sont déroulées des centaines
d’activités et d’expériences militantes et alternatives sans profits ni
subventions.

Depuis le 10 juin, les 400 couverts sont expulsables, mais déterminés à
parer à toute intrusion policière.

D’autres squats grenoblois, d’autres locataires, sans-papier-es, nomades,
militant-es sont menacé-es cet été par la Mairie, la Préfecture et leurs
sbires (actis)...alors résistons ensemble !

TRAVERSE-PARTY CONTRE LES EXPULSIONS

- SAMEDI 16 JUILLET 2005 DE 12H À 18H AUX 400 COUVERTS À GRRRENOBLE

Repas de quartier et pizza fiesta (apportez des garnitures...) /
inauguration de la machine à laver à pédale (apportez vos chaussettes) /
jeux de rue / atelier de construction d’un tunnel et jardin suspendu
(apportez des plantes)/ table géante en lévitation /chorale de toits....

- DIMANCHE 17 JUILLET À 17H

Rendez-vous/Discussion pour imaginer des actions collectives en soutien
aux divers squats grenoblois expulsables et aux 400 couverts (apportez vos
idées) durant les journées suivantes.

Dernières nouvelles

LES SQUATTEURS DES 400 RÉPONDENT À LA PROPOSITION DEDIATION DE LA
MAIRIE DE GRENOBLE

Après avoir demandé le concours de la force publique pour expulser les
squatters des 400 couverts, la mairie de Grenoble nomme un médiateur pour
les convaincre d’abandonner les lieux sans mots-dire et avec le sourire.

Cette médiation a lieu ce vendredi 15 juillet, entre René Rizardo, élu des années
Dubedout désigné par la mairie, et les squatters. Le texte ci-dessous
résume les positions qui seront portées par les squatters à cette
occasion et propose une analyse critique de ce dispositif de médiation.

«  Médiation : opération de communication

Le squat des 400 couverts, c’est une petite ruelle du centre ville de
Grenoble squattée depuis bientôt 4 ans. Lieu d’habitation pour 25
personnes et d’organisation de nombreux événements publics, c’est un
espace d’expérimentation de pratiques autogestionnaires et conviviales,
contestataires et hors des circuits marchands.

La mairie de Grenoble, propriétaire des lieux, a décidé de s’en
débarrasser en entamant une procédure d’expulsion. Le Tribunal de Grande
Instance lui a donné raison en ordonnant notre expulsion immédiate le 8
juin dernier. Depuis lors, nous attendons, matin après matin, l’arrivée
des "hommes en bleu".

Mais parce qu’il serait trop facile pour M. Destot et ses sbires de s’en
tirer toujours avec des expulsions en catimini au beau milieu de l’été,
nous sommes déterminé-es à empêcher cette expulsion ou, du moins, à tout
faire pour qu’elle ne soit pas passée sous silence. Aucune man ?uvre
médiatique, aucune menace judiciaire des propriétaires, aucune stratégie
de culpabilisation des pauvres, ne doit invisibiliser le cortège de
violences sociales et policières qui accompagne les expulsions.

Nous refusons de quitter les lieux et de nombreus-es voisin-es, ami-es,
associations et collectifs nous ont fait part de leur actif soutien. Pour
ces raisons, et par peur d’une expulsion-scandale, la mairie propose,
après trois semaines de silence, le recours à un médiateur, afin de
parvenir à "l’évacuation des locaux tout en évitant l’expulsion".

NOUSPONDONS QUE NOUS SOMMES D’ACCORD POUR ÉVITER L’EXPULSION !

*** Diviser pour mieux régner ***

Un des arguments de la Mairie porte sur "l’individualisme des squatters
qui s’opposent à la construction de logements sociaux". Nous ne sommes
pas contre les programmes de logement social, même si nous avons
beaucoup à en redire, et que nous aspirons à poser à la racine le
problème de la "crise" permanente du logement.

Que l’on s’entende bien : les obstacles principaux à la construction de
logements sociaux ne sont pas 25 squatters, mais bien des budgets
municipaux ridicules à côté de ceux alloués à la communication ou à des
constructions de prestige. Les problèmes de logement sont le fruit de
choix politiques. Les décideurs tentent de faire oublier leurs
responsabilités en divisant la population, en montant les gens les un-es
contres les autres. Locataires contres squatters, salarié-es contre
chômeur-euses, nationaux contre étranger-es... Nous sommes solidaires de
fait des personnes rencontrant de grandes difficultés d’accès au
logement, notamment par notre participation au collectif "Défends-Toit",
regroupement de collectifs et de personnes confrontées à des
difficultées de logement.

*** Les bulldozers de la norme ***

Mais au-delà de cette question, c’est bien de l’autonomie des personnes
dans leur choix d’habitation dont il est question. Ce qui dérange les
autorités, c’est que des gens sortent de la norme et décident par
eux-mêmes. Ainsi la mairie de Grenoble expulse en plein hiver des gens
qui campent sur les berges de l’Isère ou encore des gens du voyage qui
logent en caravane sur une friche inoccupée depuis des années. Certes,
pour une part, ces personnes aimeraient probablement avoir d’autres
possibilités de logement, mais pour les autres, il s’agit bien d’un choix
de mode de vie.

Pourquoi ces choix ne seraient-ils pas audibles ? Pourquoi ne
pourrait-on pas vivre dans un collectif de 15 personnes ? Entre
générations différentes ? Avec des animaux ? Entre femmes ? Pourquoi n’y
a-t-il aucune place pour des expérimentations différentes selon les
besoins de chacun-e, en matière de logement, mais aussi de création,
d’espace de rencontres ?

Le squat des 400 couverts est un de ces terrains d’expérimentation et
d’invention d’une autre ville. Notre initiative ne s’oppose pas à un
projet de logements sociaux mais défend la construction d’une autre
culture de vie répondant à des valeurs de solidarité et de partage,
articulées sur la critique d’un monde capitaliste, marchandisé et
autoritaire.

*** Une médiation pour l’image ****

Proposer une médiation rentre dans la stratégie municipale de
communication cherchant à s’assurer une "sortie honorable" à cette crise
sans assumer ses responsabilités. Elle utilise pour cela sa carte joker
"René Rizardo" : cet ex-directeur de l’Observatoire des Politiques
Culturelles et ex-adjoint à la culture de Dubedout, est connu pour les
rôles de "médiateur" (ou "pacificateur de conflits sociaux") qu’il a tenu
dans les années 1970.

Il va sûrement essayer de négocier le départ volontaire des squatters en
échange d’un relogement temporaire. Ces propositions posent de sérieuses
questions de fond sur les différences de traitement. La Mairie
propose-t-elle des médiations pour les squats moins connus ? Les
réfugié-es et autres sans-papier-ères qui restent des mois ou des années
sans logement ont-ils droit à des médiateurs de prestige comme M. Rizardo
 ? Et la mairie a-t-elle pensé à faire des propositions concrètes à ces
gens dans le besoin dont elle se dit si préoccupé ? En réalité, la Mairie
n’a rien à gagner en proposant un arrangement à des gens dont on entend
jamais parler. L’intérêt des ses gestes de générosité est de :

- Faire disparaître discrètement des squatters qui font trop de bruit, en
ignorant et méprisant tout ce qui fait leur projet.

- Donner une image ouverte de la politique municipale qui permet de
légitimer d’autres actes moins glorieux.

Pour le cas des 400 Couverts, la Mairie sait pertinemment qu’elle ne peut
apporter aucune solution réaliste. Mais, en communiquant autour de sa
pseudo-proposition, elle nous fera passer pour "fermé-es au
dialogue", alors que, jamais, elle n’a essayé de comprendre notre
démarche. Une fois de plus la Mairie de Grenoble montre son grand mépris
à l’égard des initiatives alternatives et cherche la parade qui lui
permettra d’anéantir le squat des 400 couverts tout en sauvant les
apparences.

*** Nettoyage de la ville ***

Les élus socialistes choisissent le mois de juillet et les vacances d’été
pour régler leurs compte avec leurs oppositions par une tentative
d’éradication de la mouvance des squats politiques à Grenoble. Des lieux
comme la Kanaille, la Mèche, Bora-Bora, Resistor, Le Schmogul, les 400
couverts ont été ou vont prochainement être expulsés. Les méthodes sont
les mêmes que celles employées contre les opposants au grand stade en
2004 ou ces derniers jours vis-à-vis du média d’enquête critique
"Piècesetmaindoeuvre.com" : police et intimidation. Régler les problèmes
à coup de descente de police, merci bien ! ben bravo ! Non mais...

*** Nous n’avons rien à négocier ***

Concrètement, la traverse des 400 Couverts, sa vie sociale, sa situation
dans un quartier précis, et tout ce qui y a été construit
matériellement, ne peut pas disparaître. C’est une chose « unique »,
intransportable, indéplaçable d’un coup de baguette magique. Une rue au
centre-ville, entièrement organisée autour de principes rares dans cette
société, un foisonnement de projets solidement installés ? une cohérence à
l’échelle d’une rue. Ce qui s’est créé ici est une alchimie fragile entre
un espace, des constructions physiques et des liens sociaux.

Il n’y a pas de relogement possible aux 400 couverts. Il n’y a pas de
proposition acceptable de la part de la mairie. Nous continuerons à
défendre la traverse des 400 couverts et toutes les pratiques
d’occupation et de recherche d’autonomie.

 »

P.-S.

Prévenez à l’avance si vous venez d’autres villes et souhaitez être logé
sur Grenoble.

Contact : collectif des 400 couverts
4, 6, 8, 8bis, 9, 10 traverse des 400 couverts - 38 000 Grenoble
courriel : 400crew()free.fr
téléphone : 06 87 02 58 44

Plus d’infos sur http://grenoble.squat.net et
http://grenoble.indymedia.org
Photos : http://grenoble.squat.net/400couverts/

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