En cette Nuit de l’Université, événement co-organisé par des enseignant.e.s, des étudiant.e.s et l’administration de l’université Lyon 2, nombreuses sont les personnes surprises de se voir contrôlées à l’entrée par des vigiles d’une compagnie privée. En effet, des vigiles ouvrent les sacs pour, officiellement, vérifier qu’il n’y ait pas d’alcool introduit dans les locaux. Evidemment, ces fouilles se pratiquent au faciès, certaines personnes n’étant pas inquiétées par les hommes en noir, d’autres personnes subissant une fouille forcée, sans questions ni avertissement préalable. Ces pratiques étaient d’autant plus absurdes qu’il était facile pour n’importe-qui de faire passer des bouteilles à travers les grilles, quelques mètres plus loin… Il s’agit quand même de prévenir tout « débordement » pour cette nuit cérémonieuse, sous les feux médiatiques et dans l’Amphitéâtre Présidentiel.
Nous sommes une vingtaine d’étudiant.e.s de l’IEP à discuter au préalable de notre position face à ces fouilles. Rapidement le refus fait consensus, et nous décidons collectivement de nous opposer à ces pratiques. Vers 21h nous nous présentons en groupe devant les grilles, et lorsque les premières personnes refusent de se faire fouiller, ce sont 20 voix derrière qui annoncent tout de suite leur solidarité. Les vigiles refusent alors de faire entrer ou sortir quiconque et rapidement un attroupement se fait autour des grilles. De nombreux.ses étudiant.e.s présent.e.s à l’intérieur viennent aux grilles en criant « pas de fouille à l’université », puis « pas de vigile dans l’université ».
En quelques minutes nous sommes 60, puis 150. En face, de nombreux vigiles se regroupent, ainsi que le chef sécurité du campus et le responsable communication de l’université. De nombreux.ses enseignant.e.s et étudiant.e.s organisateur.ice.s de la Nuit sont ici, profondément divisé.e.s sur l’attitude à adopter : certain.e.s nous menaçaient et nous insultaient pendant que d’autres se solidarisaient avec l’action.
Les personnes massées devant les grilles refusent de passer en force. A la place, quelques-un.e.s démontrent l’absurdité de cette fouille en vidant leur sac, en enlevant tee-shirt, chaussures, pantalons… Alors, en sous-vêtements, nous pouvions nous proclamer « étudiant.e.s modèles » et proposer un toucher rectal pour montrer que nous n’avions ni arme ni drogue. Cette initiative fait tâche d’huile : dans la rue aussi on fait tomber la chemise. Face à cela, les responsables de la Nuit prennent peur : quelle image médiatique de l’événement si une centaine de personnes se retrouvent en sous-vêtements devant l’établissement pour démontrer leur innocence ? En engageant nos corps dans ce refus, nous arrivons à mettre mal à l’aise la partie adverse. Il s’agit aussi de pousser au bout la logique sécuritaire, démontrer sa nocivité et son absurdité.
Finalement, un accord est trouvé sur l’arrêt des fouilles à l’entrée et la présence de membres de l’organisation de la Nuit aux côtés des vigiles. Cet accord n’a pas été respecté dans la suite de la Nuit : rapidement les vigiles se sont retrouvés seuls pour ouvrir la grille, et vers 2h du matin les fouilles sont rétablies.
Malgré cela, une action collective montée en 5 minutes a réussi à dénoncer efficacement le flicage quotidien et le tout-sécuritaire.
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