Austérité et casse des missions de service public
Seuls 60 000 jours/hommes sont alloués à l’INRAP pour les diagnostics [1] en 2025, quand il en faudrait 82 000 pour suivre le rythme actuel d’aménagement du territoire et répondre à la demande des aménageurs. La taxe d’archéologie préventive, qui devrait servir à financer le dispositif, voit près de 30 % de son montant disparaître dans le budget global de l’état : l’archéologie ne fait pas que leur coûter « moins cher » en coupant dans les moyens, elle leur rapporte ! Quant à la partie qui est reversée à l’INRAP, elle stagne depuis des années indépendamment du nombre de diagnostics à mener.
Parallèlement, les Services Régionaux de l’Archéologie [2], travaillant en sous-effectif, se retrouvent dans l’impossibilité d’exercer correctement leurs missions d’accompagnement et de contrôle scientifique et technique des opérations, en raison des coupes budgétaires (- 400.000 € pour la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2025). Leur sous-effectif explique en partie la baisse continue du taux de prescription, toujours plus faible par rapport aux aménagements du territoire : 7,67 % donnent lieu à un diagnostic en 2023, pour à peine 1% de fouilles réalisées en 2024 [3].
Remise en cause des politiques de prescription
Dans le même temps le Ministère de la Culture fait pression sur les Services Régionaux de l’Archéologie pour exclure des diagnostics un maximum de cas de figure : diagnostics de précaution, bâti non inscrit aux Monuments Historiques, installations photovoltaïques sous la pression des lobby d’installateurs, etc. Autant de sites voués à la destruction sans étude ! Certaines mairies réclament même le non-respect de la loi, comme récemment à Ste-Foy-lès-Lyon !
Tous les acteurs de l’archéologie souffrent de la négation de leurs compétences et expertises ! En effet, le Ministère montre depuis des mois son refus systématique de prendre en compte le fonctionnement des SRA, de l’Inrap et des collectivités territoriales. Les SRA se retrouvent ainsi à être des chambres d’enregistrement de décisions prises en haut-lieu sans tenir compte des réalités locales et de l’intérêt scientifique. Alors que l’Inrap se voit imposer une réduction drastique de sa capacité opérationnelle, et que les collectivités territoriales manquent de moyens, les directives nationales se contentent d’exiger des SRA le tri des stocks de diagnostics prescrits et la déprescription des opérations liées à l’agrivoltaïsme.
Le projet de loi de simplification de la vie économique et son article 15bis C s’inscrivent dans la même logique en supprimant les obligations archéologiques et environnementales pour les projets que l’État estampillera d’ « intérêt national ». Qu’importe la richesse des vestiges, c’est l’intérêt de l’aménagement qui prime, y compris pour des aménagements de très grande emprise (LGV, autoroutier, etc.).
Des répercussions néfastes sur la recherche archéologique et les archéologues
La diminution des moyens alloués aux diagnostics et la politique de moindre prescription touchent tous les acteurs sur le plan social : mise sur le carreau des 400 CDD en contrats à l’INRAP et absence de renouvellement des postes, diminution drastique des prescriptions de fouilles et donc du volume d’opération tous opérateurs confondus, publics comme privé. La diminution des moyens touche également l’archéologie programmée, la recherche et les aides à la publication, comme en témoignent les maigres subventions en 2025 (baisse de 20 à 34% selon les DRACs) et l’absence de budget pour les nouveaux chantiers.
Sur le plan scientifique, c’est le fondement de l’archéologie préventive, c’est à dire fouiller et étudier ce qui va être détruit, qui est menacé, puisque primeront la nature et le cadre de l’aménagement sur l’intérêt scientifique et patrimonial des vestiges. C’est le principe même de l’archéologie préventive qui est ici grignoté, remis en cause insidieusement, et par là même l’avenir de notre profession et du patrimoine archéologique.
Pourtant, le dispositif d’archéologie préventive français a fait ses preuves. Il est perçu comme un modèle par les archéologues à l’étranger, où les conditions de travail et de sauvegarde du patrimoine archéologique sont souvent plus précaires.
Mobilisons-nous afin de sauver la profession et la recherche archéologique !
Nous appelons tous les archéologues de la région, du public comme du privé, du préventif à l’université en passant par les SRA et les musées, chercheur·euse·s et étudiant·e·s, à se mobiliser pour sauver leur métier ! Nous invitons également celles et ceux qui, enfants, se sont un jour rêvés archéologues, à venir nous soutenir ! Rejoignez-nous :
Le jeudi 5 juin à LYON, pour un rassemblement à 18 h sur les marches du palais Saint-Pierre - Musée des Beaux-Arts
Le jeudi 12 juin à PARIS, pour la manifestation nationale pour la défense de l’archéologie préventive.
A l’appel de
- Groupe Archéologie en Lutte Rhône-Alpes
- SGPA-CGT Syndicat Général des Personnels du service public de l’Archéologie
- CNT-CCS Secteur Archéologie
- SUD-Solidaire Culture Section INRAP
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