Descriptif général
Le livre Comment faire collectif ? (éd. Champ Social, 2024) s’adresse à toute personne participant à des aventures collectives de transformation sociale, aux militant⋅es pour le soin et aux professionnel⋅les du social. Il est le fruit d’une enquête menée par des praticiennes et praticiens de l’analyse institutionnelle
Incarnée par François Tosquelles, Fernand Oury ou encore René Lourau et Félix Guattari, l’analyse institutionnelle est un courant de pensées et de pratiques, qui questionne l’influence des modes d’organisation sur l’expérience des sujets. La socianalyse est, elle, une méthode d’intervention qui met en œuvre, dans une veine psychosociologique, l’analyse institutionnelle, sur le terrain de collectifs traversant des crises.
La recherche Comment faire collectif ? part d’un constat partagé : les collectifs autogérés – qu’ils soient lieux de vie, de lutte ou de travail – traversent des crises récurrentes. Ces crises se manifestent au travers de conflits interpersonnels, de désaccords sur le sens du projet, de hiérarchies informelles, de tabous, de rivalités ou encore de violences liées à des normes implicites, en contradiction avec les valeurs affichées. Face à ces impasses, les collectifs se trouvent souvent démunis. Ces crises, loin d’être anecdotiques, semblent structurelles, consubstantielles au projet autogestionnaire. Elles fragilisent en profondeur les tentatives d’autogestion et peuvent faire naître l’impression qu’elles sont inévitablement vouées à l’échec.
Par cette enquête, le réseau d’analyse institutionnelle a souhaité renforcer les expériences collectives alternatives et pallier le déficit de transmission entre les générations. Pour cela, le réseau cherche à alimenter une “culture des précédents”. Il s’agit de considérer les crises non comme des échecs définitifs, mais comme des occasions d’apprentissage et de transformation. Et celles-ci méritent d’être transmises parmi les générations de militant⋅es, de praticien⋅nes et d’expérimentateurs de la vie collective.
Pour aller dans ce sens, deux auteur⋅rices viennent animer trois temps d’échange, à Lyon :
- présentation de l’enquête à la librairie Ouvrir l’Œil le mardi 3 juin à 19h30
- atelier participatif au lieu de solidarité l’Île Égalité, le mercredi 4 juin à 14h
- présentation de la socianalyse et discussion sur l’intervention en milieu autogéré, à l’Amicale du Futur, le mercredi 4 juin à 18h
Présentation et discussion du livre : mardi 3 juin, 19h30, librairie Ouvrir l’Œil
Le mardi 3 juin, à 19h30, à la librairie Ouvrir l’Œil (18 rue des Capucins, 69001 Lyon), aura lieu une présentation du livre Comment faire collectif ?. L’accent sera mis sur le déroulé de la recherche, sur les résultats produits et sur la méthode d’enquête.
Évidemment, toute question sur l’analyse institutionnelle, la socianalyse ou les recherches sur les dynamiques de groupe, sera la bienvenue.
Atelier participatif : mercredi 4 juin, 14h, l’Île Égalité
À partir des résultats de l’enquête Comment faire collectif ?, faite de 48 entretiens dans des collectifs assez divers, une cartographie a été constituée, qui affine la compréhension de ce qui fait la vitalité des collectifs, de ce qui la fragilise, l’entrave ou la détruit.
Trois “pôles de force” semblent se dégager : le pôle du feu, le pôle de la composition, le pôle de l’attention. Ils désignent chacun un type de mouvement qui anime les collectifs. L’enquête suggère aussi l’existence de trois “écoles”, de trois manières de faire typiques en situation de crise : l’école de la rupture, l’école des formes, l’école des relations.
Cet atelier propose d’utiliser cette cartographie comme modèle pour interroger nos propres expériences collectives, ouvrir de nouveaux questionnements et éclairer les dynamiques à l’œuvre dans les groupes auxquels nous participons.
Prix libre. Mercredi 4 juin, 14h à l’Île Égalité, 6 rue de l’Égalité, Villeurbanne, métro Cusset.
Si possible, écrivez-nous pour annoncer votre venu, à jacquesjacques@protonmail.com
Discussion sur l’intervention de tiers en milieu autogéré : mercredi 4 juin, 18h, l’Amicale du Futur
Au cœur de projets autogestionnaires, on trouve la volonté d’un pouvoir partagé, émancipateur, porté par une adhésion collective à un grand idéal décidé en commun. Or, l’un des travers fréquents d’une culture de l’autogestion, est une forme de prétention à l’autosuffisance et de repli sur soi. Cette perte d’extériorité est un terreau favorable à la formation de normes et de rapports de pouvoir implicites, que l’autojustification tend à rendre inquestionnable.
Le projet autogestionnaire initial se trouve souvent miné par ses propres contradictions, ce qui aboutit régulièrement à des crises. C’est dans de telles situations que les collectifs font appel à des intervenant·es socianalystes. Ces interventions, menées en assemblée ouverte, sur plusieurs jours, permettent une exploration approfondie des conflits, tabous et rapports de pouvoir. L’intervention d’un tiers extérieur permet une prise de recul sur les allants de soi, les normes et la trame des relations de pouvoir qui structurent les organisations, même lorsqu’elles se veulent horizontales et autogérées. L’intervention vise ainsi à ouvrir de nouveaux possibles dans des contextes qui paraissent verrouillés.
À partir de l’ouvrage Comment faire collectif ? et des expériences de socianalyse, les praticien⋅nes feront une présentation de 30-40 minutes sur l’intervention en socianalyse dans des collectifs autogestionnaires ou militants en crise et conflit. Cette présentation sera suivie d’une discussion avec les personnes présentes, à partir de leurs propres expériences de vie collective.
Cette discussion propose une réflexion sur l’exigence et les travers de l’autogestion. Car malgré les écueils répétés de génération en génération, l’autogestion garde sa force d’idéal d’une émancipation collective, dont le renoncement serait vécu comme une défaite.
L’analyse institutionnelle, en tant que pensée des collectifs comme jeux de forces et de formes en mouvement, permet de réactiver une lecture critique des dynamiques internes aux groupes. Et, par là, d’assumer l’autogestion non comme un système applicable, mais comme le processus exigeant d’un apprentissage collectif de la traversée des crises.
Discussion, suivie d’un repas à prix libre, à 18h à l’Amicale du Futur, 31 rue Sébastien Gryphe, 69007.
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