Si l’insurrection spartakiste de Berlin est maintenant connue, les révolutions - car on peut employer le pluriel en raison de leur manque de coordination - qui agitèrent le reste de l’Allemagne le sont moins. Parmi elles, la République des conseils de Bavière, proclamée le 7 avril 1919, fut l’une des plus radicales.
Les sociaux-démocrates sont responsables de l’implantation du nazisme dans sa région d’origine, la Bavière. Parmi les troupes qui écrasèrent la République des conseils se trouvaient de futurs nazis comme Rudolf Hess ou Röhm. A tel point qu’avoir participé à la répression devint un titre de gloire parmi les activistes d’extrême droite. Adolf Hitler, simple mouchard à cette époque, affirme sans la moindre preuve dans Mein Kampf que trois hommes des conseils seraient venus l’arrêter mais qu’il les aurait mis en fuite ! Un mensonge destiné à se valoriser auprès des anciens de l’armée blanche qui peuplaient son parti. Ce qui est plus grave, c’est que la région de Munich fut livrée à la soldatesque et à l’extrême droite. La police se plaignit même de ne plus rien contrôler !
Le S.P.D. ne profita pas du bain de sang qu’il avait organisé. Peu de temps après, Hoffmann fut mis en minorité au parlement local et dut céder sa place à la droite. Une situation quasi insurrectionnelle s’instaura en Bavière. Ce fut la seule région où réussit le putsch d’extrême droite de Kapp en 1920 et c’est à Munich que se produisit celui d’Hitler en 1923 avec beaucoup de ceux qui avaient écrasé la République des conseils.
La République des conseils de Bavière (1919) (Partage Noir)
1918 : la défaite militaire provoque la chute de l’Empire allemand.
Les révolutionnaires, dont la ligue spartakiste (futur PC allemand) proclament dans tout le pays des conseils d’ouvriers et de soldats.
Mais très vite ils se heurtent au nouveau gouvernement social-démocrate.
Le gouvernement tente d’écraser les conseils par la violence.
Les batailles de rues font rage entre Spartakistes et militaires.
Les anarchistes ne sont pas absents de la lutte révolutionnaire...
A Munich, Gustav Landauer, théoricien d’un socialisme libertaire original ; le futur écrivain Traven et l’anarcho-communiste Erich Mühsam aident les ouvriers à proclamer la République des Conseils de Bavière (7 avril 1919).
Pendant quelques jours ils proposent des mesures à caractère anarchiste (socialisation du logement, éducation libertaire).
Mais le sabotage des communistes met un terme à cette expérience originale.
Peu après, le gouvernement social-démocrate mobilise l’armée et les corps-francs (groupes paramilitaires d’extrême-droite) pour écraser la République des conseils.
Le 1er mai 1919, les militaires reprennent un à un les quartiers de Munich aux ouvriers.
Une véritable terreur blanche s’instaure. Gustav Landauer tombe pendant les combats. Il y a 600 morts et des milliers d’arrestations.
Occupée par la soldatesque, Munich devient un foyer réactionnaire et une pépinière de nazis. Hitler y tentera son putsh en 1923.
Sous l’impulsion d’anarcho-syndicalistes comme Rudolf Rocker, l’Association des Travailleurs Libres d’Allemangne (FAUD) est fondée en 1919 à Dusseldorf.
En 1923, alors que règnent en Allemagne l’inflation et la misère, la FAUD devient une organisation de masse et compte 125 000 adhérents.
Mais la montée du nazisme sera fatale aux libertaires. Sous les arrestations et les interdictions le mouvement s’effondre.
Erich Mühsam, devenu le symbole de la lutte antifasciste, est interné dans le camp de concentration d’Oranienburg. en 1934, puis tué comme juif et anarchiste.
Helmut Kirschey (à gauche) et d’autres militants anarchistes allemands parviendront à s’échapper et combattront en 1936 pendant la révolution espagnole dans les rangs de la CNT-FAI au sein du Deutsche Anarchosyndikalisten (DAS). Comme de nombreux antifascistes, Karl Brauner, Helmut Klose, Georg Gernsheimer, Egon Illfeld, membres du DAS (ci-dessous), seront internés au camp de Gurs construit en France par le gouvernement de Daladier pour les personnes fuyant l’Espagne après la prise de pouvoir de Franco. Sur les 64 000 personnes internées, 1 072 y sont mortes, entre son ouverture en mars 1939 et sa fermeture en août 1944.
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