Appel à la grêve à l’hopital psychiatrique Saint Jean de Dieu

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La CGT et SUD St Jean de Dieu appellent à la grève pour le mardi 29 mai de 13h à 14h30 devant l’hôpital suite à de nombreuses agressions physiques et verbales pour revendiquer de manière urgente un surplus d’effectif et des moyens supplémentaires.

Des infirmieres au tapis, trop, c’est trop !

Depuis plusieurs mois, l’hôpital est confronté à une sur occupation des lits récurrente. Des couchettes ont été rajoutées un peu partout et le « dortoir de la honte » a été réouvert pendant plusieurs jours. Tout ceci, sans moyen supplémentaire en terme d’effectifs.
Au total, c’est l’équivalent d’une unité de soins et d’un hôpital de jour qui manque faute de moyens accordés par l’ARS. Celle-ci considère que notre durée moyenne de séjour est trop longue et que nous devrions « guérir » les patients plus vite.

De ce fait, les agressions physiques et verbales sont devenues monnaie courante. Les plus récentes concernent le CSA de Vénissieux et 2 infirmières de l’unité Saint Exupéry et Galilée.
Nous ne pouvons plus accepter de telles agressions !! Que font la direction, l’ARS, les organismes de tutelle ?

La gestion économique ne doit pas se faire au détriment de la gestion humaine.
Nous demandons des conditions décentes pour travailler et assurer les soins dans les conditions de sécurité, de qualité et de dignité que tout patient est en droit de recevoir.
Il y a les soignants en 1re ligne qui subissent des traumatismes physiques et psychiques importants et puis il y a les équipes et les patients qu’il ne faut pas oublier, victimes de dommages collatéraux provoquant de véritables traumatismes psychiques.
Comment tous ces collègues vont-ils pouvoir revenir travailler ?
Il est urgent que ceux qui gèrent notre établissement prennent leurs responsabilités y compris devant la justice.

Nos revendications sont toujours les mêmes et de plus en plus insistantes :
47 postes infirmiers dont 15 de nuit
15 postes d’aide soignants
le retour d’Agents des Services Hospitaliers, véritable métier en psychiatrie
l’abandon de la sous-traitance qui n’est pas satisfaisante
des moyens supplémentaires pour l’extra hospitalier.

Dans l’immédiat, nous appelons les personnels de St Jean de Dieu à débrayer
Le Mardi 29 mai 2012 – de 13h00 à 14h30 – à l’entrée de l’hôpital

afin d’exprimer notre solidarité avec nos collègues victimes et de sensibiliser la population à la dégradation de nos conditions de travail.

C’EST NOTRE TRAVAIL ET NOTRE VIE QUE NOUS DEFENDONS.

Un préavis de grève a été déposé auprès de la direction de l’Hôpital.

Adresse et location de l’hôpital : Route de Vienne, Lyon 69008, France


Voir une carte plus grande

P.-S.

SUD et la CGT Saint Jean de Dieu

plus d’infos sur le site de SUD Saint Jean de Dieu http://www.cesjd.fr/Sud-Solidaires--200.html

mardi 29 mai 2012

Rassemblement devant l’hopital St Jean de Dieu

13h00 - 14h00
Hôpital Saint-Jean-de-Dieu

Route de Vienne, Lyon 69008, France

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  • Le 2 juin 2012 à 09:59

    Sophie, évidemment que les soignant-e-s réclament des moyens pour le bon accomplissement du soin et pas que pour la sécurité, le soin étant l’engagement premier. Le tract ci-dessus s’axait principalement sur les violentes agressions qui ont eu lieu mais je t’invite à consulter la presse sur les revendications qui ont été exprimées, pour replacer au coeur de la mission de soignant-e celle du soin.
    A l’inverse d’avoir la tête dans le guidon comme tu le dis, le personnel a bien conscience que la poursuite de l’activité en psychiatrie se fait avec beaucoup de difficultés, de compromis et de contradictions. Et cela crée aussi une souffrance professionnelle et humaine.

    ci dessous le témoignage d’une infirmière agressée :

    Le mardi 22 mai 2012

    Ceci est un témoignage d’une infirmière de notre hôpital qui relate sa souffrance au quotidien.

    Soignant de nos jours… Mission impossible ?

    Faut-il rappeler que nous sommes infirmiers pour nous occuper de nos patients, les aider et les soigner … du moins en théorie. La réalité est malheureusement bien différente, particulièrement en psychiatrie.

    Voici un exemple vécu parmi tant d’autres :

    Dans une unité psychiatrique nous augmentons le nombre de patients sans pour autant augmenter l’effectif minimum soignant qui, sur cet hôpital, est fixé à deux infirmiers.
    Dans une vision purement gestionnaire, le soin se résume maintenant à des actes quantifiables ; en sont exclus la discussion, l’écoute, la présence, le soutien…

    Etre soignant aujourd’hui, c’est mettre en attente les demandes des patients tout en leur expliquant que nous n’avons pas de temps disponible.
    Nos journées sont stressantes, avec la peur permanente de commettre une faute grave, de ne pas prévenir une agitation, d’oublier un soin.

    Outre la tension liée à la peur d’engager notre responsabilité professionnelle ou légale face à cette surcharge de travail, le plus dur est de réaliser que c’est notre responsabilité morale que l’on nous demande d’abandonner lorsque nous enfilons notre blouse : Les patients sont devenus des objets de soins et les soignants des machines.

    Nous sommes évidemment bien loin de tout ce que nous imaginions en sortant de l’école : nous pensions soins, place importante laissée à la discussion, relation d’aide… Nous nous heurtons à un mur de manque de moyens, manque de temps, manque de soutien.

    Nous rentrons chez nous fatigués et souvent énervés.
    Mais d’un point de vue gestionnaire, passer de 26 à 29 patients est un changement bien insignifiant lorsque c’est chose courante de mettre le Soin entre parenthèses…

    Elodie
    (pseudonyme)

  • Le 30 mai 2012 à 14:33, par Sophie

    Je ne vais pas parler de la violence des patients prioritairement, mais surtout de celle de l’institution.

    - quand tu as besoin d’une hospitalisation en HP parce que tu sens que tu vas trop mal pour rester chez toi, voilà dans quoi tu peux tomber aujourd’hui :

    http://poemes-d-opale.over-blog.com/article-le-grand-sorcier-47002754.html

    Ce qui rejoint la question des moyens (si on traite les gens avec des « protocoles » standardisés auxquels, ici comme à l’hôpital hors HP, ils doivent se plier sinon exit, c’est parce que ça coûte moins de temps, et donc de personnels, que d’individualiser les traitements, que de tenir compte de la singularité de chacun.e... que de prendre soin des gens, au lieu de simplement les « traiter »). Mais aussi celle du pouvoir : quel contrôle des usager.e.s de la médecine, et ici de la médecine psychiatrique, sur les soins qu’ils doivent subir (subir est trop souvent le mot aujourd’hui) ? Y a-t-il un contre pouvoir en face de celui du psychiatre ?

    Intervient alors la question de la méconnaissance concrète de ce qu’est la folie et/ou la maladie mentale et/ou les troubles psychiques, y compris parmi nous militant.e.s : beaucoup de fantasmes parmi nous sur « la folie », le « pouvoir être fou librement », etc ... mais quand on est confronté.e à un.e proche qui « va mal », simple dépression pourtant, voire simple dépression avec de simples idées noires, ou encore simples crises d’angoisse certes un peu effrayantes car une crise d’angoisse, c’est toujours très démonstratif et...angoissant, eh bien on se trouve démuni.e.s, voire on a des réactions de peur et de fuite. Pourtant, tout ce que je viens de citer, c’est juste des petites névroses assez communes, on n’est pas dans le domaine des psychoses... j’ai un membre de ma famille d’origine qui est psychotique, je ne le connais pas, je sais juste, en creux, la honte de cette famille de porter « cela »... et c’est précisément à cause de cette honte (un « fou », ce n’est pas présentable, ce n’est pas une personne), que je ne le connais pas.
    Tant qu’on aura peur des fous parce qu’ils semblent étranges et effrayant.e.s, parce que leur souffrance et son expression nous sont le plus souvent incompréhensibles, parce que cette expression peut nous réduire à une impuissance souvent insupportable à vivre lorsqu’on fait partie de leurs proches, eh bien hélas, on n’arrivera pas à mettre vraiment en question cette transformation de la personne en état de folie et « fou objet du psychiatre ».
    Les fous, on ne les connaît pas, on ne les connaît plus. On devrait les visiter un peu, discuter avec eux lorsqu’ils sont en état de le faire... ils.elles ne sont pas que l’affaire de psychiatres qui ne peuvent que les « gérer » actuellement. Ils.elles devraient retrouver une place de personnes dans la société.

    Je me souviens aussi d’un camarade, aujourd’hui décédé, qui a été en HP parce qu’il a fait une tentative de suicide. L’HP est intervenu comme un stigmate de plus, qui l’a rendu encore plus effrayant pour les camarades autour de lui. Tant que l’HP sera un stigmate, tant qu’on dira comme une insulte « toi, tu devrais être au Vinatier », il y aura ce pouvoir sans limite du psychiatre, il y aura cette possibilité de détournement punitif de l’HP (enfariner Hollande, faucher des OGM, s’appeler Christine dans la Drôme... comme dans d’autres contrées jadis, c’est ne pas être conforme, donc mériter d’être « enfermé.e », et même pas en prison ...).

    Il faut rappeler, enfin, que les personnes en état de folie sont plus souvent victimes de violences que la population « normale ». Et moins souvent auteurs de violences qu’elle.

    Lorsque nous comprendrons ce que « les fous » ont à nous apprendre de la fragilité humaine, de notre propre fragilité, alors le pouvoir sans borne qui les transforme en objets, s’effritera et nous n’aurons qu’à l’achever en le balayant tel un tas de vieille poussière.

    Tout le monde peut, à un moment de sa vie, être en état de folie. Il n’y a rien de réjouissant là dedans, parce que la folie et la créativité sont deux états très différents. Dans le premier il y a surtout une souffrance atroce et son expression (le délire par exemple, est un moyen de fuir la réalité lorsqu’elle est psychiquement insupportable - pourtant, pour qui a déjà fait une crise de délire ou eu des moments de délire, il est connu que le délire lui-même est un moment aux alentours duquel il existe une souffrance énorme et très hard). Dans le deuxième, il y a la souffrance, mesurée et non plus démesurée, de celui.celle qui travaille sa matière pour la transformer en oeuvre communicable à autrui. Il y a une capacité (retrouvée) d’action sur le réel, de ce fait. Bien sûr on peut passer de la folie à l’art... ou l’inverse. Mais arrêtons de confondre folie et créativité.
    On peut être libres d’être créatifs.ives, mais pas d’être fous.folles. Un.e créatif.ive est asservi à une contrainte qu’il.elle s’est choisi.e pour construire sa liberté de créer, une personne en état de folie subit une contrainte interne à laquelle elle n’a, à ce moment là, aucune alternative.
    La folie n’est pas la liberté, mais tout l’enjeu du soin aux personnes en état de folie pourrait être, devrait être, de les aider à devenir moins contraint.e.s, plus libres.

    Et pour cela, il faut d’une que nous défaisions nos idées et fantasmes sur la folie (fascinante et effrayante alternativement...), de deux, que les personnels soignants (et non plus « contenants » - dans le sens « mettre en camisole »...) soient en nombre suffisant et formé.e.s correctement, pour ne pas traiter les personnes usagères de leur hôpital de manière méprisante, stigmatisante, voire violente et abusive.

    Les moyens, ils ne sont pas manquants « que » pour la sécurité des personnels soignants, mais aussi pour le bon accomplissement de leur mission de SOIN, pour les USAGER.E.S.
    Ce qui manque un peu dans le tract, peut-être parce que les soignant.e.s ont le nez dans le guidon... ?

  • Le 29 mai 2012 à 22:08

    La violence des patients n’est pas seulement dû à un manque de moyen, revendication bien pratique pour ne pas remettre en question son gagne-pain, mais également et surtout à l’enfermement sous contrainte.

    Rébellions qui conduisent inéluctablement à des jours voir des semaines en isolement, au mitard, avec un lit et un chiotte pour seules compagnies, une camisole chimique renforcée et la prolongation de la détention, dans le seul but d’étouffer les révoltes, de briser les individus.

    Il est bien beau de dénoncer, dans d’autres articles, « l’arbitraire des surveillants de prison », mais il ne faudrait pas oublier l’arbitraire en milieu psy, où les psychiatrisés doivent se soumettre à l’autorité des psys, des infirmiers et des vigiles, voir d’un tuteur, sous peine d’y passer des années.

    L’hôpital psy est un outil de pacification social, de soumission et de normalisation, comme l’explique ce témoignage : http://lecridudodo.blogspot.fr/2012/05/rage-endormie-anonyme.html

    Plus de moyens pour les patients volontaires, pourquoi pas - si ça ne se traduit par de nouvelles caméras de vidéo-surveillance et autres salles d’isolement - mais la liberté pour tous les autres.

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