Faire face à l’augmentation de la délinquance juvénile
La loi Perben I votée en 2002
décidait de la construction de 7
EPM de 60 places chacun destinés
à accueillir des jeunes à partir de
13 ans pour faire face à l’augmentation
supposée de la délinquance
des jeunes. Loin de se substituer
aux anciens quartiers pour
mineurs délabrés, ils créent dans
les faits, une offre supplémentaire
de places en détention. Pourtant,
au cours des 10 dernières années,
l’augmentation de la délinquance
juvénile ne concerne pas des faits
graves justifiant une incarcération,
mais plutôt nécessitant des
rappels à la loi. Les chiffres des
meurtres sont stables, et si ceux
des violences sexuelles augmentent,
ce n’est pas le fait des jeunes,
(on observe la même augmentation
chez les adultes) mais
d’une dénonciation de ces actes
plus fréquente [1]. Ce qui a incontestablement
augmenté,
c’est la
précarité et le sentiment d’insécurité
sociale. La réponse politique à
cette insécurité, au lieu de s’interroger
sur les causes sociales et
économiques des passages à l’acte,
a été de trouver un bouc-émissaire
parmi les jeunes de quartiers
populaires et si possible issus de
l’immigration.
Répressif versus éducatif
L’ordonnance de 1945 sur l’enfance
délinquante, celle que rêve de
pulvériser N. Sarkozy, établissait
la primauté de l’éducation sur la
répression pour les 10-18 ans.
Dans les années 70, les derniers « ancêtres »
des EPM étaient fermés
: le rapport adressé en 1974
par le président du tribunal pour
enfants de Paris au garde des
Sceaux est sans appel : « Les établissements
fermés sont des
échecs et des dépotoirs. L’action
éducative pour les jeunes nécessite
plus de temps, des zones de
liberté, elle n’est pas conciliable
avec le milieu fermé » [2]
Le maton et l’éducateur : main dans la main ?
Les éducateurs de la PJJ (protection
judiciaire de la jeunesse) qui
ont dû se battre pour sortir des
prisons, refusent de jouer le jeu
dangereux qu’on veut à nouveau
leur assigner dans les EPM : celui
d’encadrer le jeune aux côtés d’un
maton pour occuper son temps
d’enfermement, divisé en activités
socio-culturelles, études et sport.
Pour les éducateurs, on ne peut
pas faire d’éducatif en prison, on
ne peut que contraindre les jeunes
à plier au cadre. Un mur d’enceinte
de 6 mètres de haut et un
mitard (quartier disciplinaire d’isolement)
rappellera aux réfractaires
qu’ils doivent se soumettre à cette
curieuse conception de l’« éducation ».
Il n’est donc pas étonnant
que l’administration pénitentiaire
ait toutes les peines du monde à
recruter des éducateurs pour leurs
EPM.
Budget raréfié pour l’éducatif (1
éducateur pour 6 jeunes en prison,
1 pour 25 à l’extérieur [3]), fermeture
de centres d’hébergement
éducatifs pour les mineurs en
danger gérés par la PJJ, prise en
charge des jeunes sur le mode de
l’incarcération et des poursuites
systématiques, tolérance zéro …
Un progrès les EPM ?
Incontestablement, non. Un outil
supplémentaire d’exécution de la
justice de classe [4], ni plus, ni
moins.
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