Depuis l’Europe, notre attention aux mouvements sociaux à l’étranger se concentre souvent sur leurs aspects les plus spectaculaires. Les informations qui circulent décrivent émeutes, affrontements, sabotages, pillages... Il est plus rare d’avoir une idée de ce qu’il se passe avant et après les moments de confrontation. Quelles sont les éléments déclencheurs de ces révoltes ? Comment en arrive t-on à de telles confrontations ? Quelles sont les structures mises en place lors de ces moments de remise en question de l’ordre établi ? Qu’en reste t-il lorsque la situation retourne « à la normale » ?
De quoi ce manque d’intérêt est-il le symptôme, sinon des limites auxquelles se heurtent les luttes situées de ce côté de l’Atlantique. Des limites que rencontrent les acteurs et actrices de ces luttes à se projeter dans un processus réellement révolutionnaire, à s’identifier aux aspects des luttes plus liés à la « construction » de l’autonomie qu’à la « destruction » des structures d’exploitation et d’oppression sociale. Une image fragmentée des luttes, qui reflète sans doute un manque de perspectives et de commun à défendre, qui se traduit souvent par un engagement fragmenté dans les luttes.
Le mouvement de contestation en Argentine, n’a pas échappé à cette règle. Attirant toute l’attention des médias de contre-information pendant trois ans, de 2001 à 2003, il a ensuite disparu subitement de la scène médiatique européenne. Entre intégration à la normalité capitaliste des usines récupérées, répression et récupération du mouvement par le gouvernement « progressiste » de Nestor Kirchner1, le foyer Argentin s’est transformé en braise, tandis que notre intérêt se tournait vers d’autres flammes, à l’autre bout du monde.
À travers deux entretiens avec des compagnons piqueter@s, militants au sein de deux structures du Mouvement des Travailleurs Désoccupés (Movimiento de los Trabajadores Desocupados / MTD), nous entendons renverser la tendance. En focalisant sur l’analyse des structures crées et pérennisées par les formes les plus radicales du mouvement, nous entendons repenser le mouvement en tant que processus qui s’inscrit dans la durée et dépasse la simple question de l’affrontement. Nous souhaitons nous interroger sur les évolutions sur le long terme, la structuration, les réussites et écueils de cette force sociale qui permet de comprendre l’intensité et la forme de l’antagonisme social en Argentine.
Brève histoire d’un mouvement de vingt ans d’âge
Bien qu’il existe une large bibliographie sur le mouvement piquetero, il nous a parût intéressant d’en retracer ici l’histoire succincte, en mettant l’accent sur quelques uns des moments qui en ont fait la force et l’importance à nos yeux.
Le terme piqueter@s vient de piquete, nom donné à la forme principale de mobilisation que ces travailleurs et travailleuses désoccupé.e.s ont érigé en arme. Le piquete des piqueter@s est très différents de l’image qu’on peut avoir d’un piquet de grève en Europe. En effet, lors d’un piquete en Argentine, les gens bloquent une ou plusieurs routes (souvent des autoroutes) qui jouent un rôle central dans la circulation des marchandises. Ils bloquent ces routes en y construisant des barricades (souvent avec des pneumatiques enflammés) et en les occupant jour et nuit.
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>Rassemblement pour Gaza, pour la Palestine Samedi 20 avril - 15h Place des Terreaux - Lyon
Ce gouvernement criminel parce qu’il subit des pressions internationales (trop souvent verbales) a bombardé le 1er avril l’ambassade d’Iran à Damas, prenant délibérément le risque d’une extension du conflit, en espérant détourner l’attention de ses crimes génocidaires en Palestine.
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