Dictature du bisou : mise au point sur les événements du 18 mai

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Suite au « kiss-in » du 18 mai, un communiqué inter-associatif a été publié, non seulement insuffisant mais aussi dangereusement soumis face à cette situation. Cette seule réponse serait la porte ouverte à des futures brimades et freinerait une résistance plus active.

Mardi 18 Mai, il était prévu de se réunir place St-Jean, avec invitation à s’embrasser, entre trans’, pédés et autres gouines.
Le samedi précédent, le rassemblement a été interdit par le préfet suite à des menaces et pressions de catho-fachos. Il faut dire qu’ils ont soumis une procession religieuse au même lieu, même heure. Fallait choisir entre les deux, une procession aux chandelles, c’est plus politiquement correct, ça rappelle Noël !

Ces temps-ci, à Lyon, ça pue le faf  : plusieurs agressions, une descente sur les pentes de la Croix-Rousse...Des petits sourires narquois dans le métros aux coups de pression dans les bars en passant par des drapeaux français fièrement exhibés sur une épaule ; en général, une présence accrue de look et de tags clairement fascistes dans nos rues. Ils ne se cachent plus et il serait naïf de penser qu’ils ne s’attaquent qu’à leurs folkloriques ennemiEs les red-skins. A l’heure où les expulsions musclées de sans pap (1) ne font pas broncher le citoyen, ce n’est pas celui-ci qui viendra à notre aide en cas d’agression. La peur doit changer de camp.

Le 10 avril 2010, plus de 2500 personnes se sont déplacéEs pour leur faire face. Mais il ne faut oublier que ce combat n’est pas qu’une lutte évènementielle de manifestation mais un combat quotidien qui se doit d’être organisé par et avec toutes et tous. Nous ne nous contenterons pas de nous manifester dans des espaces et temps définis et encadrés par Monsieur le préfet et ses amis de la police.

Ce 18 mai, des dizaines de cars de CRS étaient présents pour notre « protection ». Le rôle pacificateur n’a pour effet ici qu’un étouffement des luttes : simuler la paix alors que c’est déjà -et toujours- la guerre. Sans les flics, un face à face avec les néonazis aurait peut-être été pour notre perte, mais cela nous aurait alors suffisamment remuéEs pour que la prochaine fois, nous revenions avec godes, chaînes, fouets et bâtons.
Deux lignes de CRS pour nous empêcher d’accéder à la place et pour laisser les nazillons prier. Deux heures passées à scander des slogans contre les fafs, présents à 20 mètres de nous, alors que le premier obstacle, contenant réellement notre avancée, était cette force de pacification à seulement quelque centimètres. Forces de l’Ordre qui ont ici bien réussi leur travail : étouffer les luttes dans l’œuf et se positionner comme force neutre alors qu’elle est la première oppressive.
Deux heures vaines, de batailles d’ego à qui criera le plus fort, avant une dispersion sous les lacrymos & flash balls (contrairement aux dire de la préfecture). Juste de quoi fatiguer inutilement le bon militant qui, en rentrant chez soi aura le sentiment d’avoir fait son devoir, alors qu’en pratique, aucune action autre que symbolique n’a été menée.

Là où les slogans ne suffisaient plus, c’est contre la violence et l’oppression policière que la rue à été prise par les folles et autres dégénérées à Stonewall en 1969. Elles ont pris leurs « droits », sans attendre qu’Ils les leurs donnent. Il ne faudrait pas oublier que c’est ce joyeux bordel qui est aujourd’hui commémoré par la Gay Pride. Commémoré, c’est à dire accepté comme déjà mort, et rappelé par cette marche funèbre tristement gaie, normative, capitaliste, anti-insurrectionnelle et bien pensante. « Aimez-vous les uns les autres », « faites l’amour et pas la guerre »... on l’a aussi entendu dans nos rangs. Non, quitte à faire l’amour, autant faire la guerre.

Face à une présence policière paternaliste, une communication interne est primordiale pour ne pas se laisser cerner : ce n’est pas une protection, c’est une oppression qui nous empêche d’agir, « pour notre bien ». Lutte-t-on si on lutte en accord avec la force qui nous opprime ? Doit on lui laisser le choix du lieu, du temps et du déroulement de nos actions ?

La communication et la mobilité s’imposent donc pour ré-agir et cette fois-ci, pour nous protéger entre nous. Il faut dépasser l’état de surprise-déception-dénonciation qui nous a embourbéEs durant deux heures le 18 mai dernier. Désormais, on ne se contentera plus de piétiner sur place, c’est sur toute la ville que nous irons danser, et sans attendre une quelconque somation policière. Ils sont lourds, Ils sont statiques, Ils sont blindés- autant être légères, mobiles et rapides. Si la police nous empêche d’atteindre un de nos buts, nous n’avons qu’à en trouver mille autres.

Il n’y a pas qu’une église devant laquelle s’embrasser, qu’une salle de remise en forme féminine à visiter, qu’un panneau de pub sexiste à commenter ou qu’un mur à décorer. Une fois échappéEs on ne pourra pas nous arrêter. Il n’y a qu’à choisir un chemin parmi tant d’autres, droite ou gauche au carrefour peu importe. Il faut juste avancer, éviter de tourner en rond, de s’arrêter sur un pont où il ne nous restera plus qu’à nous jeter à l’eau.(2)

Jouir sans entraves sera toujours admis. Alors jouissons à les entraver !

Quelques fléaux-dansants

P.-S.

(1) Des rafles musclées, place du Pont ou ailleurs, ont lieu régulièrement, en pleine journée. A voir Etranges rafles place Du Pont

(2) Lors du mouvement après le kiss-in, l’inter associatif LGBT a décidé de faire une assemblée générale (parlotte) au milieu du pont Wilson et une négociation avec des policiers en civil a commencé. Situation assez cynique quand ils viennent de nous gazer.

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