Depuis l’été 2004 [1], la situation n’a pas vraiment changé au centre de rétention administratif (CRA) de Lyon - Saint Exupéry. Tentatives de suicide avant embarquement, grèves de la faim sporadiques, multiplication des bagarres avec les flics ou entre personnes retenues... La tension est telle que des policiers auraient demandé au médecin du centre de distribuer des calmants.
Difficile d’affirmer alors que les travaux d’aménagement réalisé en 2004 ont contribué à améliorer l’ambiance. Pour ce qui concerne l’élargissement du centre, la capacité « d’accueil » a bien été portée de 52 à 78 places mais la deuxième phase, qui implique des travaux en dur et doit permettre de passer à 128 places, a été reportée à l’été 2005. En attendant, les panneaux indiquant la nature des travaux et l’identité du maître d’œuvre [2] ont été retirés. Tous ces aménagements ont surtout amené une transformation dans la rhétorique de l’enfermement ; en septembre 2004, une responsable déclarait ainsi au Progrès que le CRA Lyon Saint Exupéry constituait un « centre modèle, particulièrement adapté pour accueillir des familles. »
Cette façon de faire rimer rétention et humanitaire fonctionne comme une sorte d’argument de vente puisque de plus en plus de "familles" en provenance de Suisse ou de l’Est de la France transitent désormais par le centre... L’argument était pourtant démenti en actes dès le 29 septembre : onze personnes d’origine algérienne entamaient alors une grève de la faim et de la soif,non seulement pour obtenir leur régularisation, mais également pour protester contre les conditions dans ce centre pourtant présenté comme « aux normes »...
Étant donné l’isolement du CRA, situé sur une zone aéroportuaire à une dizaine de kilomètres de l’agglomération, les multiples formes de résistance menées par les personnes retenues restent la plupart du temps inaperçues (et non médiatisées) On en sait un peu plus par contre sur les initiatives prises à l’extérieur, et qui se sont multipliées aux alentours de la semaine d’action « Anti Bouygues » (c’est plus facile vu qu’elles ont fait l’objet de communiqués de presse) :
Le 12 décembre, un point de vente Bouygues Immobilier est attaqué à l’aide d’une “poubelle incendiaire”, en riposte au rôle prépondérant « [du groupe] dans le développement de l’univers carcéral. » La cahute a été endommagée et une grande bâche publicitaire entièrement détruite.
Le 18 décembre, 7 agences Bouygues Télécoms de l’agglomération lyonnaise sont sabotées par “encollage des serrures” ; des affiches explicatives posées sur les vitrines dénonçaient la politique du groupe Bouygues en matière de constructions de prisons et de centres de rétention...
Le 19 décembre, un chantier et un point de vente Bouygues Immobilier sont attaqués au cocktail Molotov, à Villeurbanne. Le communiqué de presse a le mérite d’être assez explicite : « GFC Construction construit des résidences bourgeoises, mais aussi des prisons (Toulon) et des centres de rétention (Lyon Saint-Exupéry) tout comme la plupart des filiales de Bouygues Construction. Bouygues participe à notre enfermement, participons à sa destruction. »
Poudre d’escampette
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