Pour nous, le Mexique n’est plus le même. Une partie de la population mexicaine est en train de se réveiller. Après des décennies d’injustice et de corruption, nous voyons un pays qui se lève et écoute. Il entend les voix d’autrui, de ceux qui sont laissés de côté et cachés parce qu’ils n’ont pas de place dans les "vérités historiques" que le gouvernement mexicain veut marchander au monde entier. Le Mexique ouvre les yeux pour trouver des fosses communes pleines de tant d’hommes, de femmes et d’enfants que les autorités ne réussissent pas à commencer à les compter. Le Mexique voit des communautés entières dépouillées des droits fondamentaux qui garantissent une vie digne, et se trouve face à un territoire qui est en train d’être vendu, morceau par morceau, parce que ses fonctionnaires donnent plus de valeur à l’accumulation de richesses qu’au bien-être et à la sécurité de ses citoyens.
Ce fût le chagrin des familles des étudiants disparus de l’école normalienne rurale « Raúl Isidro Burgos » qui nous a réveillés et il ne nous est plus possible de refermer les yeux. Six mois après les brutaux évènements qui eurent lieu à Iguala, Guerrero, les mexicains et mexicaines qui vivons à l’étranger disons avec une seule voix : « Sans justice pour le Mexique, pas de paix pour le gouvernement ».
Ensemble, nous dénonçons la spirale de violence, de corruption et d’impunité qui s’attaque à toutes les personnes mexicaines, spécialement aux secteurs les plus vulnérables de la société. Nous reconnaissons avec préoccupation la passivité du reste de la population face à l’urgence de ces faits. Nous voyons que le Mexique n’en peut plus, qu’il est nécessaire d’agir et de bâtir d’autres chemins ensemble. Ensemble, nous affirmons que le désespoir n’est pas une option.
Aux familles des disparus, nous vous réaffirmons notre solidarité avec votre lutte et vos exigences. Nous sommes avec vous dans votre demande de justice. Nos cœurs battent avec les vôtres.
A nos compatriotes, nous vous assurons que même si on est loin, à Amsterdam, à Athènes, à Berlin, à Leipzig, à Londres, à Marseille, à Paris et à Vienne nous marchons avec vous et avec les femmes, les indigènes, les immigrants, les étudiants, les professeurs et les travailleurs qui exigent le respect des droits les plus fondamentaux. Nos pas vous accompagnent.
Au gouvernement mexicain, nous déclarons que nous ne sommes pas fatigués, que nous ne nous remettrons pas et que nous n’oublierons point. Nous assumons le devoir d’être mémoire. Tant qu’il n’y aura pas de justice dans notre pays, nous continuerons de vous le rappeler, d’insister et d’agir. On est réveillés. Marchons ensemble !
Communiqué du réseau européen pour Ayotzinapa
26 Mars 2015
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