La pollution du Rhône aux PCB [1]
Vingt ans aprés la première plainte, a lieu ce mercredi 10 octobre à Lyon, le premier comité de pilotage (COPIL) PCB-Rhône : « Cette première réunion doit permettre de partager et d’améliorer la connaissance actuelle sur le phénomène de pollution, d’informer sur les actions mis en œuvre par l’Etat et sur les projets de renforcement » dixit Kosciusko-Morizet, secrétaire d’état chargée de l’Ecologie [2].
Quelle belle propagande !
1- Les PCB qu’est-ce que c’est ?
Les PCB sont considérés comme une molécule cancérigène mutagène reprotoxique, explique le professeur Dominique Belpomme, président de l’Association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (Artac). Une partie se stocke dans les tissus graisseux et peut y rester longtemps, puis se libérer pour fabriquer un cancer. Ils expliqueraient certains cancers comme les lymphomes, des cancers du sein et de la prostate, et ont aussi des impacts sur la reproduction.
2 - Quelle pollution à Lyon ?
Pendant plus de quarante ans, des tonnes de Poly-Chloro Biphényls (PCB) ont été rejetées dans le Rhône. Le fleuve est souillé de l’Ain à la Méditerranée.
3 - Depuis quand ?
" Vieux serpent de fleuve que la pollution du Rhône aux PCB", rappelait Politis le 5 juillet 2007.
Cela fait 20 ans que la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature a déposé une plainte contre X pour le déversement annuel de centaines de kilogrammes de PCB et que l’INRA a démontré la concentration anormalement élevée en PCB dans la chair des poissons péchés en amont de Lyon [3].
La pollution du Rhône revient à l’ordre du jour en 2005 avec une analyse de poissons dans le Canal de Jonage, près du Parc Industriel de l’Ain. A l’origine de ces analyses : un pêcheur.
4- Les responsables
L’entreprise Tredi [4] à Saint-Vulbas et l’entreprise Arkema [5] à Saint-Auban auraient déversé l’essentiel de la pollution ; quant à la préfecture du Rhône, la Région, le gouvernement (ministères de l’environnement, de l’agriculture, etc) ils ont tous été avertis et ont préféré ne rien faire et ne rien dire [6].
5- Réactions de certains responsables
L’entreprise Tredi à Saint-Vulbas (Ain) affirme que les quantités concernées ont "toujours" été "inférieures aux normes légales fixées"
et précise par ailleurs qu’en amont de l’usine, "le Rhône est pollué par le PCB", "Le lac Léman est connu pour en receler".
Cependant, l’entreprise n’apporte aucune preuve de ces affirmations et a décidé de ne pas participer au comité PCB-Rhône.
Hélène Blanchard, vice-présidente (Verte) chargée du dossier à la région Rhône-Alpes demande « une étude épidémiologique sur les populations ayant consommé de grandes quantités d’aliments pollués, par exemple certaines communautés asiatiques et africaines de la région lyonnaise ».
Cela a déjà été fait, cette pollution est connue depuis environ 20/25ans [7], avec des résultats sans appel et qui n’ont pourtant rien changé à la pollution, à part augmenter sa concentration.
Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie souhaite "approfondir les évaluations de l’impact écologique et sanitaire des différentes pollutions et mobiliser les moyens nécessaires, notamment sur le plan de la recherche, pour apporter des réponses à la hauteur de ces enjeux". « Ces risques concernent ceux qui consommeraient beaucoup de poissons. Quelqu’un qui mangerait un poisson du Rhône ne courrait aucun danger », exlique-t-elle à Libération...
C’est faux : ces risques concernent principalement la population qui boit de l’eau du Rhône tous les jours ou qui mange des produits irrigués par l’eau du Rhône tous les jours et depuis des années, c’est à dire une bonne dizaine de millions d’habitants pour la vallée du Rhône. Louer la recherche n’y changera rien.
Xavier Richaud, procureur de la République à Lyon affirme lui, qu’ "avant 2005, nous n’avions eu aucune plainte ni remontée d’initiative d’organismes comme la DRIRE".
C’est faux : une première plainte avait été déposée par la Frapna, en 1986 et une quinzaine de plaintes sont à présent enregistrées.
La volonté du parquet d’étouffer l’affaire va plus loin : le parquet de Lyon a demandé le "dépaysement" de l’information ouverte pour « déversement de substances nuisibles dans les nappes souterraines ou superficielles », vers le pôle de santé publique rattaché au tribunal de grande instance de Marseille...
6- Conclusion
Autant dire qu’ils sont tous décidés à se taire et surtout à continuer à travailler à la préservation de leurs intérêts personnels.
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