Ces derniers temps, nous avons assisté à une véritable reprise du mouvement de la « casse » par les médias. Par certains d’entre nous, aussi. Par moi qui écrit cette brève, pendant un moment. Tout le monde savait désormais faire la différence entre « casseur » et « manifestant ». Les « casseurs » ne savaient pas pourquoi ils étaient là, sauf pour casser, et piller. Les manifestants étaient bien gentils et marchaient tranquillement dans la rue. On ne parlait alors point trop des actions plus « radicales », histoire de ne pas effrayer le commun du mortel.
Entre deux, il y a eu les autres casseurs : les casseurs de vies et de corps, vous les connaissez déjà. Et puis, le jeudi de la place Bellecour. Et les témoignages qui disent que ces jeunes savent exactement pourquoi ils sont là. La seule différence entre « nous » et « eux », finalement, ce serait le moyen d’expression. Et quand bien même ils n’auraient jamais entendu parler de cette histoire de retraites, ils expriment un malaise. Le malaise de la banlieue, laissée de côté, qui vient casser le centre-ville. Le centre-ville qui les exclut, qui ne veut pas d’eux. Le fait que cela soit si fort à Lyon serait-il une traduction de la politique menée dans cette ville et ses environs depuis des années ?
Mais il y a aussi le problème des « flics ». Les flics, « là-bas », se croient tout permis, encore plus qu’« ici ». C’est ainsi qu’un jour, j’entendis un jeune crier : « on casse tout, il y a les flics ! ». Comme une manière de se venger de l’humiliation subie tous les jours, comme une vengeance des contrôles au faciès, du « no-future », de cette société qui nous divise, exclut une partie, créée des riches et des pauvres, exploite le tout, et nous transforme en ce qu’il leur faut, aux dirigeants : de bons petits moutons canalisés par la police pour ceux qui auraient envie de se rebeller un peu, une fois, un jour, on ne sait pas pourquoi.
Et puis, pour ceux qui ne comprendraient toujours pas, ceux qui ne vont d’ailleurs jamais sur ce site, ce soir, une fois de plus, j’ai envie de témoigner. Du comportement des flics, en général. De leur mépris. De leur croyance en leur toute puissance. Du fait que tout à l’heure encore, sur une piste cyclable quelque part dans Lyon, j’eu une altercation avec l’un d’entre eux, en civil, qui parce que je n’avais pas de feux (je précise qu’il faisait nuit) m’a dit qu’il ne me voyait pas puisque je n’avais pas de feu. Quand je l’ai informé de la présence d’un trottoir à côté, il s’est permis de me dire le prix d’une amende pour un vélo qui roule sur un trottoir. Malheureusement je lui parlais de la présence du trottoir pour lui et non pour moi. Mais cette piste étant « mixte » (cela signifie qu’elle est autorisée aux vélos, aux piétons suicidaires, et aux chiens qui déboulent à toute vitesse, nous précipitant, nous, cyclistes, par terre), il avait tout à fait le droit d’y marcher, même si lui dis-je pour qu’il ne se prenne pas un vélo il était mieux pour lui de marcher sur le trottoir. Alors, voici la réponse qu’il me fit... : « je connais votre tête, maintenant ! la prochaine fois que je vous vois, je vous mettrais une amende ! ». Et oui, c’est ça, un flic. même en civil, ça fait du zèle. Alors, pour ceux qui ne les connaissent pas, imaginez dans les quartiers. Moi, ce soir, étudiante banale en fait, je suis franchement en colère contre eux, les flics. Je n’appelle pas à la violence. Je l’estime compréhensible, parfois. Et quand il s’agit de casser des magasins et de les piller, pas de racquetter quiconque soyons clairs, elle s’explique. Par l’humiliation subie et par le « no-future ». Par la révolte de ces jeunes engendrée par le comportement de certains...
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