Renaud Pfeffer, vice-président de la région délégué à la sécurité, confie à Lyon Capitale [1] son futur programme de « brigades de sécurité » pour les lycées de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Même s’il s’en défend, on pourrait résumer son programme à la mise en place de milices privées, payé par nos impôts bien sur, qui auront toutes libertés à intervenir en dehors, mais aussi dans les lycées, voir dans les cars scolaires. Après des portiques, dont l’efficacité reste encore à démontrer, qui auront quand même coûter la bagatelle de 90 millions d’euros, ce sont encore des dépenses supplémentaires pour une politique du tout sécuritaire dans les lycées régionaux.
L’effectif de la brigade sera divisé en plusieurs unités de trois personnes « anciennement militaires ou gendarmes, ou alors issues du secteur de la sécurité, de l’Éducation nationale ». Les agents seront clairement identifiés avec des tenues spécifiques et des équipements de protection du même titre que les agents de sécurité. « Ils auront surtout un gabarit », s’amuse le vice-président, rappelant au passage que ces brigadiers ne seront « pas là pour faire de l’animation ». « Il y aura des femmes dans chacune des équipes. Car il faudra pouvoir instaurer un dialogue auprès des jeunes filles, cibles de nombreuses violences. » [2]
C’est aujourd’hui ne rien comprendre à la hausse des violences qui est réelle dans les établissements scolaires, notamment les lycées. Avec la crise sanitaire COVID, de nombreux élèves sont depuis plus d’un an et demi balancés entre cours en distanciel, incertitude sur l’avenir (notamment les examens annulés ou maintenus au bon vouloir de Blanquer), classe en demi-jauges, cours en semi-présensiel, drames familiaux, isolements, confinements, qui engendre angoisses, phobies scolaires, décrochages, déscolarisations, absentéismes, et créer depuis cette rentrée des tensions nouvelles et accentués dans les établissements scolaires et les activités péri-scolaires. Si l’année dernière de nombreux lycées ont su contenir les conséquences de la crise sanitaire grâce à des cours en demi-jauge et un investissement accru des personnels. Cette année le « retour à la normale », avec ces classes surchargés qui empêchent un suivi soutenu des élèves, un baccalauréat sans aménagement, Parcoursup, sans compter les nouvelles réformes (contrôle continu, semestrialisation), poussent les élèves et les personnels à bout. Les pédopshychiatres à l’échelle mondiale tirent la sonette d’alarme sur les conséquences sociales et pshychiques sur les jeunes et adolescents depuis maintenant plusieurs mois et demandent, en vain, des moyens pour faire face à la crise.
En grève le 23 septembre [3], les exigences étaient pourtant claire :
- Réduire la taille des classes pour enseigner autrement et favoriser la réussite des élèves.
- Titulariser, recruter davantage, former mieux, rémunérer plus.
- Gagner les moyens pour une école ouverte à tou-te-s les élèves : les élèves à besoins particuliers doivent bénéficier de l’accompagnement nécessaire à leur réussite.
- Créer un vrai secteur médico-social de l’Éducation nationale.
Face à la crise sanitaire et sociale, la nécessité d’avoir plus de personnel est une évidence pour tous les acteurs de l’Éducation Nationale. C’est de personnels médico-sociaux, d’AVS, d’AESH [4], de surveillant.es, d’enseignant.es qu’ont besoin les lycées, pas de matons privées.
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